Minet, le chat roux, sommeillait sous un buisson couleur lavande.
Il faisait très chaud. Il avait les yeux entrouverts, juste assez pour surveiller un bourdon et s'assurer qu'il ne vienne pas se poser sur sa queue sans cesse en mouvement. Paula, la grande sœur de Jacques, s'était installée dans le pommier avec un nouveau livre. Jacques était allongé par terre, sur le ventre. Il essayait de détourner une colonie de fourmis en marche vers sa fourmilière. Il avait chaud et quelque chose le tracassait.
Son problème s'appelait Alexis, lacques avait peur de passer devant la maison d'Alexis en rentrant de l'école. Alexis attendait le passage de lacques, il surgissait de derrière le muret en lui faisant peur et en le traitant de tous les noms, lacques en avait assez. Il avait dit qu'il n'irait plus à l'école, un point c'est tout. Pourtant, il aimait beaucoup apprendre de nouvelles choses avec ses amis. Il ne savait plus quoi faire.
Comme les fourmis refusaient obstinément de prendre une autre route, Jacques monta dans l'arbre pour aller s'asseoir à côté de sa sœur. Il lui dit tout en vrac. Paula l'écouta puis quand Jacques eut terminé ses lamentations, elle lui dit qu'elle avait une histoire à lui raconter.
« Quand Minet n'était encore qu'un chaton et qu'il a été prêt à aller se promener dans l'herbe pour la première fois, j'ai eu envie de lui jouer un tour, expliqua-t-elle. Alors j'ai pris un vieil arrosoir tout rouillé et j'ai versé quelques gouttes d'eau froide sur sa tête.
« Minet n'avait jamais vu d'arrosoir et il n'avait jamais senti de gouttes d'eau froide sur son corps. Depuis qu'il était né, il n'avait rien connu d'auture que de l'affection. Alors qu'est-ce qu'il a fait ? Il a regardé l'arrosoir, s'est couché sur le dos en ronronnant et a attendu qu'on lui gtatte le ventre. Pour lui, les gouttes d'eau n'étaient pas froides. L'arrosage ne lui a pas fait peur. Il n'avait pas peur parce qu'il ne savait pas ce qu'était le peur. Minet ne pouvait pas imaginer quelque chose qui ne soit pas gentil.
« Tu vois, Jacques, cette histoire c'est comme Alexis et toi, poursuivit Paula. Dieu vous aime autant tous les deux, parce que vous êtes Ses enfants. Il vous a créés tous les deux pleins d'amour, sans aucune pensée méchante ou effrayante. Dieu répand Son amour sur vous, sans arrêt. Puisque Dieu est partout, Son amour est partout. »
Jacques pensa à Dieu qui les aimait tous les deux, lui et Alexis. Il pensa à l'arrosoir qui arrosait d'amour tous les enfants de Dieu. Il promit à Paula qu'il irait à l'école le lendemain, même s'il tremblait un peu à cette idée. Dieu ne l'avait jamais laissé tomber. Il penserait à Alexis et à lui, tout « trempés » d'amour.
Le lendemain, il passa devant la maison d'Alexis. Mais au lieu d'avoir peur, il savait que Dieu était partout et que seulement des pensées aimantes pouvaient sortir de derrière le muret d'Alexis. En levant les yeux, il vit Alexis assis sur le muret, à côté de son chien, Gribouille. Alexis appela Jacques et lui demanda s'il voulait venir jouer avec lui, au bord de la mare. Il avait un nouveau bateau, lacques était surpris parce que Alexis était complètement différent: très gentil, avec un grand sourire. Jacques était heureux et il répondit à Alexis: « Allez, on y va ! »
Ils partirent en courant, suivi par Gribouille. C'était comme s'ils avaient toujours été les meilleurs amis du monde.
 
    
