C’étaient les années soixante, et la guerre du Vietnam faisait rage. Comme un grand nombre de personnes de ma génération, j’étais opposée à la guerre et souhaitais beaucoup contribuer à y mettre fin. Je priais au sujet de ce conflit, mais j’avais de la peine à croire que les prières d’une seule personne pouvaient avoir un impact réel sur un problème aussi gigantesque.
Et puis le sujet a été abordé dans ma classe, à l’école du dimanche de la Science Chrétienne. Nous avons demandé à notre monitrice si les prières d’une seule personne pouvaient réellement avoir un effet sur des questions internationales urgentes, notamment celles qui, comme la guerre, avaient meurtri l’humanité tout au long de son histoire. Notre monitrice nous a assuré que c’était possible et nous a donné des devoirs à faire pour cette semaine-là qui consistaient à stopper une guerre.
Je n’avais jamais rien entendu d’aussi extravagant. Comment une personne insignifiante comme moi, une simple étudiante, pouvait arrêter une guerre ? J’étais loin d’être une extrémiste, mais je soutenais le mouvement pacifiste depuis quelque temps, et cette activité m’avait convaincue d’une chose : Terminer une guerre était un processus long et compliqué.
Cependant, j’ai puisé beaucoup d’inspiration dans un passage tiré du « Sermon de la consécration » de l’Edifice original de L’Eglise Mère écrit par Mary Baker Eddy en 1895 et que notre monitrice nous avait lu : « Un homme n’est-il pas métaphysiquement et mathématiquement le chiffre un, une unité, et par conséquent, un nombre entier, gouverné et protégé par son divin Principe, Dieu ? Il vous faut simplement conserver un sens positif et scientifique d’unité avec votre source divine et le démontrer chaque jour. Alors vous constaterez qu’un seul constitue un facteur aussi important que des millions lorsqu’il s’agit de l’être et de l’action justes permettant de démontrer le Principe divin... Chacun des petits du Christ reflète l’infini Un et, par conséquent, la déclaration du prophète est vraie, savoir qu’un seul du côté de Dieu constitue une majorité. » (Pulpit and Press [La chaire et la presse], p. 4)
Avec Dieu, il n’y a ni plusieurs côtés ni divisions. Il y a seulement Dieu, l’infini Un.
Qu’est-ce que cela signifiait d’être « du côté de Dieu » ? me suis-je demandé. Mary Baker Eddy a expliqué que cela consistait à comprendre son unité avec Dieu. Il était évident à mes yeux que si nous avions tous été créés par Dieu, je devais également comprendre le lien qui L’unissait à chacun de nous. Cela voulait dire ne pas être entraînée à croire qu’il y a deux côtés dans tout conflit, mais affirmer avec fermeté qu’il n’y a qu’un seul côté, celui de Dieu, et savoir que chaque personne concernée est de ce côté-là, avec Lui. Cela voulait dire refuser de voir une création divine fracturée, divisée ou en guerre, mais voir au contraire que chacun de Ses enfants, chacun de nous, est l’expression individualisée du Un divin, parfaite, complète, demeurant pour toujours dans l’unité.
Avec Dieu, il n’y a ni plusieurs côtés ni divisions. Il y a seulement Dieu, l’infini Un. Alors ne faire qu’un avec Dieu, voir l’unité de Dieu et harmoniser nos pensées et notre vie avec cette unité, permet d’obtenir non pas seulement une majorité, mais l’unanimité.
Il me paraît aussi important de noter que Mary Baker Eddy nous dit non seulement de « conserver un sens positif et scientifique d’unité » avec Dieu, mais aussi de « démontrer » cette unité chaque jour. Il faut à la fois prier et mettre en pratique en guérissant si nous souhaitons être aussi importants que « des millions lorsqu’il s’agit de l’être et de l’action justes ». Si nous faisons les deux, Mary Baker Eddy nous promet que nous réussirons. J’ai trouvé ces idées extraordinairement puissantes et j’étais impatiente de les mettre en pratique. D’ailleurs, je n’ai pas eu à attendre longtemps avant que trois occasions se présentent.
La première est survenue le lundi matin, lorsque je suis montée dans un bus new-yorkais bondé qui m’emmenait à la faculté. Il y avait plus de monde que d’habitude dans ce bus, et l’ambiance était électrique. Il y avait tout juste assez de place pour tous les passagers. On se poussait, on se bousculait, si bien que tout le monde était un peu énervé.
Au lieu de me laisser prendre par l’aspect désagréable de la situation et de m’irriter contre les gens qui me donnaient des coups de coude, je me suis souvenue de ce qu’on m’avait demandé de faire à l’école du dimanche, et j’ai décidé que j’allais « stopper une guerre » en cet instant précis. J’ai résolu d’aimer toutes les personnes présentes dans le bus. J’ai laissé mon cœur se remplir d’amour et j’ai vu qu’il y avait de la place pour chacun, puisque l’amour dont Dieu entourait Sa création est infini, sans limites. Il y avait assez de grâce pour chacun.
Ce n’était pas un exercice intellectuel. J’ai vraiment ressenti un amour sincère pour chaque personne présente dans ce bus. Immédiatement, tout le monde s’est calmé et il y a soudain eu assez de place pour chacun. Il y avait assez de grâce pour nous tous. L’ambiance a changé du tout au tout, et le reste du trajet s’est parfaitement bien passé.
Ce fut là pour moi une leçon extrêmement instructive sur l’importance de ne pas réagir, de ne pas me laisser aller à un comportement agressif ni d’accepter la suggestion que la création divine pouvait ne pas être enveloppée de Son amour ni l’exprimer. Ce fut un aperçu de ce que signifie pratiquer l’amour chrétien, être l’expression de l’Amour divin, Dieu, dont la présence fut suffisamment puissante pour transformer l’ambiance dans le bus.
Peu de temps après cet incident, j’ai eu une deuxième occasion de « stopper une guerre », de voir et de démontrer l’unité de l’homme avec Dieu. Les étudiants et les professeurs de ma faculté étaient en désaccord sur un certain nombre de questions, et j’avais été invitée à participer à une assemblée destinée à trouver un moyen de résoudre nos divergences d’opinions. Il est devenu très vite évident pendant la réunion qu’aucune des personnes présentes ne souhaitait sincèrement se réconcilier, et la conversation a tourné à la confrontation.
Une fois de plus je me suis mise à prier, et je me suis rendu compte que je ne pouvais pas être du côté de Dieu tout en prenant parti. Il me fallait abandonner mes opinions personnelles pour confier toute la situation à Dieu. Je devais reconnaître que Dieu est le seul Entendement, et qu’Il était donc l’Entendement de chacun de nous, les étudiants comme les professeurs. Cela voulait dire que nous étions unis en tant qu’expression de l’Entendement divin, qu’enfants de Dieu, que frères et sœurs.
Alors que je priais ainsi, il s’est passé une chose incroyable. Tout à coup, après qu’un point de désaccord eut été soulevé, une toute nouvelle solution a été proposée, et il a vite été décidé qu’elle convenait à tout le monde. Et il s’est passé la même chose pour une autre question. Et ainsi de suite. Bientôt, chaque différend qui nous divisait a été résolu, et la réunion a été levée. Cela tenait presque du miracle.
J’ai compris ce jour-là que pour « stopper une guerre », il était fondamental que je sois prête à renoncer à mes propres opinions. Etre vraiment du côté de Dieu, cela signifiait abandonner toute idée préconçue sur la façon dont un conflit devait se résoudre pour se concentrer sur la totalité de Dieu qui inclut chacun. Dieu a le pouvoir de résoudre tout conflit, et reconnaître le pouvoir infini de l’Amour, être son expression et laisser l’Amour faire son travail, c’est la meilleure contribution que je puisse apporter.
Peu de temps après avoir vécu cette expérience forte, j’ai eu une troisième occasion de stopper une guerre, qui s’avéra encore plus spectaculaire. Je m’étais rendue à Central Park, un grand parc de New York, pour participer à une manifestation contre la guerre du Vietnam. Une importante foule de gens s’étaient rassemblés et ce fut donc assez inquiétant de voir arriver une phalange d’officiers de police à cheval. C’était une époque où les manifestations pacifistes ne se terminaient pas toujours dans le calme.
Comprendre qu’il n’y a qu’un seul Entendement contribue à l’unité sur le plan humain.
Je me suis tournée vers Dieu et j’ai prié. Cette fois-ci, il fallait non seulement que je renonce à l’idée que j’avais pris parti dans ce conflit, mais je devais aussi cesser de m’identifier à un membre de la « peace generation ». Ce n’était pas facile, car une grande partie de mon identité à l’époque était liée au mouvement pacifiste. Or, j’ai réalisé que je m’efforçais de procurer la paix d’une autre façon, et cela exigeait que je prenne conscience de mon identité réelle, mon identité spirituelle, qui est l’expression individualisée de l’infini Un. Voilà qui j’étais vraiment. Et c’était également vrai pour toutes les autres personnes.
Dans Science et Santé avec la Clef des Ecritures, Mary Baker Eddy écrit : « Tout est Entendement infini et sa manifestation infinie, car Dieu est Tout-en-tout. » (p. 468) Nous tous, les enfants de Dieu, collectivement, nous sommes la manifestation infinie de l’Entendement infini, et cela veut dire qu’il n’y a pas de place pour quoi que ce soit qui Lui soit dissemblable. Cela ne signifie pas bien entendu que, d’un point de vue humain, nous ne pouvons pas avoir nos propres opinions ni nous exprimer de manière individuelle. Mais nous travaillons en harmonie les uns avec les autres et nous coexistons pacifiquement, dans la mesure où nous comprenons notre identité et notre unité réelles, parce que nous sommes tous la manifestation du même Entendement infini. Comprendre qu’il n’y a qu’un seul Entendement contribue à l’unité sur le plan humain. Et une seule personne peut parvenir à ce résultat en priant.
Alors comment la confrontation s’est-elle terminée ? La police a simplement fait demi-tour et est repartie. Les manifestants se sont alors dispersés. La manifestation n’a pas eu lieu.
La leçon que j’ai retirée de cette semaine consacrée à « stopper une guerre » fut profonde. J’ai eu un aperçu de l’efficacité de notre prière lorsque nous reconnaissons humblement le lien indestructible qui unit l’homme à Dieu et que nous nous efforçons de démontrer cette unité quotidiennement. Cela exige une discipline constante de la pensée, c’est-à-dire laisser à la porte de la prière les opinions, les hypothèses ou le sentiment d’avoir raison pour reconnaître la capacité qu’a Dieu, non l’homme, de résoudre toute discorde.
Ce n’est pas toujours facile, bien sûr. Toutefois, en m’efforçant de pratiquer cette approche, j’en suis venue à mieux comprendre le pouvoir qui sous-tend l’unité divine. Science et Santé en énumère les effets : « Un seul Dieu infini, le bien, unifie les hommes et les nations, constitue la fraternité des hommes, met fin aux guerres, accomplit ces paroles de l’Écriture : ‟Tu aimeras ton prochain comme toi-mêmeˮ, annihile l’idolâtrie païenne et chrétienne — tout ce qui est injuste dans les codes sociaux, civils, criminels, politiques et religieux — établit l’égalité des sexes, annule la malédiction qui pèse sur l’homme, et ne laisse rien subsister qui puisse pécher, souffrir, être puni ou détruit. » (p. 340)
Il peut paraître insurmontable quelquefois de voir ces résultats se refléter dans l’existence humaine, mais j’apprends continuellement qu’un seul du côté de Dieu constitue vraiment une majorité. Chacun de nous a la possibilité d’apporter une contribution puissante à la cessation des guerres, et à leur prévention, là où nous sommes. Nous pouvons tous procurer la paix.