La Bible contient deux remarquables exemples de résurrection d'entre les morts; ils méritent d'être commentés, car ils offrent des différences significatives.
Au chapitre onze, Jean rapporte que Jésus fit sortir Lazare du tombeau. Le corps de Lazare était resté quatre jours dans la tombe. Lorsqu'il sortit pour obéir au commandement péremptoire du Maître, il portait encore les bandes dont la pensée humaine avait lié le corps mortel et son visage était enveloppé d'un suaire. Le doute et l'incrédulité de son entourage avaient fait pleurer Jésus, car la fidèle Marie elle-même, quoique supérieure aux autres en spiritualité, n'avait pas réalisé la présence constante du Christ, puisqu'elle disait: « Seignuer, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort! »
Lazare, qui croyait devoir mourir, ses amis et sa famille qui le croyaient mort, n'étaient pas prêts à voir démontrer et prouver intégralement que la Vie réelle de l'homme, c'est Dieu. Aussi pour réveiller mentalement ceux qui avaient assisté à la mort et au rétablissement de Lazare, Jésus dit (Jean 11:44): « Déliez-le et laissez-le aller. »
Elle fut bien différente la résurrection du Maître, sa victoire sur la croyance à la mort. Son corps mortel, apparemment tué par la haine des humains, avait reposé trois jours dans la tombe. Une lourde pierre en fermait l'entrée, car l'entendement mortel pensait pouvoir arrêter ainsi l'œuvre du Maître et fermer la porte à l'Esprit. Pourtant quand Jésus fut prêt à sortir du tombeau, la grande pierre fut roulée sans aucun effort humain; et plus tard il montra aux disciples que son corps était le même qu'avant la crucifixion. A ceux qui doutaient encore, la marque des clous prouva que leur Maître était de nouveau avec eux. Dans le tombeau, deux anges avaient rassuré les femmes fidèles venues pour oindre avec des aromates le corps de Jésus; ils leur dirent que le Maître était ressuscité. Il était sorti de la tombe sans suaire ni linceul. Il en avait fini avec les vêtements funèbres dont on l'avait enveloppé.
Quand Lazare sortit de la tombe, les linges mortuaires étaient encore sur lui. Mais Jésus vainquit la mort; il devait bientôt prouver, par son ascension, que toute matérialité est irréelle et s'élever plus haut encore dans la gloire et la splendeur radieuse de l'éternelle Vie.
A la page 292 de Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy déclare: « La Vérité sera pour nous “la résurrection et la vie” seulement en tant qu'elle détruit toute erreur et la croyance que l'Entendement, la seule immortalité de l'homme, peut être entravé par le corps, et que la Vie peut être assujettie à la mort; » un peu plus loin elle ajoute: « Par sa résurrection et son ascension, Jésus montra qu'un homme mortel n'est pas réellement l'essence de l'homme parfait, et que cette mortalité matérielle irréelle disparaît en présence de la réalité. »
Pierre fut un de ceux qui se rendirent au sépulcre après la résurrection. Peu de jours avant, il avait par trois fois renié Jésus, prétendant ne point le connaître. J'aime à penser qu'entre son reniement et sa visite au sépulcre, il s'était fait chez Pierre un grand travail, une purification, une résurrection de la pensée. La pierre mentale du doute n'avait-elle pas été roulée loin de sa conscience, comme l'avait été la pierre du tombeau? Assurément le disciple, humble et repentant, perça du regard l'illusion de la mort pour voir la réalité de la Vie, de Dieu, démontrée par Jésus. Régénéré, moralement ressuscité, il suivit la voie du Christ, il put enseigner et guérir à l'instar du Maître.
Elle peut venir pour vous et pour moi la révélation de la vérité qui vint à Pierre. Peut-être avons-nous parfois, comme lui, renié le Christ; nous n'avons pas toujours mis au premier rang les choses les plus importantes, appliqué comme nous l'aurions dû notre compréhension de la Science Chrétienne. Mais le chemin d'Emmaüs s'ouvre toujours devant nous; et nous n'avons pas à le suivre seuls, car le Christ plein d'amour y marche avec nous, même si la route paraît longue. Quoique nous puissions être tentés, vous et moi, de renier le Christ, notre tendre Père ne reniera jamais Ses enfants qui viennent à Lui en toute humilité, désirant le bien. Dans la parabole de l'enfant prodigue, ce que le père dit au fils aîné représente une promesse que nous fait le Père céleste (Luc 15:31): « Mon enfant, tu es toujours avec moi et tout ce que j'ai est à toi. »
Quelle est donc la résurrection que tous doivent avoir une fois ou l'autre avant d'atteindre le vrai statut de la perfection? Mrs. Eddy l'explique en ces termes (Science et Santé, p. 593): « Résurrection. Spiritualisation de la pensée; une idée nouvelle et plus élevée de l'immortalité, ou existence spirituelle; croyance matérielle cédant à l'intelligence spirituelle. Remarquez qu'elle appuie chaque fois sur le spirituel. Pour parvenir à ce but élevé, il faut abandonner la croyance à un entendement mortel séparé de Dieu, réaliser qu'il existe un seul Entendement, Dieu, et savoir que toutes les pensées et les idées justes émanent de cet Entendement unique. La croyance matérielle aux maladies, au péché, à la mort doit céder à la compréhension spirituelle de Dieu comme étant la seule Vie; nous devons reconnaître que la beauté, l'amour et l'infini du bien appartiennent à nous tous dans notre statut véritable; que nous sommes les idées de Dieu, toujours complètes et parfaites.
Ce n'est pas un but inaccessible que Mrs. Eddy propose à ceux qui la suivent; au contraire, elle nous a montré comment on peut y parvenir. Mais pouvons-nous atteindre à la véritable résurrection si nous serrons contre nous le suaire et le linceul — si nous croyons qu'il faille passer par ce qu'on nomme la mort?
A la page 88 de Rétrospection et Introspection, nous trouvons ce message de notre bien-aimée Leader: « La signification spirituelle de ce commandement: “Ressuscitez les morts” est ce qui concerne le plus le genre humain. Elle implique une telle élévation de la compréhension qu'elle permet à la pensée de saisir la beauté vivante de l'Amour, sa nature pratique, ses énergies divines, ses qualités salutaires et vivifiantes,— voire même, son pouvoir de démontrer l'immortalité. » C'est le Christ ressuscité qui guérit, sauve, illumine. C'est lui, se manifestant par l'amour dans la conscience régénérée de tout disciple fidèle, qui révèle la lumière par quoi les pensées du genre humain s'élèveront finalement, par-dessus la tombe, jusque dans la Vie éternelle. Oui, Jésus était ressuscité! Débarrassé du linceul, il avait revêtu la gloire de la Vie éternelle; les flammes dévorantes de la haine ne l'atteignaient pas, les ténèbres de la tombe le laissaient indemne. Le sens humain de Jésus avait cédé au divin et le Christ ressuscité se manifestait.
Depuis que j'ai commencé d'écrire le présent article, une merveilleuse guérison s'est accomplie chez moi. Un certain problème persistait depuis longtemps, bien qu'on eût sérieusement travaillé pour le résoudre en Science Chrétienne. Tout à coup cette pensée me vint: Toi aussi, comme Pierre, tu as renié le Christ. Tu n'as pas bien employé ce que tu comprends de la Science Chrétienne. Au lieu de te tourner sans réserve vers Dieu, tu t'es cramponné au suaire et au linceul d'une pitié égotiste! Ayant réalisé cela, je renonçai davantage à moi-même et je fus guéri.
Vous pouvez avoir, vous aussi, une guérison de ce genre, quel que soit le problème qui prétend vous absorber. Souvenez-vous que le suaire et le linceul ne restent sur vous que dans la mesure où vous vous y cramponnez mentalement.
Comme Scientistes Chrétiens, nous travaillons pour vaincre les maux, le péché, l'inharmonie, la mort elle-même; mais les pensées paralysantes — le suaire et le linceul — font-elles entrer dans notre travail une suggestion de crainte ou de doute? Nous attendons-nous à ce que, guéris en Science Chrétienne, nos patients soient encore entravés par le matérialisme, liés par le penser mortel, esclaves du doute et des craintes? Commandons à notre frère de sortir, libre et sans entraves, laissant derrière lui les vêtements funèbres. Qu'il les mette de côté et qu'à la glorieuse lumière du Christ, nous voyions l'homme libéré de tous les liens, reflétant la splendeur de la perfection divine!
