Avant même de devenir champions olympiques, neuf rameurs, connus pour être ensemble ce « seul homme » dans un bateau, avaient dû s’efforcer de « dépasser leur ego pour le bien de l’ensemble du bateau ». Cette citation est tirée du livre intitulé Ils étaient un seul homme – l’histoire vraie de l’équipe d’aviron qui humilia Hitler de Daniel James Brown (p. 337). L’auteur met l’accent sur l’humilité qui a été nécessaire à ces athlètes pour remporter une victoire supérieure à ce qu’ils avaient d’abord cru possible. Il affirme qu’ « il n’y a pas d’autre sport qui exige et récompense autant l’abandon complet de soi que l’aviron » (p. 248).
L’humilité a été un facteur déterminant pour souder cette équipe de rameurs. Si la plupart d’entre nous ne recherchent pas une victoire olympique, il n’en reste pas moins que l’attitude consistant à faire abstraction de son ego est indissociablement liée à la réussite de toute entreprise digne de ce nom. Pourtant, on a souvent l’impression que c’est au contraire le fait de s’affirmer, de mettre en avant ses désirs et ses capacités, qui nous propulse au sommet. Mais ce sens personnel de soi lié à des compétences personnelles est fondé en fin de compte sur des limites. Nos capacités peuvent sembler fluctuer, disparaître puis revenir, parfois sans raison apparente. Aussi se fier à ses propres capacités, même si elles sont exceptionnelles, conduit finalement à l’échec.
La vie de Christ Jésus présente un modèle plus efficace. Jésus ne revendiqua pas un moi en dehors de Dieu ni des qualités personnelles, mais il déclara : « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert. » (Luc 22:27) Pourtant, la manifestation de son pouvoir de guérison reste inégalée dans l’histoire de l’humanité. En examinant son exemple, on comprend peu à peu que le fait de vivre avec humilité – en mettant de côté un sens limité ou matériel de soi – éclaire l’individualité véritable et complète, en tant qu’expression de Dieu, Esprit.
On peut penser qu’imiter l’exemple de Jésus est au-dessus de nos possibilités. Mais le maître Chrétien n’est pas venu pour faire étalage de pouvoirs qu’il était le seul à posséder. Il est venu démontrer la bonté et la totalité de Dieu pour tous les hommes et pour tous les temps. Il a montré ce qu’il est possible d’accomplir quand on comprend que Dieu est Amour – ce dont il a donné la preuve – et quelle est notre relation avec cet Amour.
Jésus dit : « Je ne puis rien faire de moi-même. » (Jean 5:30) Avec humilité, il a reconnu que son identité avait sa source en Dieu et en Dieu seul. Cela lui a permis de guérir les personnes atteintes de toutes sortes de maladies, y compris mortelles. Il a démontré que le succès ne repose pas sur le pouvoir personnel, mais sur le Christ, « la forme impersonnelle de la Vérité » (Mary Baker Eddy, Ecrits divers 1883-1896, p. 310).
Il en est de même pour nous. L’humilité qui amène la volonté humaine à céder à la Vérité divine n’est pas un exercice mental ; elle consiste à suivre l’exemple de Jésus et à laisser le Christ clarifier notre perception de qui nous sommes et du fait que nous sommes un avec Dieu. Ce Christ dans la conscience humaine renverse le sens matériel du moi afin que nous puissions voir du point de vue du sens spirituel. L’humilité du Christ nous rend capables d’admettre que nous sommes tous l’image de Dieu. Nous découvrons alors peu à peu que nous sommes purs, sains, bons et joyeux. Nous nous voyons et voyons les autres de manière plus spirituelle, et en retour ils nous voient de la même façon. Le chemin du Christ est fait d’humilité et d’une confiance qui ne fluctue pas, mais qui a la constance de l’Amour et de la Vérité divines.
A un moment où je me sentais écrasée sous le poids de mes responsabilités parentales et professionnelles, j’ai tout à coup ressenti de fortes douleurs qui m’ont clouée au lit. Au cours d’une journée de prière, j’ai lutté pour me débarrasser du préjugé selon lequel si ce n’était pas moi qui accomplissais toutes les tâches qui m’incombaient, celles-ci ne seraient pas faites correctement. Ce sens de l’ego devait disparaître. Des pensées semblables à celles du Christ m’ont incitée à écouter tranquillement Dieu, et je me suis ainsi rendu compte que je pouvais cesser de me sentir responsable de ma vie et accepter ce que l’Amour était en train d’accomplir. Cette humilité s’est accompagnée de la disparition de la douleur. J’ai rejoint ma famille, non en tant que responsable, mais plutôt en tant que servante, comme si j’étais assise aux pieds de Jésus, écoutant avec humilité.
Abandonner l’ego humain au profit de notre identité et de nos capacités spirituelles permet de voir la vérité de ce que Mary Baker Eddy, la fondatrice de la Science Chrétienne, écrit dans son ouvrage fondamental, Science et Santé avec la Clef des Ecritures : « L’homme est l’expression de l’être de Dieu. » (p. 470) Comme nous sommes l’expression de Dieu, l’Entendement divin, les impératifs et la pression font place à la paix et à la clarté de pensée. Comme nous sommes l’expression de Dieu, l’Ame, un sens de fardeau et les fausses responsabilités font place à la bonne volonté et à la joie. Grâce à l’humilité, nous voyons que notre vrai moi est l’expression de Dieu, complètement détaché d’une vision limitée et mortelle. Ces qualités ne sont pas des traits de caractère personnels entachés de défauts ; elles proviennent d’une source infinie et constituent notre être. Au fur et à mesure que nous reconnaissons que ce sens véritable est à la base de notre vie, et que nous l’acceptons, nous trouvons la guérison et la liberté.
On ne saurait vouloir plus grande victoire. Comme Paul l’écrit aux chrétiens de Corinthe : « Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes ; c’est Jésus-Christ le Seigneur que nous prêchons, et nous nous disons vos serviteurs à cause de Jésus. [...] Que cette grande puissance soit attribuée à Dieu, et non pas à nous. » (II Corinthiens 4:5, 7) Grâce à l’humilité, nous percevons que notre nature est d’origine divine, qu’elle est maintenue par Dieu, et qu’il en va de même pour tous.
Larissa Snorek
Rédactrice adjointe
