Dans la préface de Science et Santé avec la Clef des Ecritures, qui expose la Science divine de la guérison-Entendement que Jésus pratiquait, Mary Baker Eddy écrit : « Il appartient aux siècles à venir de proclamer ce qu’aura accompli le pionnier. » (p. vii) Cette collection d’articles hors-série aborde la façon dont la vie et les idées de cette femme hors du commun ont montré le chemin, et continuent de le faire, pour atteindre au progrès individuel et collectif qui mène vers l’Esprit.
« L’heure des penseurs a sonné. » Ce n’est certes pas une citation à laquelle on s’attendrait dans un manuel religieux écrit par une femme il y a plus d’un siècle, à une époque où les femmes avaient rarement droit à une tribune publique. Mais Mary Baker Eddy ne correspond pas exactement à la figure traditionnelle propre à l’histoire du christianisme. J’ai su que je ne serais plus jamais le même après avoir lu son ouvrage fondamental, Science et Santé avec la Clef des Ecritures.
La réalité que j’avais façonnée devant moi était en lambeaux ; les vents rénovateurs de Dieu ont fait basculer mon existence d’athée vers celle de scientiste chrétien. Je croyais désormais à la totalité de Dieu en tant qu’Entendement, Esprit et Vérité. Aussi choquants qu’aient été ces changements pour mes amis et ma famille, c’est davantage l’évolution de mes valeurs esthétiques qui m’a surpris. Je n’aurais jamais pensé qu’elles changent aussi radicalement que mes valeurs morales et spirituelles.
En tant qu’artiste peintre réaliste (un style basé sur l’observation et la représentation précises et détaillées de la nature), je m’intéressais moins à la nature subjective de la beauté ; il m’était plus facile de débattre de « ce qui est beau » et des aspects intangibles de la beauté en me consacrant au perfectionnement de la technique. A mes yeux, la beauté se résumait à ma capacité de créer l’illusion optique du volume et de la profondeur, à faire en sorte qu’un dessin en deux dimensions paraisse tridimensionnel.
Lorsque je suis tombé sur cet énoncé de Mary Baker Eddy : « Le secret de la beauté, c’est avoir moins d’illusion et plus d’Ame [...] » (Science et Santé, p. 247), tout a changé. Cela faisait plusieurs années que j’étudiais par moi-même Science et Santé et la Leçon biblique hebdomadaire indiquée dans le Livret trimestriel de la Science Chrétienne. J’apprenais principalement à connaître ma relation à Dieu et j’avais obtenu des guérisons physiques. C’est pourquoi le fait de trouver une leçon d’art énoncée noir sur blanc sur la page m’a stupéfié.
Je l’ignorais à l’époque, mais j’avais trouvé en Science et Santé un partenaire dans mon cheminement non seulement spirituel, mais aussi artistique. Ce que j’y lisais m’aidait à comprendre que la beauté ne découle pas de la technique, mais de la conscience du fait que les idées créatrices émanent de Dieu, l’Entendement divin. Le résultat s’est fait sentir : j’ai renoncé à un point de vue personnel limité pour entrevoir l’étendue de Dieu en tant que source de tout ce qui est bon et beau.
Si l’intention première de Mary Baker Eddy n’était pas de théoriser sur l’art, ce qui est certain, c’est qu’elle a toujours mis l’accent sur une vue globale du christianisme, sur la nécessité de dépasser les illusions d’un monde matériel pour comprendre notre harmonie spirituelle avec Dieu, Esprit, Ame.
Le passage suivant me parle de l’expérience de la vie et du cheminement artistique : « Bien que nos premières leçons soient changées, modifiées, élargies, cependant leur noyau est constamment renouvelé ; de même que la loi de l’accord demeure inchangée, soit que nous ayons affaire à un simple exercice de Latour ou à la vaste Trilogie de Wagner. » (Mary Baker Eddy, Rétrospection et Introspection, p. 81) Cela nous rappelle que tout progrès véritable en art comme dans la vie procède d’un noyau central et d’un fondement, et qu’il est en fin de compte le résultat d’une découverte et d’une croissance spirituelles.
La Science Chrétienne est un christianisme pratique, pas seulement une religion théorique. Par conséquent, le Dieu-principe qui est à sa base – « Le secret de la beauté, c’est avoir moins d’illusion et plus d’Ame » – m’a toujours permis d’obtenir des résultats tangibles et positifs ; et peu importe si je l’ai appliqué à l’enseignement en primaire, au lycée ou à l’université.
Par exemple, dans les cours de dessin d’après nature pour les étudiants débutants – et parfois même pour les étudiants confirmés – il n’est pas rare que des élèves se laissent absorber par les détails et la technique au point d’oublier la vue d’ensemble, c’est-à-dire le mouvement, le caractère et la profondeur de l’œuvre. Lorsque c’est le cas, l’image est déformée, l’élève se sent frustré, et j’interviens généralement de deux manières. Parfois, je donne un exemple en expliquant : « Il faut moins d’illusion (de technique, de détails) et plus d’âme » (« l’âme » signifiant alors l’inspiration). D’autres fois, en fonction de la personne, je veux dire Ame, au sens de Dieu.
Lorsque j’ai souligné ce point, les élèves ont presque toujours eu un déclic immédiat et ils ont mieux saisi ce qu’il était nécessaire de travailler tant pour le dessin concerné que pour leurs futurs dessins. Les enseignants attendent ces moments d’apprentissage et de découverte sans effort. J’ai toujours attribué ces moments de véritable éducation à une meilleure compréhension de Dieu de ma part, en sachant qu’il n’y a qu’un seul Entendement, et aucun autre – Entendement grâce auquel mes élèves et moi pouvons reconnaître ce qui est beau, vrai et bon.
Voici un autre exemple montrant comment j’ai utilisé des passages de Science et Santé pour expliquer un aspect fondamental de la peinture : un jour où j’enseignais l’importance pour l’élève de savoir ce qu’il essaie de dire avant de se mettre à peindre, j’ai vu que mes explications n’avaient guère d’effet sur la classe, car ils étaient impatients de commencer à peindre. Je me suis alors souvenu de ce passage dans la Leçon biblique de la semaine : « Lorsque nos conclusions sur l’homme sont tirées de l'imperfection et non de la perfection, nous ne pouvons pas plus arriver à la vraie conception ou compréhension de l’homme et nous identifier à cette conception, que le sculpteur ne peut perfectionner son ébauche en partant d’un modèle imparfait, ou que le peintre ne peut représenter la forme et le visage de Jésus en ayant dans la pensée le caractère de Judas. » (Science et Santé, p. 259)
J’ai cité cette dernière partie à la classe : « [Vous ne pouvez pas] représenter la forme et le visage de Jésus en ayant dans la pensée le caractère de Judas. » Cela a capté l’attention de tous. Il y a eu un « Ah ! » collectif, suivi d’une compréhension immédiate. C’est devenu ma méthode préférée dans ma carrière d’enseignant.
Bien sûr, toutes mes leçons spirituelles artistiques n’ont pas eu lieu dans une salle de classe. Celle que je n’oublierai jamais, et qui a marqué le début de ma vie de scientiste chrétien, remonte à l’époque où j’étais étudiant. Je me trouvais dans un train de nuit, au départ de Paris à destination de Florence, dans le cadre d’un programme d’art. Six mois plus tôt, un médecin m’avait dit que je souffrais de multiples allergies (dont beaucoup étaient liées au matériel artistique que j’utilisais) et qu’il me fallait envisager de mettre fin à ma carrière artistique, ou m’habituer à des souffrances insupportables. Refusant de tenir compte de son conseil, je me suis mis à lire Science et Santé, livre qui, selon la sœur de mon meilleur ami, me guérirait. J’ai été sensible à sa franchise et à sa gentillesse, et j’ai donc acheté un exemplaire pour le lire pendant mon voyage en train, mais plus par curiosité que dans l’espoir d’être guéri.
Vers la fin du premier chapitre, intitulé « La prière », j’ai lu ceci : « Devenez conscient un seul moment du fait que la Vie et l’intelligence sont purement spirituelles, qu’elles ne sont ni dans la matière ni matérielles, et alors le corps ne fera entendre aucune plainte. Si vous souffrez d’une croyance à la maladie, vous vous trouverez soudainement guéri. Le chagrin se transforme en joie lorsque le corps est gouverné par la Vie, la Vérité et l’Amour spirituels. » (Science et Santé, p. 14) A partir de ce moment, je n’ai plus jamais souffert d’allergies. J’étais libéré ! Libéré de la peur de la maladie, et libre de poursuivre une carrière artistique pendant de longues années enrichissantes.
Mary Baker Eddy a été mon mentor dans ma vie de scientiste chrétien et d’artiste. Même si elle n’était pas peintre, ses écrits susciteront toujours en moi d’incroyables images de la vraie beauté.
