Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, en juin 2021, 82,4 millions de personnes ont été déplacées de force, soit hors de leur pays d’origine en tant que réfugiés, soit à l’intérieur des frontières de leur pays (unhcr.org/fr/apercu-statistique.html).
Ces chiffres sont devenus une préoccupation croissante ici, sur le pas même de ma porte. Au cours des dernières semaines et des derniers mois, des personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays ou je vis, l’Ethiopie, en raison d’une guerre civile qui s’est intensifiée. Certains traversent les frontières vers les pays voisins. J’ai été profondément affligée par l’ampleur de ce problème et par ce que j’entendais aux informations et dans la communauté qui m’entoure.
Chaque fois que je suis confrontée à des nouvelles troublantes, je me tourne vers la prière. Mais quand un problème est si répandu, si colossal en apparence, comment prier efficacement ? Un jour, une réponse m’est venue haut et fort au travers de ces paroles qui concernent Dieu et qui sont tirées du cantique 136 de l’Hymnaire de la Science Chrétienne : « Tu guides mes pas désormais et me donnes la paix » (Violet Hay, texte et trad. ©CSBD). Dieu m’a donné cette réponse qui m’a aidée à prier non seulement au sujet de la façon dont je percevais la question des réfugiés, mais au sujet du problème plus large, qui se situe au niveau mondial.
Fait intéressant, quelques mois plus tôt, ces mêmes paroles m’avaient réconfortée lorsque je priais au sujet d’une profonde tristesse que je ressentais. J’avais passé quelques mois dans un endroit que j’aime profondément, entourée par la nature, parmi les montagnes, les rivières et les forêts, et j’étais confrontée au retour dans la ville animée et surpeuplée où je vis le reste de l’année. Je devrais attendre au moins un an avant de pouvoir y retourner, et j’aurais voulu rester là-bas. Ce va-et-vient était ma vie depuis plus de 20 ans. Je me demandais s’il y aurait un jour où je n’aurais plus à quitter ce sanctuaire dans les montagnes que j’appelle « mon coin de paradis », et où je n’aurais plus à subir cette tristesse cyclique.
Cette expérience ne saurait être comparée aux tribulations auxquelles beaucoup de personnes sont confrontées aujourd’hui, car lorsque je pars, je ne perds pas ma maison, mes biens ou mon gagne-pain. Malgré tout, je ressens un sentiment de perte. J’ai donc demandé à Dieu de me donner la paix et d’enlever la peur et l’incertitude de ce qui pourrait se produire durant l’année à venir, avant que je puisse y retourner.
Je voulais être guérie non seulement de la tristesse, mais aussi du mécontentement de vivre quelque part tout en voulant être ailleurs. J’ai déménagé plusieurs fois et j’ai vécu dans des endroits difficiles et inconfortables, ainsi que dans des endroits charmants et merveilleux. Partout où je me trouve, j’essaie d’en faire une pratique pour démontrer que « c’est, en effet, une grande source de gain que la piété avec le contentement. » (I Timothée 6:6) Mais il m’est arrivé parfois de me sentir loin d’avoir atteint cet objectif. Je désirais beaucoup me sentir paisible et non anxieuse, où que j’habite.
Alors que je priais, au sein de mon bosquet de trembles préféré, tôt le matin, des pensées-anges de Dieu ont afflué et ont commencé à élever ma conscience. J’ai vu que ce à quoi je faisais vraiment face n’était pas un mécontentement lié à un lieu géographique, mais une idée fausse, ou une incompréhension, concernant Dieu et ma relation avec mon Père-Mère. J’ai prié pour acquérir un concept plus spirituel de notre « demeure » et pour ressentir avec certitude que je ne pourrais jamais vraiment quitter mon coin de paradis en Dieu, où que j’aille dans ce vaste monde. Dieu n’est pas un être corporel ou physique mais l’Esprit divin, et Il ne peut jamais être situé « dans » un lieu. De plus, je suis la manifestation ou le reflet de l’Esprit, donc je suis spirituelle. Donc, je ne peux jamais être « en dehors » de l’Esprit. L’Esprit n’est pas limité à un lieu géographique. L’Esprit est partout parce que Dieu est omniprésent. Où que nous soyons, l’Esprit y est. Nous vivons dans et de l’Esprit.
Le psaume 139 dit : « Où irais-je loin de ton Esprit, et où fuirais-je loin de ta face ? Si je monte aux cieux, tu y es ; si je me couche au séjour des morts, t’y voilà. Si je prends les ailes de l’aurore, et que j’aille habiter à l’extrémité de la mer ; là aussi ta main me conduira, et ta droite me saisira. » (versets 7-10)
Il m’est apparu clairement que nous sommes inséparables de l’Esprit, comme un rayon de lumière l’est pour le soleil. Nous sommes toujours un avec Dieu, le bien. Comme si c’était un signal à ce moment-là, le soleil s’est levé au-dessus de la montagne et j’ai vu le plus beau rayon de lumière qui soit. Il était évident pour moi que je ne laissais pas le bien dans cet endroit que j’aimais, car le bien n’est pas personnel, ni confiné dans un certain lieu. Dieu est le bien, donc le bien est partout. Dieu, le bien, chemine avec moi, et je chemine avec Lui parce que nous sommes un. J’étais tellement reconnaissante de le savoir. Cela m’a conféré une paix profonde que j’ai emportée avec moi et sur laquelle je m’appuie depuis des mois.
Il s’est avéré que j’avais besoin d'entendre ces pensées-anges alors que nous retournions en Ethiopie. En même temps, je priais au sujet du nombre alarmant de personnes déplacées dans le monde, et notre famille a dû quitter sa maison en raison de l’aggravation de la guerre civile. Nous ne savions pas combien de temps nous serions absents ni ce qui se passerait pendant notre absence. Les choses étaient instables et il y avait une armée qui avançait sur la ville. Nous sommes partis vers un pays voisin, et nous y sommes restés deux mois, jusqu'à ce qu’il soit possible de revenir sans risque.
Pendant le temps que nous avons passé chez des amis, j’en ai appris davantage sur ce que cela signifie de ne jamais être hors de l’Esprit, en dehors de Dieu, le bien. Quand j'y repense maintenant, je vois que Dieu, l’Amour divin, a préparé un festin pour nous dans le désert, tout comme Il l’avait fait pour Moïse et les Israélites à l’époque biblique, et ce qui aurait pu être une période difficile, a été une période bénie pleine de preuves de la sollicitude et du réconfort de l’Esprit. Et, lorsque nous sommes rentrés chez nous, tout était en ordre et la ville était intacte malgré les terribles prédictions qui avaient été faites.
Cette expérience, bien qu’elle ne soit qu’un petit aperçu de ce à quoi les personnes déplacées et leurs familles peuvent être confrontées, me donne un plus grand désir de prier chaque jour pour tous les réfugiés, demandeurs d’asile et personnes déplacées, en Ethiopie et dans le monde, ceux qui ont perdu leur maison, leur famille et leurs moyens de subsistance. Je sais qu’ils habitent dans le même Esprit que moi. Je prie pour voir que tous sont inclus dans la protection et la sollicitude de cet Esprit divin, comme nous l’avons été ma famille et moi. Nous sommes chacun à l'endroit même où Dieu se trouve. Nous ne pouvons jamais quitter cet endroit – c’est notre foyer permanent, où l’on prend toujours soin de nous et où nous sommes toujours en sécurité.
Un message du livre d’Esaïe embrasse de façon merveilleuse le monde entier par cette promesse de délivrance que nous fait l’Amour divin : « Assemblez-vous et venez, approchez ensemble, réchappés des nations ! [...] Tournez-vous vers moi, et vous serez sauvés, vous tous qui êtes aux extrémités de la terre ! Car je suis Dieu, et il n’y en a point d’autre. » (Esaïe 45:20, 22).