La saison des récoltes donne lieu à remerciements dans de nombreuses cultures. Par exemple, Souccot, qui commémore les années que les Juifs passèrent dans le désert avant d’atteindre la Terre promise, célèbre la protection que Dieu leur accorda en ces temps difficiles. Croyants et non-croyants célèbrent également un jour annuel d’Actions de grâces dans de nombreux pays. La gratitude est toujours une qualité précieuse. Les expressions quotidiennes de gratitude apportent le sentiment apaisant et réconfortant de la grâce de l’Esprit, Dieu.
Cette année, durant cette période, on pardonnerait à beaucoup d’entre nous de poser des questions embarrassantes. Y-a-t-il vraiment matière à gratitude quand on considère les conflits qui agitent la planète ? Les craintes, les incertitudes, voire l’apathie ne nous persuadent-elles pas que nous n’avons guère de raisons d’être reconnaissants ?
En étudiant la Science Chrétienne, j’ai constaté que la Bible apporte systématiquement des réponses à notre désir ardent de réconfort. Le livre d’Esaïe nous rassure : « Si tu traverses les eaux, je serai avec toi ; et les fleuves, ils ne te submergeront point ; si tu marches dans le feu, tu ne te brûleras pas, et la flamme ne t’embrasera pas. » (Esaïe 43:2) Cette promesse de délivrance émanant de Dieu nous ouvre à la possibilité et à la présence d’un grand bien ; elle favorise la gratitude à l’égard de l’Amour divin pour sa capacité à sauver et à guérir. L’espérance accompagne ce sentiment de reconnaissance.
Christ Jésus savait pertinemment que son Père-Mère Dieu était plein de sollicitude à l’égard de chacun, ce qui lui permit plus d’une fois d’exprimer sa gratitude avant même la concrétisation de ses prières. Je pense, par exemple, à la multiplication des pains et des poissons ou à la résurrection de Lazare (voir Matthieu 14:15-21 et Jean 11:1-46).
Dans notre désir d’exprimer de la gratitude, nous pouvons prendre exemple sur le Maître chrétien. Ne cherchons pas seulement à être reconnaissants pour des choses, envers des personnes ou pour des événements qui nous concernent (même si c’est un bon début), mais voyons au-delà. Etre plein de reconnaissance parce que Dieu est Tout, qu’Il est le bien immuable et qu’Il nous dispense Ses bienfaits, cela favorise la guérison. Le fait de reconnaître, même pour de brefs instants, la présence et le pouvoir permanents de Dieu, ici même et maintenant, rend plus claires l’impuissance et la nature illusoire du mal. Notre identité spirituelle véritable, en tant que reflet ou image de Dieu – comme nous l’apprend la Bible – transparaît alors.
Il y a quelques années, alors que j’avais des problèmes liés à mon travail et à ma santé, avec notamment de vrais moments de panique, je n’éprouvais pas la moindre gratitude ! J’étais de plus en plus désespéré et je me sentais séparé de Dieu.
Je priais depuis quelques mois avec l’aide d’un praticien de la Science Chrétienne. A un moment donné, alors que j’étais particulièrement abattu, j’ai cru que ma vie ne serait plus jamais « normale ». Malgré tout, grâce aux prières sincères de ce cher praticien et à mon désir de me tourner sans cesse vers Dieu, j’en suis venu peu à peu à ressentir une gratitude sincère pour l’amour indéfectible de Dieu à mon égard.
Même dans les pires moments, je ressentais une profonde gratitude pour le fait que Dieu, la Vérité, était présent avec moi et qu’Il m’aimait. Pour ne plus ressasser ce qui n’allait pas, ni chercher à l’analyser, j’affirmais souvent : « Ce que la Vérité me communique remplit ma pensée. »
De plus en plus, je sentais qu’à chaque instant Dieu était déjà présent et que je ne faisais qu’un avec Lui, à ce moment même. A chaque instant, Il me communiquait exactement ce qu’il me fallait savoir, et j’étais en sécurité.
D’autre part, le fait de pouvoir remercier Dieu d’être ce qu’Il est m’apportait un immense soulagement. Je n’avais pas besoin de « m’accrocher » mentalement à Lui. Au contraire, le fait de Le remercier par avance pour la démonstration inévitable de cette guérison éclairait mon attente.
Fort de cette compréhension spirituelle, j’ai pu briser ce qui ressemblait à un cycle sans fin de peur et de symptômes. C’est ainsi que j’ai pu dire avec l’apôtre Paul : « Mais grâces soient rendues à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ ! » (Corinthiens 15:57)
A un moment, il m’a semblé juste d’engager ma carrière professionnelle dans une nouvelle voie. J’ai pu préparer mes collègues à poursuivre mon travail avant de les quitter en bons termes. Chaque problème a été entièrement résolu, et j’ai retrouvé un calme et une paix durables.
Comme je l’ai constaté, lorsque nous décidons vraiment de puiser des exemples de grâce dans notre quotidien, nous ne pouvons nous empêcher d’aimer encore plus notre Père-Mère plein de sollicitude. En reconnaissant même les plus petites preuves de la sollicitude divine qui nous entoure, nous comprenons mieux ce que nous révèle Mary Baker Eddy au sujet de l’Amour divin. Dans son livre fondamental, Science et Santé avec la Clef des Ecritures, elle écrit ceci : « La profondeur, l’étendue, la hauteur, la puissance, la majesté et la gloire de l’Amour infini remplissent tout l’espace. Que peut-il y avoir de plus ! » (p. 520) Ce sentiment accru de la puissante sollicitude de l’Amour nous amène tout naturellement à ressentir une profonde gratitude.
Le fait de pouvoir remercier Dieu d’être ce qu’Il est m’apportait un immense soulagement.
La gratitude n’est pas un sentiment vague et passif. Pour connaître la paix et la joie qui accompagnent la grâce que représente la gratitude, il faut l’exprimer activement. L’Ancien Testament évoque l’importance de la joie lors de la fête juive de Souccot qui célèbre la sollicitude de Dieu (voir Deutéronome 16:13-15), et l’auteur du premier livre des Chroniques mentionne le devoir qu’ont les prêtres qui célèbrent Dieu de « se présenter chaque matin et chaque soir, afin de louer et de célébrer l’Eternel » (23:30). C’est pour moi une invitation pressante à remercier Dieu de façon sincère et régulière dans mes prières, que ce soit chaque jour ou à chaque heure !
La « gratitude » est aussi un empressement à se montrer sensible à la bienveillance et à y répondre pareillement. Mary Baker Eddy l’exprime ainsi dans ses écrits : « Pour aimer, et pour être aimé, il faut faire du bien à son prochain. La condition indispensable pour être béni est de bénir les autres ; mais pour cela, il vous faut si bien vous connaître vous-même, vous laissant guider par Dieu, que vous ferez Sa volonté quand bien même vos perles seraient foulées aux pieds. » (Ecrits divers 1883-1896, p. 127) L’expression de la gratitude ne se limite donc pas à des moments de prière silencieuse ; elle doit se manifester dans la vie quotidienne par des actions concrètes et ne pas se contenter de rester de simples paroles de remerciement.
Chacun pourra se montrer reconnaissant à sa façon, que ce soit en travaillant pour l’église, en participant bénévolement à des œuvres de bienfaisance, en gardant les animaux domestiques d’un ami pour la journée ou en priant pour des personnes en difficulté. Notre gratitude puise sa récompense dans la paix et la joie que Dieu nous donne.
Avons-nous déjà fait preuve d’ingratitude ? N’est-ce pas simplement de la peur ou une croyance ignorante qui prétend que Dieu est incapable de répondre à nos besoins ? Exprimer de la gratitude envers Dieu face à de telles suggestions permet de surmonter le désespoir. Lorsque des personnes de la famille, des amis ou des collègues se montrent ingrats, nous pouvons chérir la gratitude comme une qualité spirituelle à laquelle tous ont librement et immédiatement accès. La gratitude est une faculté spirituelle qui nous est donnée par Dieu ; elle fait partie intégrante de notre conscience, car elle reflète l’amour de Dieu pour Ses enfants.
Je trouve très intéressant que le mot grec kharis, souvent traduit par « grâce » dans le Nouveau Testament, soit étroitement associé au mot eukharistia, c’est-à-dire « actions de grâces ». Paul avait une conscience aiguë de cette grâce que représente la gratitude. Il reconnaissait dans ses épîtres que le don de la grâce, accordé par Dieu, est suffisant pour répondre à tous les besoins et nous enrichir afin que nous ne manquions de rien. Il décrit notre relation au Christ dans son épître aux Colossiens : « Marchez en lui [Christ Jésus], étant enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi, d’après les instructions qui vous ont été données, et abondez en actions de grâces. » (2:7)
La gratitude n’est donc pas véritablement un choix ! C’est notre réponse naturelle à la bonté infaillible de Dieu ; elle reflète à travers nous la joie profonde de Dieu et de Son amour pour tous. Elle nous envahit, nous redonne inspiration et espoir quand nous en avons le plus besoin. Elle soutient notre attente et reconnaît que les promesses de Dieu sont accomplies. La gratitude est une amie fidèle.
