Corrie ten Boom et sa famille sont des héros de la résistance hollandaise durant la Seconde Guerre mondiale. Ils ont caché de nombreux Juifs et les ont aidés à fuir pour être en sécurité, jusqu’au jour où ils ont été arrêtés et envoyés dans un camp d’extermination. Seule Corrie a survécu. Elle a passé sa vie à voyager à travers le monde pour témoigner de son expérience où l’amour triomphe du mal.
Dans la maison des ten Boom, à Haarlem, aux Pays-Bas, on peut voir une couronne brodée très joliment encadrée. Au cours de ses conversations, Corrie la prenait dans ses mains ; elle montrait d’abord l’envers de la broderie où pendaient, dans un enchevêtrement désordonné, des centaines de fils colorés. Lorsqu’elle la retournait ensuite, la magnifique couronne brodée apparaissait. Corrie disait que nous considérons souvent notre vie du côté enchevêtré, alors que Dieu la voit comme une couronne parfaitement tissée. Elle invitait le public à considérer la vie de ce point de vue divin, semblable à Dieu. C’est grâce à ce point de vue que Corrie a finalement été capable de pardonner à l’homme qui avait dénoncé sa famille aux nazis.
Corrie nous invite à pardonner pour des faits terribles que la plupart d’entre nous ne connaîtrons jamais. Mais quelles que soient les circonstances humaines, il n’est pas toujours facile de pardonner à ceux qui nous ont fait du mal. Dans les enseignements de Christ Jésus, c’est peut-être le conseil qui nous coûte le plus. Jésus en illustra l’importance quand il déclara sur la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » (Luc 23:34)
Cet esprit d’amour chrétien, démontré par Jésus, a le pouvoir d’ouvrir nos cœurs à l’amour de Dieu, et nous transforme en nous amenant à ne plus éprouver de haine ou de rancune, mais à vouloir sincèrement le bien d’autrui, y compris de ceux qui nous ont fait du mal. En priant pour que nos ennemis ressentent l’amour de Dieu qui guérit, nous sommes nous-mêmes inclus dans cet amour. Lorsque le pouvoir de l’esprit du Christ déracine tout ressentiment dans notre cœur, nous n’en sommes plus prisonniers. Nous sommes libres d’aimer chez les autres et en nous la bonté qui vient de Dieu.
Ce Christ, ou influence divine, nous inspire et nous rend libres de révéler l’essence même de notre être. Nous découvrons qu’il s’agit là de notre vraie nature, semblable à Dieu. Le Christ nous montre notre perfection et notre plénitude d’enfant de Dieu, ce qui produit un changement de pensée grâce auquel le sentiment d’être une victime cède à la guérison et à la transformation. Par le Christ, nous comprenons notre plénitude spirituelle. Nous nous identifions davantage aux qualités de Dieu et prenons de la distance avec les événements humains ; nous voyons que nous n’avons jamais été brisés par les méfaits des autres.
Pendant presque sept ans, je n’ai pas adressé la parole à un membre de la famille, parce que je ne lui pardonnais pas son comportement agressif. Je me disais qu’en lui pardonnant, c’était comme si j’acceptais ou, du moins, je négligeais les mauvais traitements qu’il nous avait fait subir, à moi et à d’autres membres de la famille. Mais sous l’influence du Christ, j’ai petit à petit ressenti l’amour infini et l’intelligence universelle de Dieu, ce qui a finalement eu raison de ma rancune. J’ai compris qu’en ne pardonnant pas, je ne faisais du mal qu’à moi-même, non à cette personne.
C’est sur la base des enseignements de la Science Chrétienne que j’en suis arrivée à cette prise de conscience. La Science Chrétienne explique que nous pouvons cesser de nous polariser sur une vie humaine chaotique pour regarder les choses du point de vue de la perfection divine – la perfection de Dieu qui se reflète en chacun, car nous sommes les idées spirituelles bien-aimées de Dieu. Nous n’y parvenons pas par la volonté ou par un travail sur nous-mêmes, mais grâce au pouvoir du Christ qui brise la résistance et nous met à même de céder à la compréhension spirituelle de la vie et de l’amour. Nous voyons alors que notre vie est la couronne de l’Amour parfaitement tissée, et non un enchevêtrement de croyances erronées. J’ai maintenant des rapports étroits et affectueux avec le membre de ma famille que j’ai mentionné plus haut.
L’exigence du pardon est divine ; ce n’est pas tant un choix personnel qu’un élan inspiré par Dieu, qui réforme et transforme. La faculté de pardonner repose essentiellement sur le fait que la pensée humaine cède à l’action de l’amour de Dieu en nous, et non sur une impulsion ou un effort humain. Cela se produit quand nous séparons l’acte fautif de l’idée pure de Dieu, l’identité créée spirituellement de l’individu. Lorsque nous ressentons le pouvoir et la présence de l’amour de Dieu dans notre cœur, nous disposons d’un fondement solide pour voir au-delà du comportement des individus, et pour les aimer et leur pardonner naturellement.
En nous autorisant à ressentir l’amour impartial de Dieu à notre égard, nous ressentons aussi plus facilement le pouvoir et la présence de l’Amour divin. Si le mal qu’on nous a fait semble bien plus grand que la vérité spirituelle dont nous souhaitons nous imprégner, attachons-nous au désir de connaître l’amour plutôt que la rancune, la vérité plutôt que la tendance à réagir négativement. Lorsque, au lieu de nous accrocher à des pensées de rancune, nous ressentons la plénitude et la perfection divines, celles-ci affaiblissent le désir de vengeance jusqu’à ce qu’il disparaisse finalement, grâce à l’amour qui guérit et au pardon.
A mesure que l’amour de Dieu grandit dans notre conscience, et que nous ressentons sa présence, tout sentiment d’avoir un jour été une victime est éliminé. Les fils enchevêtrés sont remplacés par la magnifique couronne de la bénédiction de Dieu.
L’amour que Dieu nous porte ne change jamais. Quand nous ressentons cet amour dans nos cœurs, nous ne pouvons faire autrement qu’aimer et pardonner.
Larissa Snorek
Rédactrice adjointe
