J’habite dans une ville des Etats-Unis proche de la frontière mexicaine, où l’immigration fait partie depuis longtemps de la vie quotidienne de la région. J’ai bénéficié d’un afflux d’affaires dû aux échanges internationaux, et j’ai développé des liens d’amitié avec des personnes venant d’autres pays. Mais j’ai aussi été attristé par les drames humains qui sont survenus, par les trafiquants de drogue qui survolent les pâturages à basse altitude dans des avions non identifiés, et par l’attention politique croissante et les divisions que la question de l’immigration a suscitées.
Cette question et d’autres problèmes mondiaux appellent des prières qui fassent la différence. La Science Chrétienne explique que tout ce que nous savons être vrai au sujet de Dieu et de Sa création à une échelle individuelle est également vrai de Dieu et de Sa création à une échelle mondiale. Ce n’est pas l’ampleur du problème mais la conception que l’on a de Dieu qui fait la différence.
Jusqu’à peu, je trouvais trop difficile de prier au sujet de la crise migratoire. Mais j’ai pris conscience de l’urgence de la situation lorsque la violence a coûté la vie à des personnes innocentes à El Paso, au Texas, dans les Etats-Unis, où j’ai aussi de la famille. Je savais qu’il me fallait prier au sujet de cette crise, mais par où commencer ? Si je partais du problème, j’allais être sans cesse accablée, mais si je m’appuyais sur Dieu, je pourrais avoir un appui.
Pour m’aider à voir ce que l’immigration signifie d’un point de vue mental et spirituel, je me suis tournée vers la Bible. En un sens, on peut voir dans la Bible la longue histoire de l’immigration d’un peuple mû par son désir de comprendre Dieu. Dans leur quête d’une terre d’accueil, les enfants d’Israël commencèrent par chercher un territoire physique. Des siècles plus tard, Christ Jésus révéla que la vraie « terre promise » par Dieu n’était pas un morceau de territoire, mais un concept céleste. Il déclara : « Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards. On ne dira point : Il est ici, ou : Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous. » (Luc 17:20, 21)
Dans Science et Santé avec la Clef des Ecritures, la fondatrice de ce magazine, Mary Baker Eddy, écrit : « De même que les enfants d’Israël furent guidés triomphalement à travers la mer Rouge, sombre flux et reflux de la crainte humaine – de même qu’ils furent conduits à travers le désert, traversant péniblement la grande solitude des espérances humaines, dans l’attente de la joie promise – ainsi l’idée spirituelle guidera tous les désirs justes dans leur passage du sens à l’Ame, du sens matériel de l’existence au spirituel, jusqu’à la gloire préparée pour ceux qui aiment Dieu. » (p. 566) C’est ce mouvement de la pensée, qui passe d’une conception matérielle de la vie, avec ses possibilités limitées, à la compréhension de Dieu, en tant que Vie, Ame ou Esprit infini, qui est essentiel lorsque nous prions tant pour les migrants que pour les citoyens d’un pays.
Les qualités qui constituent une belle vie – comme la paix, l’harmonie, la liberté, l’épanouissement et la bonté – se trouvent en Dieu, l’Ame divine. Tout le monde a un accès égal à Dieu, et par conséquent tout le monde a la même capacité à entrer dans la « terre promise » de la bonté parfaite de Dieu. Nul n’en est exclu. C’est un changement de pensée, non un changement de lieu, qui nous donne accès au royaume de Dieu.
D’un point de vue humain, certains lieux possèdent effectivement plus de ressources que d’autres. Mais d’un point de vue spirituel, il n’y a pas d’un côté des pauvres et de l’autre des nantis. Comprendre l’abondance et l’omniprésence de la bonté de Dieu aide à ouvrir la pensée aux idées spirituelles que l’on peut mettre en pratique pour répondre à tout besoin humain.
Après mes années d’université, j’ai travaillé dans un centre d’hébergement d’urgence pour adolescents en crise. De temps en temps, on nous confiait des adolescents issus de familles immigrées. Un soir, en arrivant à mon travail, j’ai vu qu’on nous avait amené une jeune fille venue du Mexique, le temps de retrouver des membres de sa famille. L’équipe essayait de la consoler depuis le début de la journée, mais elle ne parlait à personne et pleurait sans cesse. J’ai prié pour reconnaître que l’Amour divin était présent et qu’il répondait au besoin de réconfort de cette jeune fille. Un peu plus tard, alors que je faisais un dernier tour dans le dortoir des filles à l’heure du coucher, elle m’a fait signe de m’approcher et m’a demandé de prier avec elle. Elle connaissait la Prière du Seigneur, aussi avons-nous commencé à prier en espagnol, sa langue maternelle, le « Nuestro Padre... », c’est-à-dire « Notre Père... » (voir Matthieu 6:9). La prière était une reconnaissance du fait que son Parent céleste était présent et qu’Il transcendait les frontières et les langues en l’enveloppant dans l’Amour divin.
Elle a cessé de pleurer. La prière a joué un rôle décisif, permettant à cette jeune fille de se sentir heureuse et bienvenue au foyer. Nous avons ainsi prié chaque soir à l’heure du coucher, ce que les autres filles partageant le dortoir ont également apprécié.
Beaucoup sont souvent forcés d’émigrer à cause d’une oppression politique ou religieuse, mais Christ Jésus a enseigné que la Vérité divine apporte la liberté. Il a déclaré : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. » (Jean 8:31, 32) Jésus a vécu à une époque de persécutions politiques et religieuses, pourtant il était l’homme le plus libre du monde. Il a prouvé que ce ne sont pas les circonstances matérielles, mais la compréhension spirituelle de notre relation à Dieu qui apporte la liberté. Savoir que nous sommes en réalité les fils et les filles spirituels bien-aimés de Dieu, et que nous vivons sous Son gouvernement suprême et harmonieux, nous libère de l’oppression de conditions d’existence limitées. Jésus a enseigné que seul l’Amour divin nous fait entrer en « terre promise » et nous permet de nous sentir chez nous et de vivre libres où que nous nous trouvions.
En ce qui concerne les inquiétudes des pays d’accueil au sujet de la sécurité aux frontières, il est utile de se rappeler que Jésus a enseigné la nécessité d’être vigilant et de veiller à la qualité de ses pensées et de ses actes. Dans l’Evangile selon Jean, Jésus se compare à un berger se tenant à la porte de la bergerie, veillant sur son troupeau (voir Jean 10:1-15). La vigilance et la protection exercées par un bon berger empêchent les loups d’entrer dans la bergerie. Ce ne sont pas à des personnes, mais aux pensées semblables à celle des loups – la haine, la colère, le racisme et la discorde - qu’est refusée l’entrée dans le royaume de Dieu. En éliminant ces impostures qui pèsent sur nos pensées, nous pouvons discerner les intuitions-Christ qui nous avertissent du danger et assurent la sécurité de tous.
Science et Santé explique comment y parvenir : « Gardez la porte de la pensée », et : « ... fermez la porte à ces pensées et à ces craintes malsaines » (p. 392). Ce sont les pensées malsaines et les craintes qui conduisent à la haine et à la violence, mais la Bible nous assure que « l’amour parfait bannit la crainte » (I Jean 4:18). La crainte que ceux qui arrivent dans un pays puissent réduire les possibilités et la qualité de vie de ses habitants n’a plus lieu d’être quand on comprend l’économie de l’Amour divin, parfait. Chaque individu reçoit de Dieu tout ce dont il a besoin pour s’épanouir. Le bien donné à une personne ne diminue pas le bien d’une autre. Comme le bien est par essence spirituel, il est infini, et les voies par lesquelles Dieu le dispense sont infinies.
On ne peut déterminer d’avance les effets pratiques de la prière dans l’expérience humaine. Pour certains, ce sont des portes qui s’ouvrent vers une nouvelle vie dans un nouveau pays. Pour d’autres, c’est peut-être la découverte d’une nouvelle raison d’être, de nouvelles forces, d’une nouvelle sécurité aussi, là même où ils se trouvent.
Des convictions solidement ancrées concernant la meilleure façon d’apporter une réponse politique et sociale à la crise migratoire risquent d’avoir un effet clivant et de diviser les gens. Mais la prière qui recherche les solutions de Dieu ne soutient pas tel programme politique plutôt qu’un autre ; elle diminue la véhémence et favorise l’écoute ; elle permet à l’intelligence, et non aux émotions, de nous guider vers des solutions sages et équilibrées. Et la prière qui élève la pensée humaine pour l’amener de la crainte à l’amour est le pouvoir qui apportera la solution aux problèmes profonds forçant des personnes à quitter leur patrie. Nous pourrons ainsi connaître un monde de plus en plus gouverné par l’Amour et non par la peur.
La prière unit toute l’humanité sous le gouvernement d’un unique Père-Mère, l’Amour divin. Grâce à la prière, nous déclarons avec l’auteur de l’épître aux Ephésiens : « Vous n’êtes plus des étrangers, ni des gens du dehors ; mais vous êtes concitoyens des saints, gens de la maison de Dieu. » (2:19)
Elizabeth Schaefer
Invitée de la rédaction