Comme beaucoup d’autres, j’ai été ému par la récente vague de révélations émanant de personnes ayant subi des agressions sexuelles – en général des femmes, mais pas uniquement. Beaucoup s’exprimaient pour la première fois.
Ces révélations récentes ont vu le jour dans le cadre d’un débat politique aux enjeux importants. Comme d’autres observateurs dans le monde, je me suis intéressé aux implications concrètes et morales de ces événements. Cependant, j’ai été de plus en plus sensible à un sujet qui s’invitait discrètement dans les débats, à savoir l’acceptation générale selon laquelle une expérience traumatisante laisse des traces permanentes. Face à l’accumulation de ces révélations, j’ai clairement vu tout le bien que pourrait en tirer un grand nombre de personnes si cette seule hypothèse n’influait plus sur leur existence. Sachant, comme je l’ai appris en Science Chrétienne, qu’on peut s’affranchir des conséquences d’un passé dramatique, je désirais ardemment que d’autres connaissent cette libération.
Il ne s’agit pas de nier la continuité des problèmes que connaissent tant de personnes qui ont survécu à un traumatisme, notamment les victimes de différentes sortes de violence et d’actes terroristes, ainsi que les vétérans de l’armée. Beaucoup se sentent prisonniers de la colère, de l’anxiété et d’une honte imméritée sans voir aucune issue, mais certains ont trouvé le moyen de sortir de ce labyrinthe mental, grâce à une libération spirituelle qui ne dépend pas des pensées, des paroles ou des actes d’autrui. Cette libération dépend d’un fait spirituel établi pour toujours, à savoir la relation immuable que nous avons tous avec notre Créateur. La Science Chrétienne explique que ce Créateur est l’Entendement divin, et que notre véritable identité est la manifestation de cet Entendement. Là même où semble se manifester une crainte et une colère profondes, nous pouvons nous éveiller à cette identité, qui est consciente de la bonté éternelle de Dieu, comme le souligneMary Baker Eddy dans Science et Santé avec la Clef des Ecritures : « L’homme et son Créateur sont corrélatifs en Science divine, et la vraie conscience n’a connaissance que des choses de Dieu. » (p. 276)
A mesure que nous comprenons que notre vraie conscience est la connaissance de la bonté éternelle, nous voyons que les souvenirs temporels n’ont pas la possibilité de prendre racine dans cette pensée spirituelle. Jour après jour, nous pouvons mieux comprendre et démontrer que nous sommes le reflet de l’Entendement, ce qui a pour effet d’atténuer et finalement de réduire au silence les effets incessants des événements traumatisants.
Je l’ai vérifié récemment en écoutant le récit touchant d’une femme ayant souffert de violences sexuelles dans son enfance. Elle m’a raconté qu’elle avait refoulé ce souvenir pendant des décennies, jusqu’à ce qu’il refasse surface dans sa vie et la bouleverse. C’était si douloureux qu’elle en était devenue suicidaire. (Son agresseur n’était plus en vie, aussi ne pouvait-elle plus le mettre en face de ses actes.) Selon ses propres mots, elle avait connu « des hauts et des bas », et certains jours elle avait « souhaité ne plus jamais revoir le lever du soleil ».
Elle a recherché de l’aide auprès d’autres personnes, notamment des membres d’église, mais elle s’est sentie incomprise. Alors elle a cherché des réponses directement dans la Bible et dans Science et Santé, et ces livres ont répondu à son attente. « Le concept d’un Dieu aimant et l’idée d’être Son enfant protégée, ont été comme un baume pour moi, a-t-elle déclaré. Je lisais sans arrêt, et après bien des mois, les ténèbres se sont dissipées. Les larmes quotidiennes ont fait place à une prière quotidienne. J’en suis venue à comprendre que “Dieu est lumière, et qu’il n’y a point en lui de ténèbres” (Jean 1:5). »
Elle a compris que son véritable héritage d’enfant de Dieu était dans une union spirituelle avec cette lumière divine. A partir de là, elle a compris que son être était uniquement spirituel, et qu’il n’avait jamais été touché par les actes pervers d’une autre personne. En voyant que la pureté et l’innocence constituaient sa véritable histoire, elle a su qu’elle pouvait vivre dans cet esprit, ce qui l’a complètement et définitivement libérée de ces mauvais souvenirs et de son tourment mental.
Vingt-cinq ans plus tard, en repensant avec gratitude à cette guérison, elle a offert ce message à tous ceux qui souffrent des effets continuels d’un traumatisme passé : « L’espérance est là ; la lumière est là ; elles vous appartiennent librement maintenant même et pour toujours. Cette lumière est assez forte pour percer les ténèbres. »
Que dire de la personne responsable de cette histoire traumatisante ? Je pense que ce message spirituel, si important pour ceux qui ont survécu à ces actes, s’applique aussi à ceux qui les ont commis. Ils peuvent également parvenir à une compréhension de leur nature spirituelle et se libérer ainsi de leur passé. Cependant, il y a une grande différence entre le fait de commettre un crime et celui d’en être la victime, et cette différence détermine les conditions nécessaires pour se libérer de la culpabilité. Cela exige un réveil moral ; il faut ressentir – et, lorsque cela est approprié, exprimer – des remords sincères et un vrai repentir. Se réveiller et prendre conscience de l’erreur de ses mobiles et de ses actes, c’est une étape essentielle vers la rédemption. Les victimes, quant à elles, doivent s’éveiller au caractère « illégitime » des pensées qui les rendent responsables de ce qui leur est arrivé.
Le pouvoir qui permet cette transformation est identique dans les deux cas. C’est une compréhension de l’idée spirituelle démontrée par Christ Jésus – du fait que Dieu est le seul Entendement. Cette compréhension expose l’irréalité d’une nature mortelle pécheresse ou victime du péché, qui semble être formée et gouvernée matériellement par une mentalité limitée, que la Bible appelle entendement charnel. C’est dans cette mentalité mortelle, qui « n’est pas » notre entendement, que demeurent les souvenirs d’un passé douloureux ou immoral. La fausseté de ce sens matériel de soi a été exposée dans la mentalité très différente – la nature Christ – que nous exprimons tous, comme nous l’a montré Jésus par ses paroles et son œuvre de guérison. Son exemple nous permet de comprendre qu’en exprimant la pureté spirituelle de l’Entendement, pureté comprise et acceptée comme notre vraie nature, nous voyons se briser les chaînes d’un passé dramatique.
Nous n’avons pas tous été les victimes directes d’une agression, du terrorisme ou de la guerre, et la plupart d’entre nous ne vont pas jusqu’à commettre des actes illégaux. Mais des incidents mineurs liés à notre passé nous amènent parfois à entretenir un sentiment de vulnérabilité ou à éprouver des remords d’avoir agi de manière inconvenante. Chaque fois que nous surmontons le sentiment récurrent d’un passé négatif, en reconnaissant et en acceptant notre vraie pureté, qui est un reflet de Dieu, nous montrons le chemin de la liberté à ceux qui souffrent de souvenirs traumatisants. Et tous ceux qui prouvent que même les souvenirs les plus sombres peuvent céder à la liberté de savoir qui nous sommes en réalité, montrent à tous comment l’amour de Dieu peut toujours tourner définitivement la page.
Tony Lobl
Rédacteur adjoint
