Au temps du christianisme primitif, l’une des figures les plus spirituelles du mouvement naissant était assassinée par une foule en colère. Pendant quelque temps le mal sembla triompher du bien, donnant au monde une image diamétralement opposée au message du christianisme.
Pourtant, une parole mit en évidence ce message, là-même où le mal semblait prévaloir. Etienne « vivait » l’amour chrétien qu’il avait prêché. Ses dernières paroles, pleines d’une grâce infinie, furent une prière en faveur de ses persécuteurs, prière exprimée à voix haute afin qu’ils puissent l’entendre : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché ! » (Actes des apôtres 7:60)
L’amour guérisseur, dont la vie d’Etienne fut une illustration, ne disparut pas avec lui, mais il fut magnifié. Sa bonté invaincue par le mal eut un effet durable grâce à l’influence qu’elle exerça sur la vie de l’un des témoins du meurtre. Cet homme, Saul, l’un des persécuteurs les plus ardents des disciples de Jésus, fut par la suite transformé et devint l’apôtre Paul, lequel propagea avec bravoure le message du Christ dans des contrées lointaines. Ses paroles et ses actes demeurent une source d’inspiration et continuent de porter des fruits à ce jour.
On ne saurait dire précisément quel rôle le pardon d’Etienne joua dans cette transformation, mais les Ecritures nous apprennent que Paul suivit l’exemple d’Etienne, et l’amplifia même, en prenant position pour le bien face au mal. Après cette conversion spectaculaire, Paul connut de nombreuses situations difficiles (voir II Corinthiens 11:23-27). Il fit naufrage plusieurs fois, il fut injustement jeté en prison et il subit même la violence de la lapidation. Cependant, grâce à sa compréhension spirituelle ainsi qu’aux prières et à l’amour de ses compagnons chrétiens, le bien prévalut sur tous ces maux. Ayant de telles preuves à l’esprit, Paul déclara : « J’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur. » (Romains 8:38, 39)
Même au cœur des luttes humaines les plus déchirantes, nous pouvons, nous aussi, être persuadés de ne jamais être spirituellement séparés de l’Amour, ou Dieu, et acquérir une plus grande conviction du pouvoir de la bonté divine sur les maux que nous affrontons. Les enseignements de la Science Chrétienne nous incitent en particulier à reconnaître que la bonté de Dieu est non seulement « plus puissante » que le mal, mais également infinie par nature, ce qui, par conséquent, remet en question la prétention même de la réalité apparente du mal.
Certes, le mal semble douloureusement réel lorsqu’on entend parler d’un drame humainement irréversible, comme ce fut le cas quand les premiers chrétiens apprirent la lapidation d’Etienne. Mais nous avons toujours un choix : céder à l’attrait d’accepter le caractère définitif de l’événement, ou le considérer comme un récit matériel qui n’est qu’un feu de paille, comparé à la substance de la vie harmonieuse qu’il semble masquer.
Pour aller au fond des choses, on peut même contester fermement les conclusions de bon sens, mais spirituellement vaines, selon lesquelles le mal peut vraiment dépouiller quiconque, ne serait-ce qu’un instant, de son inséparabilité éternelle de la bonté de Dieu. C’est la pensée qui m’est venue lorsque j’ai appris le meurtre tragique d’une amie alors même qu’elle exerçait, de façon désintéressée, une activité utile aux autres. J’ai d’abord été choqué par ce qui était arrivé. Dieu, le bien, semblait avoir été absent au moment du drame. Mais, dans la solitude relative d’un vol transatlantique qui durait sept heures, j’ai prié avec ardeur pour contester l’évidence de la victoire du mal, en m’efforçant d’atteindre à la perception plus haute de Paul, à savoir l’idée-Christ de notre inséparabilité de l’Amour. De ce point de vue, il est clair que Dieu n’est jamais absent, ne serait-ce qu’un instant. Cela ne veut pas dire que Dieu est présent « dans » des circonstances injustes, ni même qu’Il les voit. Mais cela signifie qu’Il est bien présent « à la place » des situations qui suggèrent le contraire, y compris quand il s’agit de maladie, de péché ou de mort.
Lorsque j’ai entrevu cette vérité, une idée exposée dans Science et Santé avec la Clef des Ecritures de Mary Baker Eddy m’est venue à l’esprit. Comme Paul, Mary Baker Eddy a surmonté avec courage d’innombrables obstacles dressés contre ses efforts sincères pour « rétablir le christianisme primitif et son élément perdu de guérison » (Manuel de L’Eglise Mère, p. 17). C’est donc forte de ces preuves du pouvoir toujours présent de Dieu que la découvreuse de la Science Chrétienne a écrit : « Nous perdons la haute signification de l’omnipotence lorsque, après avoir admis que Dieu, le bien, est omniprésent et qu’Il possède tout pouvoir, nous croyons toujours qu’il existe une autre puissance nommée le mal. » (Science et Santé, p. 469)
En réfléchissant à cette idée, j’ai compris que le récit détaillé d’un drame est fondé sur la matière, sur le sens matériel d’un moment donné. Mais nous avons tous la possibilité de recourir au sens spirituel, c’est-à-dire à un point de vue divin intemporel qui ne perçoit de toute situation que ce que Dieu voit dans Sa création.
A mesure que mes pensées cédaient à ce sens divin, j’ai eu « l’assurance », pour reprendre le terme employé par Paul, qu’à aucun moment mon amie n’avait cessé d’être l’enfant spirituelle de Dieu, unie à Son amour infini et protégée par cet amour. En comprenant cette vérité, j’ai reconnu, avec un sentiment ô combien réconfortant, les qualités qui constituaient son identité divine unique, et j’ai été certain que ces qualités continuaient de s’exprimer, sans être affectées par le récit du mal contre le bien, qui prétendait troubler l’ordre infini de la création harmonieuse de Dieu. J’ai également reconnu le bien permanent de toutes les graines d’amour guérisseur qu’elle avait semées dans la vie des autres en exprimant humainement la bonté divine qu’elle reflétait. Et je me suis senti fermement résolu à témoigner de la nature irrépressible de la bonté mentionnée dans cet énoncé tiré d’Ecrits divers 1883-1896 de Mary Baker Eddy : « Dans la bataille de la vie, le bien devient plus actif et plus persistant en raison de la prétendue activité du mal. Les bousculades de la foule nous font prendre plus fermement position. » (p. 339)
En définitive, l’activité du mal est toujours « prétendue », parce que si elle était réelle, l’inséparabilité éternelle de Dieu discernée par Paul serait un mythe. Mais l’Amour ne s’arrête jamais, et la création de Dieu est éternellement unie à cet Amour toujours présent. Le sachant, nous pouvons affirmer la présence de tout bien que le mal prétendrait nous dérober, et l’amplifier en décidant de fonder plus fermement notre existence sur ces idées spirituelles.
Tony Lobl
Rédacteur adjoint
