Il y a peu, je parlais à une personne qui était très angoissée parce qu’elle avait appris que sa petite-fille avait subi des agressions sexuelles pendant plusieurs années. La famille avait prévenu les autorités, mais cela n’aidait en rien à les soulager de la vague d’émotions qui leur déchirait le cœur. Il leur était difficile de réfléchir calmement pour savoir comment aider l’enfant. La colère, la crainte, le dégoût, le sentiment de trahison et le chagrin gênaient leurs efforts pour aider l’enfant en ce moment de grande détresse.
L’une des difficultés, quand on veut aider quelqu’un dans ce genre de situation, c’est qu’il est généralement entendu que les mauvais traitements laissent des cicatrices à vie. Souvent, la personne concernée perd l’estime d’elle-même et a du mal à construire des relations saines.
Mais il existe une forme d’aide spirituelle qui repose sur une base diamétralement opposée à la psychologie. Cette aide consiste à reconnaître que l’enfant de Dieu est créé à jamais pur et sans tache. Nous trouvons là l’assurance que le grand Berger, le Dieu qui est Amour et Esprit, nous purifie et nous innocente tous. L’une des promesses contenues dans le Nouveau Testament est que l’Esprit fait toutes choses nouvelles. Jésus enseignait que nous pouvons, et que nous devons même « naître de nouveau » et entretenir un concept d’identité entièrement nouveau.
Il est encourageant d’entendre cette vérité, et même de l’affirmer. Mais comment la faire nôtre dans notre vie ? Si nous avons souffert d’une agression, comment retrouver le sentiment normal, pur, de son identité ? Comment regagner l’estime de soi ?
Très souvent, le premier pas consiste à revendiquer son innocence. Certaines victimes d’agression sexuelle acceptent la terrible suggestion qu’elles sont forcément à blâmer. De façon consciente ou non, elles croient être « responsables de ce qui leur arrive », comme s’il y avait en elles une forme de dépravation qui aurait incité leur agresseur à abuser d’elles. Cette suggestion injuste et cruelle doit être renversée. A la place, il faut déclarer : « Je ne suis pas coupable, je n’ai rien fait de mal », et être ainsi prêt à revendiquer son innocence.
Un enfant, ou même un adolescent, est très impressionnable. Les enfants sont réceptifs à leur entourage et au climat mental environnant. Dans une atmosphère nuisible et perverse, ils sont facilement influençables. Mais ils ne sont jamais à l’origine des pensées perverses. Celles-ci sont imposées de l’extérieur. Plus on le comprend, plus il est facile de reconnaître et de déclarer l’innocence qui nous vient de Dieu. On peut déclarer : « Je ne suis pas le fantasme sexuel d’un autre. Je suis l’œuvre de Dieu. »
On lit dans un psaume : « Sachez que l’Eternel est Dieu ! C’est lui qui nous a faits, et nous lui appartenons ; nous sommes son peuple, et le troupeau de son pâturage. » (100:3) L’enfant de Dieu est naturellement bon – totalement, complètement, absolument bon en permanence. L’œuvre de Dieu ne peut être salie ni victime du mal. Dieu et Son œuvre sont éternels. Lorsque nous prenons l’habitude de nous identifier en tant qu’œuvre de Dieu, en tant que Son enfant, nous nous éveillons à notre pureté et à notre intégrité innées. C’est là une habitude spirituelle qui correspond à une prière.
L’Amour divin permet de nous voir différemment.
L’estime de soi est souvent mise à mal par le sentiment d’avoir subi un préjudice affectif, physique et psychologique. En affirmant la réalité de l’amour permanent de Dieu, on renverse spirituellement cette pensée. Dans le livre de Jérémie, Dieu déclare : « Je t’aime d’un amour éternel ; c’est pourquoi je te conserve ma bonté. » (31:3) D’un point de vue humain, un ami peut nous apporter son affection et un sentiment de sécurité, mais la plupart du temps, cela ne suffit pas à changer ce que nous ressentons intérieurement. C’est l’une des grandes différences entre l’affection humaine et l’amour de Dieu. L’Amour divin permet de nous voir différemment. Dieu ne nous aime pas malgré nos imperfections ; Il ne connaît aucune imperfection. Non pas que Dieu soit ignorant, car Il ne pourrait créer quelque chose qui Lui soit dissemblable – dissemblable au bien. C’est pourquoi l’Amour divin nous éveille à notre propre bonté sans défauts, parfaite et intacte. C’est là notre nature, ce que Dieu aime et maintient en nous. C’est quelque chose que nous ne pouvons jamais perdre.
La personne en qui de telles pensées se font jour voit disparaître les années de douleur, de haine de soi et de colère. Elle découvre ainsi que la substance de son être, de son identité, est indemne. Quelle joie de découvrir que le mal ne l’a littéralement jamais touchée ! La substance spirituelle éternelle de sa vie continue de rayonner de bonté. Elle demeure parfaite à la vue de Dieu.
Un passage de Science et Santé avec la Clef des Ecritures de Mary Baker Eddy est particulièrement utile pour savoir exactement qui l’on est : « L’homme est spirituel et parfait, et, parce qu’il est spirituel et parfait, il faut le comprendre ainsi en Science Chrétienne. L’homme est idée, l’image, de l’Amour ; il n’est pas physique. » (p. 475) Comme mentionné précédemment, Jésus souligna l’importance de naître de nouveau – ce qui implique d’acquérir une conception nouvelle de la nature et du caractère de l’œuvre de Dieu. Grâce à ce point de vue spirituel, on découvre ce qu’est l’œuvre de Dieu. L’estime que l’on a de soi, l’image de soi, change totalement à mesure que l’on comprend que l’on est formé et protégé par l’Esprit.
Voilà de quoi redonner espoir à quiconque est tourmenté à cause d’une agression sexuelle subie autrefois ou tout récemment. L’auteur de la première épître de Jean le formule ainsi : « Nous savons que lorsque [Dieu] sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. » (3:2) Plus nous apprenons à connaître la nature de notre Créateur, plus nous découvrons ce que nous sommes. Rien ne saurait mieux accroître l’estime de soi et le sentiment de sa propre valeur que cette compréhension spirituelle, qui nous prouve que nous sommes intacts et merveilleux aux yeux de Dieu. Nous devenons alors merveilleux à nos propres yeux.
