Un petit groupe de croyants est appelé à se mobiliser, à renouveler sa foi et à se consacrer sans réserve à la reconstruction des murailles entourant la ville sainte. Cette histoire de Néhémie et de son peuple (voir Néhémie, chapitres 1 à 6) a attiré toute mon attention, un lundi matin, alors que j’étudiais la Leçon biblique hebdomadaire de la Science Chrétienne.
Peu de temps auparavant, j’avais prié de façon plus approfondie pour soutenir la pratique de la guérison par la Science Chrétienne, car j’avais bien conscience que ceux dont l’engagement spirituel va croissant connaissent parfois des épreuves sur leur chemin. Le récit de Néhémie qui nous apprend comment les Israélites, sous sa direction éclairée, firent preuve de courage, de vigilance spirituelle et de détermination face à une opposition incessante, avait de quoi inspirer mes prières.
Vers le milieu de la Leçon, à la suite des versets relatant diverses tentatives des ennemis de Néhémie pour gêner les volontaires dans leur travail et les empêcher de le terminer, venait ce bref passage corrélatif puisé dans Science et Santé avec la Clef des Ecritures de Mary Baker Eddy : « La spiritualité assiège ouvertement le matérialisme. De quel côté combattons-nous ? » (p. 216)
« La spiritualité assiège ouvertement le matérialisme. » La phrase m’a sauté aux yeux, comme si on l’avait soulignée sur la page. Je l’ai relue plusieurs fois. Le fait qu’elle soit juxtaposée au récit des épreuves de Néhémie m’a surprise. Les nombreux adversaires de ce dernier avaient bel et bien ouvert les hostilités en tentant de faire échouer sa mission. Ils avaient insinué que Néhémie et sa petite troupe enthousiaste étaient trop peu nombreux et trop faibles physiquement pour accomplir ce travail ; ils l’avaient accusé d’avoir des arrière-pensées ; ils avaient même tenté par la ruse de le détourner en secret de cette mission inspirée par Dieu. Mais dans le livre d’étude de la Science Chrétienne, je lisais que c’étaient bien l’« Esprit » et la « spiritualité » qui passaient à l’offensive, et non des personnalités humaines, des entendements personnels et de soi-disant egos séparés de Dieu, prétendant agir de leur propre initiative.
J’ai compris que la seule façon correcte d’interpréter ces nombreuses tentatives pour contrecarrer la mission divine de Néhémie, c’était de raisonner du point de vue de l’omnipotence de l’Esprit, de Dieu, selon l’enseignement de la Science Chrétienne. A travers la lentille de la Science divine, on perçoit le pouvoir de Dieu qui soutient tous Ses enfants à Son image, dans Sa présence éternelle et aimante. L’Esprit est en réalité la seule cause à la base d’une initiative. Un sens d’ego humain personnel n’a aucune place, aucune initiative, aucun pouvoir d’agir dans la présence éternelle d’un Dieu infiniment bon.
Cette vérité de l’être spirituel, humblement cultivée dans la prière, a pour effet d’exposer et de renverser les fausses présomptions de pouvoir de l’entendement charnel, et elle met en avant le gouvernement juste et le dessein spirituel de notre Père.
Néhémie et sa troupe vigilante étaient certainement conscients du pouvoir qu’a Dieu de protéger et de faire prospérer un projet juste. En continuant de faire appel à Dieu, même face à de dures épreuves, ils poursuivirent leur mission avec détermination et achevèrent la reconstruction des murailles.
Cet exemple nous est particulièrement utile aujourd’hui. On pourrait dire que nous vivons un moment crucial de l’histoire chrétienne, où l’appel à « se lever et à bâtir » (voir Néhémie 2:18) résonne de nouveau à nos oreilles. De nombreux scientistes chrétiens ressentent un réel besoin de progresser dans leur étude et leur compréhension de la Science du christianisme. Ils s’efforcent en toute conscience de prier et de pratiquer la guérison spirituelle de façon plus systématique dans leur vie, en accord avec la mission de guérison fondamentale de l’Eglise du Christ, Scientiste (voir Mary Baker Eddy, Manuel de l’Eglise, p. 17).
Nous étant engagés à marcher dans les pas de Christ Jésus, nous savons sans doute que la voie à suivre n’est pas toujours facile. Nous subissons parfois ce qu’on pourrait appeler les « rebuffades » de l’entendement charnel ou mortel, devant l’action sainte et bienveillante de la Vérité. Même si, en général, ces défis sont d’une bien modeste ampleur comparés aux difficultés rencontrées par Néhémie et sa troupe d’ouvriers, ils accompagnent parfois des moments de grands progrès spirituels, quand notre capacité d’accomplir des guérisons s’accroit. Par exemple, après avoir décidé de consacrer régulièrement du temps à la prière et à l’étude spirituelle, nous nous retrouvons peut-être dans des situations qui rendent particulièrement difficile le respect de cette résolution. Ou bien c’est un problème de relation familiale qui surgit de façon inexplicable à la veille d’un événement important pour lequel nous avons beaucoup prié. Peut-être aussi faisons-nous l’objet de critiques injustes au travail, voire de fausses accusations, après avoir défendu une position éthique.
Le récit de Néhémie, qui nous apprend comment les Israélites firent preuve de courage, de vigilance spirituelle et de détermination face à une opposition incessante, avait de quoi inspirer mes prières.
Lorsque nous nous retrouvons au milieu de telles situations, elles peuvent paraître très frontales, très personnelles. Mais si nous avons étudié et prié et que nous nous sommes efforcés de vivre en accord avec nos prières, ces défis pourraient bien résulter du bon travail que nous avons accompli. Mary Baker Eddy utilise un terme approprié pour désigner les bouleversements qui découlent parfois de l’effet purifiant de la Vérité dans la conscience et l’expérience humaines : « chimicalisation. » « Dans la chimicalisation morale », explique-t-elle, « lorsque les symptômes du mal, illusion, s’aggravent, nous pouvons croire, dans notre ignorance, que le Seigneur a produit le mal ; mais nous devrions savoir que la loi de Dieu ne découvre le prétendu péché et ses effets que pour permettre à la Vérité d’anéantir tout sens du mal et tout pouvoir de pécher. » (Science et Santé, p. 540)
L’un des éléments importants à retenir dans l’histoire de Néhémie, c’est que ces bouleversements ne constituent pas « l’événement principal ». A la manière du sillage d’un navire à la surface de l’eau, ils se dissipent au loin à mesure que le bateau avance. Même si nous prions effectivement dans les situations difficiles, il nous faut avant tout progresser spirituellement dans ce qui est vraiment essentiel, en cherchant sincèrement à nous rapprocher de Dieu et en priant à cet effet, afin de mieux Le comprendre et de reconnaître qu’Il nous guide et nous protège.
Si j’avais été surprise en lisant les développements du récit de Néhémie, c’est que je m’étais laissée absorber par les divers détails dramatiques des épreuves subies par les Hébreux, au point de perdre la vue d’ensemble. Le récit est une belle illustration du fait que « Dieu » est la seule cause et le seul pouvoir réels. Dieu était le pouvoir à la base de l’inspiration qui avait à la fois incité Néhémie à reconstruire le mur et le roi de Perse à laisser partir ce dernier à Jérusalem pour exécuter cette tâche. Dieu avait également préparé le cœur du peuple à accepter ce projet. Et il avait suscité en chaque volontaire l’esprit nécessaire à « cette bonne résolution » (Néhémie 2:18).
De même, c’est Dieu qui incite chacun de nous à s’engager de plus en plus à démontrer la guérison-Christ. Que nous fassions savoir publiquement que nous sommes prêts à donner des traitements par la Science Chrétienne, que nous décidions de prier avec plus de rigueur au sujet des problèmes de la société ou que nous nous sentions poussés à prendre des initiatives civiques constructives, c’est là le signe de la présence du Christ divin dans notre cœur. En fait, chaque impulsion vers le bien provient de Dieu ; elle résulte du Saint-Esprit, le Christ éternel, l’influence motrice de Dieu, l’Esprit, agissant dans la conscience humaine. Le Saint-Esprit nous incite à agir de façon à glorifier Dieu ; il nous inspire et nous donne la force spirituelle nécessaire pour accomplir les desseins du bien.
Pour progresser, il est essentiel d’opposer une solide résistance à toute suggestion mentale agressive qui voudrait nous amener à douter de nous-mêmes de façon chronique, ou nous entraîner dans des émotions humaines négatives. Reprenons à notre compte la question posée par Mary Baker Eddy : « De quel côté combattons-nous ? » (Science et Santé, p. 216) Est-ce que je laisse mes pensées s’engager du côté du problème, me considérant moi-même comme l’objet d’une attaque personnelle ? (Je risque alors d’éprouver de la crainte, de la colère, un sentiment de vulnérabilité, et même de me sentir incapable spirituellement de prier avec efficacité pour résoudre harmonieusement la situation.) Ou est-ce que je mets de côté les réactions humaines, y compris la fausse affirmation personnelle de moi-même et de ceux qui m’entourent, pour demander à Dieu, avec humilité et insistance, de la clairvoyance spirituelle ? Est-ce que je me range du côté de ce qu’Il me révèle dans mes prières ? Le sens spirituel nous permet de déclarer avec assurance : « Je suis créé à Sa ressemblance, et par conséquent je reflète la sagesse divine illimitée. Comme il est dit dans l’épître aux Ephésiens, je me fortifie “dans le Seigneur, et par sa force toute-puissance” (6:10). Je suis inclus, avec tous les enfants de Dieu, dans son Amour divin infini, et je suis donc toujours en sécurité. »
Nous savons que nous avons atteint un point crucial dans nos progrès spirituels quand nous avons le désir sincère de voir l’Amour divin triompher dans une situation difficile et nos soi-disant persécuteurs profiter de cette bénédiction. Quand notre désir de connaître Dieu et d’obtenir une guérison-Christ l’emporte sur l’envie que nous pourrions avoir que l’on nous rende justice ou que d’autres soient punis, alors la prière nous met à même d’être témoins de l’action de la loi de Dieu qui soutient les desseins du bien.
Quelle que soit l’intensité du drame humain qui paraît se dérouler, nous avons l’assurance de l’Amour qu’en réalité nous ne sommes pas là où le magnétisme animal (les affirmations fallacieuses de l’entendement mortel) prétend que nous sommes, c’est-à-dire entourés d’une myriade de personnalités mortelles, dans des situations qui semblent inextricables. Aucun de nous ne se trouve dans de telles situations. Nous sommes dans le royaume de Dieu, le royaume des cieux, dont Jésus dit qu’il est « proche » (voir Matthieu 4:17). Ici, dans la toute présence infinie de l’intelligence divine, il n’y a pas d’entendement mortel ; par conséquent il ne peut y avoir aucune tentative de l’entendement mortel de réprimer le dessein de Dieu et la volonté pleine d’amour de notre Père à notre égard. Dieu seul est Entendement, le seul Entendement gouvernant l’homme – nous-mêmes et toutes les parties concernées. L’injustice apparente, les opinions mortelles erronées, les persécutions pour la justice sont autant de masques de la fausse croyance fondamentale à de nombreux entendements. Ce sont des manœuvres frauduleuses qui voudraient, si c’était possible, nous détourner de la vérité de l’unique Entendement infaillible. Mais elles n’ont pas le pouvoir inhérent de nous faire perdre confiance en Dieu qui est tout, ni de diminuer notre héritage d’enfants de Dieu, héritage qui comprend la domination sur les prétentions de l’erreur.
Qu’importe que des épreuves surgissent parfois quand nous progressons spirituellement. L’essentiel est d’interpréter correctement ces difficultés en y voyant des preuves du défi de la Vérité à l’erreur, et non le contraire. A mesure que nous nous attacherons aux faits spirituels de l’être, que nous suivrons de près l’exemple de notre Maître et poursuivrons l’œuvre que notre Père nous charge d’accomplir, toute agitation sera dissipée, et nous nous tiendrons sur une base spirituelle nouvelle et plus solide. Faisons confiance à l’action rédemptrice de la Vérité et prévoyons son triomphe, quelle que soit la situation difficile dans laquelle nous nous trouvons.
