Jugez-vous les autres ?
Cette question, je me la suis posée récemment quand je me suis soudain rendu compte qu’il est très facile de critiquer les autres au lieu de les regarder avec amour.
C’est très subtil ! Par exemple, on va juger la tenue vestimentaire d’une personne, la coiffure d’une autre, et ce que l’on pensera d’une troisième dépendra de la musique qu’elle aime écouter.
Ce genre de jugement peut se faire à notre insu, mais d’autres ne sont pas aussi discrets. Les actualités s’en font l’écho : ce sont les jugements que l’on porte sur les gens en fonction de la couleur de leur peau, de leur religion, de leurs opinions politiques, avec parfois des effets tragiques.
En effet, au-delà de rester de simples pensées, ces jugements superficiels incitent aussi à réagir, notamment avec crainte ou haine. Même si les réactions ne sont pas toujours aussi virulentes, on ne traite pas la personne avec autant de charité qu’on le devrait à cause d’un jugement injuste.
Pour ma part, je ne respectais pas une certaine personne qui faisait partie d’un groupe que je fréquentais. Je ne pensais rien de négatif à son sujet, mais, sans le savoir, je l’avais jugée à notre première rencontre, et cela avait influencé mes pensées depuis lors.
Je n’en suis pas fière. En fait, alors que je priais, il y a peu, pour aimer davantage comme Dieu, l’Amour divin, aime, et pour mieux voir comme l’Amour divin voit, je me suis rendu compte, avec consternation, que depuis un certain temps je critiquais beaucoup. Alors je me suis souvenue de ce verset biblique : « L’Eternel ne considère pas ce que l’homme considère ; l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Eternel regarde au cœur. » (I Samuel 16:7) Je voulais « regarder au cœur ». Mais comment y parvenir ?
On compare souvent Dieu au soleil, et l’homme aux rayons de lumière qui émanent du soleil. Mais si j’aime cette comparaison, c’est parce qu’elle est très utile pour comprendre que chacun de nous procède du bien qui s’exprime avec abondance et éclat, chacun est l’expression de l’être de Dieu. J’ai vu que si chaque rayon de lumière est différent, individuel, tous ont la même origine : Dieu, le bien. Il ne saurait donc y en avoir un qui soit meilleur qu’un autre, comme aucun rayon de soleil n’a plus de valeur qu’un autre. J’ai trouvé là l’antidote parfait contre cette tendance à juger, à aimer cataloguer les gens selon qu’ils sont « mieux » ou « pire », « plus intéressants » ou « moins intéressants ».
Tandis que je priais pour mieux comprendre que nous incluons tous les qualités de Dieu que sont l’intelligence, la beauté et le talent artistique, qualités que nous reflétons et exprimons de façon individuelle mais égale, j’ai commencé à apprécier les autres au lieu de les critiquer. C’est ce qui s’est passé avec cette femme que je n’avais pas su respecter : un jour, peu après que j’avais commencé à prier comme je l’ai expliqué, elle m’a offert une aide inattendue pour un problème que je n’arrivais pas à résoudre. Elle était si gentille ! Pleine de sollicitude ! J’ai vu à ce moment-là qu’elle avait un don que je n’avais pas remarqué auparavant, cette capacité à se soucier des autres et à les soutenir avec une bienveillance débordante.
J’ai compris que je l’avais sous-estimée, car mes critères de jugement avaient été incorrects. Je lui avais appliqué mes propres normes de ce qui est « bon » ou « digne d’intérêt ». J’avais eu tort ! On lit dans la Bible : « Ne jugez pas selon l’apparence, mais jugez selon la justice. » (Jean 7:24) Pour moi, cela signifiait qu’il me fallait demander à Dieu ce qui était bon et digne d’intérêt en elle, puis le percevoir (et le glorifier).
J’ai encore bien du chemin à parcourir pour ne plus porter de jugements, qu’ils soient graves ou anodins. Mais cette récente prise de conscience m’a stimulée dans mes efforts pour me défaire des perceptions incorrectes et embrasser l’admirable individualité que chacun exprime et qui a son origine en Dieu. Je me rends compte qu’on découvre alors chez tous ceux que l’on rencontre d’étonnantes choses à aimer.
Publié à l’origine en anglais dans le Christian Science Sentinel du 20 octobre 2016
Paru d'abord sur notre site le 8 août 2017.
