« Veux-tu que je prie pour toi ? » m’a demandé mon frère, qui s’était assis à mes côtés. Nous passions des vacances en famille, et il s’était rendu compte que je ne m’étais pas sentie bien durant nos activités de la matinée. Il n’a pas hésité à m’offrir ainsi son aide.
Sa gentille proposition m’a enveloppée comme dans un cocon rempli d’amour. Mon frère n’avait pas l’habitude de poser ce genre de question aux autres, et c’était bien la première fois qu’il me proposait de prier pour moi. Nous avions tous deux fréquenté l’école du dimanche quand nous étions enfants, mais cela faisait déjà bien des années, et nous ne parlions pas de prière et de guérison quand nous étions ensemble.
Je lui ai répondu en souriant que j’apprécierais beaucoup cette aide. Quelques minutes plus tard, il m’a rappelé un cantique dont les paroles sont de Mary Baker Eddy et que nous chantions ensemble étant enfants : « “Force, joie et paix”. Suz, je pense toujours à ce cantique de l’école du dimanche, quand je ne me sens pas bien. » (Hymnaire de la Science Chrétienne, no 207, traduction © CSBD)
J’avais toujours adoré ces trois mots, force, joie et paix, car ils décrivaient parfaitement bien ce que j’avais toujours ressenti en me tournant vers Dieu en prière : le sentiment puissant, bien présent, de l’amour de Dieu. Et cette fois encore, cela n’a pas fait exception ! J’ai eu le sentiment d’être choyée et protégée, et je me suis sentie tellement mieux que je n’ai pas tardé à m’endormir paisiblement pour me réveiller en pleine forme.
A quoi était due cette guérison ? Au cours des ans j’ai appris que, parfois, les prières les plus efficaces sont des pensées simples mais inspirées par Dieu, que l’on communique avec amour et spontanéité. C’est très souvent cette expression d’amour, à la base de la prière, que ressent la personne en quête de réconfort et de guérison et qui répond à son besoin.
Les jours suivants, j’ai souvent repensé à cette proposition affectueuse et désintéressée de la part de mon frère. Je me suis demandé si j’étais toujours prête à offrir mon aide à mon entourage. Quand je voyais une personne désemparée ou souffrante, est-ce que je lui proposais volontiers de prier pour elle ?
J’ai parfois hésité à proposer à des amis de prier pour eux parce qu’ils n’étaient pas de ma religion et qu’ils priaient peut-être autrement. Je craignais de ne pas trouver les bons mots ou l’idée juste qui les aiderait, et j’avais aussi peur qu’ils ne croient pas en Dieu et s’offusquent de ma proposition.
Comme j’étudie la Science Chrétienne depuis toujours et que je prie régulièrement pour les membres de ma famille et moi-même, la prière est pour moi un moyen naturel et efficace de résoudre tous mes problèmes. Cette prière est soit un désir sincère de voir les autres faire l’expérience de la bonté de Dieu, soit une prière spécifique ou traitement par la Science Chrétienne. Ce genre de traitement par la prière s’appuie sur l’affirmation de la suprématie de Dieu, l’Entendement, et s’emploie à élever la pensée et à éliminer tout ce qui trouble celui ou celle pour qui l’on prie. En voyant cette personne comme Dieu la voit, c’est-à-dire parfaite, harmonieuse et bénie, on revendique fermement sa liberté spirituelle inaliénable, ce qui ouvre la voie à la guérison.
Parfois, les prières les plus efficaces sont des pensées simples mais inspirées par Dieu, que l’on communique avec amour et spontanéité.
Mais la prière ne se résume pas à un traitement par la Science Chrétienne, et il serait malvenu de proposer nos prières à tous ceux qui nous semblent dans la détresse ! Le cœur et le mobile de toute prière, c’est l’amour pour Dieu et pour notre prochain. La prière qui est inspirée par Dieu n’a pas besoin d’être compliquée ; elle n’agit pas en vertu d’une formule prescrite qui la rendrait efficace seulement dans certaines situations, ou à condition que ce soient des personnes expérimentées qui prient. Quand mon frère m’a demandé l’autorisation de prier pour moi, il n’a pas employé d’idées complexes et il ne s’est pas soucié de savoir s’il avait assez d’expérience. Il m’a fait part de bon cœur, et avec amour, d’une vérité toute simple. Nous possédons tous l’amour, la patience et la compassion nécessaires pour prier pour les autres.
Dans le livre d’étude de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Ecritures de Mary Baker Eddy, on lit sous la note marginale « Véritable guérison » : « Si nous voulons guérir par l’Esprit, nous ne devons pas cacher le talent de la guérison spirituelle sous l’enveloppe du formalisme, ni ensevelir la morale de la Science Chrétienne dans le linceul de la lettre. Un mot de tendresse et d’encouragement chrétien adressé à un malade, une patience compatissante à l’égard de ses craintes et la suppression de celles-ci valent mieux que des hécatombes d’abondantes théories, des discours empruntés et stéréotypés, et la distribution d’arguments qui ne sont qu’autant de parodies de la vraie Science Chrétienne, embrasée d’Amour divin. » (p. 366)
Il n’y a aucune raison d’hésiter à proposer cette prière qui écoute, qui est tendre, compatissante, encourageante, confiante et patiente ; une prière qui est « embrasée » par l’amour de Dieu et reconnaît Sa suprématie. Cette prière adressée à Dieu est sans préjugés, elle est inconditionnelle et répond à tous les besoins.
Christ Jésus passait une grande partie de son temps dans les villes et les villages, priant pour ceux qui le lui demandaient et proposant de guérir ceux qui lui parlaient de leur détresse ou de leurs souffrances. Il ne guérissait pas uniquement ses amis et ses disciples, ceux qui avaient peut-être compris le sens de sa mission et sa façon de guérir. Il ne restait pas dans le temple à attendre ceux qui viendraient à lui pour être guéris. Où qu’il fût, sur la place principale, dans la demeure d’un hôte ou en chemin, il était à l’écoute des besoins d’autrui et y répondait.
On lit dans la Bible : « Voyant la foule, il fut ému de compassion pour elle, parce qu’elle était languissante et abattue, comme des brebis qui n’ont point de berger. » (Matthieu 9:36) Il enseigna à ses disciples à suivre son exemple, et il leur donna le pouvoir et la compréhension indispensables pour accomplir ses œuvres, en les chargeant de poursuivre son ministère de guérison (voir Matthieu 10:8)
En écho à une phrase de Jésus, Mary Baker Eddy nous exhorte à donner un verre d’eau froide aux « voyageurs fatigués et altérés dans le désert » qui « attendent et veillent pour obtenir le repos et le boire ». Et elle ajoute : « ... ne craignez nullement les conséquences de votre bonne action. » (Science et Santé, p. 570) Elle renforce ce message en soulignant qu’il est non seulement possible, mais également de notre devoir, de communiquer nos prières de guérison aux autres, comme le faisait le Maître chrétien, Christ Jésus : « Il est possible – c’est même le devoir et le privilège de tous, enfants, hommes et femmes – de suivre en quelque mesure l’exemple du Maître en démontrant la Vérité et la Vie, la santé et la sainteté. » (ibid., p. 37)
Aujourd’hui comme au temps de Jésus, c’est le Christ, l’esprit et le pouvoir de Dieu avec nous, qui accomplit l’œuvre de guérison. C’est le Christ, l’inspiration remplie d’amour, qui étend à toute l’humanité son souffle guérisseur. Nous sommes les témoins humbles et empressés de ce message divin : c’est Dieu « qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes maladies ; c’est lui qui délivre ta vie de la fosse, qui te couronne de bonté et de miséricorde » (psaume 103:3, 4). Quelles que soient les circonstances, chacun de nous peut exprimer, dans une certaine mesure, cet amour divin et parfait qui guérit. Si nous nous sentons poussés à prier pour autrui, soyons certains que nous aurons les bons outils, le temps et les mots pour offrir un verre d’eau froide.
Si nous sommes vigilants et sensibles à l’appel des cœurs affamés, nous aurons de multiples occasions d’être utiles.
Un jour, durant ma journée de travail, je me suis rendue à l’école primaire du quartier pour assister brièvement à une petite fête qui avait lieu dans la classe de mon enfant. Alors que je quittais la fête avant la fin, j’ai rencontré ma voisine. Nous avons marché ensemble jusqu’au parking. Je la connaissais assez pour me rendre compte que quelque chose n’allait pas. En moi-même, je me sentais poussée à lui proposer mon aide.
J’ai d’abord résisté en pensant que je n’avais absolument pas le temps de lui parler. Mais le tendre aiguillon de Dieu m’a convaincue. Posant ma main sur son bras, je lui ai demandé si quelque chose n’allait pas. Elle m’a répondu qu’elle avait reçu de mauvaises nouvelles de son médecin et qu’elle était envahie par la peur. Elle avait du mal à se calmer.
« Si vous avez le temps, voulez-vous qu’on en parle ? » lui ai-je aussitôt demandé. Nous nous sommes installées dans un café du quartier, et là, elle m’a fait part de ses craintes et de ses soucis. Je lui ai demandé si elle accepterait que je lui expose quelques idées qui m’avaient été utiles dans mes prières. Comme elle acquiesçait avec empressement, je lui ai parlé de certaines vérités qui guérissent, que j’avais étudiées dans Science et Santé.
Elle s’est montrée très intéressée par l’idée que Dieu lui donnait le pouvoir de se défendre, comme on le lit dans le passage suivant : « Gardez la porte de la pensée. N’admettez que les conclusions dont vous voudriez voir les effets se réaliser sur le corps, et vous vous gouvernerez harmonieusement. » (Science et Santé, p. 392) Nous avons également échangé bien d’autres idées pendant près d’une heure.
Quand je l’ai raccompagnée à sa voiture, nous ressentions toutes les deux un grand soulagement. Elle m’a dit qu’elle se sentait apaisée. Quant à moi, je me sentais revigorée, inspirée et prête à retourner à mon travail. Au cours de la semaine suivante, il m’a paru tout à fait naturel de prier pour qu’elle sente le réconfort, la sécurité, l’amour et la protection de Dieu. Ce n’était pas un traitement spécifique par la Science Chrétienne, mais je savais que rien ne pouvait changer le fait bien établi qu’elle était l’image et la ressemblance de Dieu. Je l’ai appelée plusieurs fois dans la semaine pour lui dire des paroles encourageantes.
Elle m’a rappelée à la fin de la semaine. Selon de nouveaux examens, tout était normal. Elle m’a remerciée pour mon amitié et mes prières. Elle est aujourd’hui l’une de mes meilleures amies, et elle n’hésite jamais à faire appel à mes services pour quoi que ce soit – m’emprunter du sucre ou me demander ce « verre d’eau froide » dont je parlais plus haut.
« L’amour pour Dieu et pour l’homme est le vrai mobile à la fois pour guérir et pour enseigner. L’Amour révèle le chemin, l’illumine, le désigne, et nous y guide. Les bons motifs donnent des ailes à la pensée, de la force et de la liberté à la parole et à l’action. » (Science et Santé, p. 454) Je suis très reconnaissante d’en avoir fait l’expérience.
Nous résistons souvent à l’idée de proposer notre aide par peur, semble-t-il, d’être jugés stupides ou de ne pas « savoir » comment prier. Mais notre amour du prochain et notre gratitude pour tout le bien que Dieu nous dispense chaque jour viennent facilement à bout des hésitations. Sachons que Dieu nous guidera et nous ouvrira le chemin dans la mesure où notre mobile est pur et désintéressé.
Paru d'abord sur notre site le 10 août 2017.
Publié à l’origine en anglais dans le Christian Science Journal de septembre 2017