On se demande parfois ce qu’on peut faire pour le monde. Eh bien, j’ai lu récemment que « le nombre de personnes contraintes à fuir leur foyer a dépassé les cinquante millions pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale » (The Guardian du 19 juin). Ce genre de nouvelles, comme bien d’autres sujets d’inquiétude liés aux menaces qui pèsent sur l’humanité, sont troublants. Mais quand on y regarde de plus près, ils peuvent susciter en nous cette sorte de compassion qui est vraiment utile : je veux parler de l’acte de miséricorde qui consiste à veiller et prier pour l’humanité.
« Veiller » en se servant de la lentille du sens spirituel, c’est voir, à la base de la violence et de tout ce qui menace manifestement la sécurité de l’humanité, les prétentions cachées de l’entendement charnel qui affirme, de façon vaine mais agressive, que le mal est maître du bien. « Veiller » c’est ensuite voir spirituellement la vérité qui neutralise ces prétentions.
La prière pour le monde commence naturellement par le désir de mieux comprendre Dieu. Il est le Principe divin de l’homme et de l’univers, qui gouverne toutes choses par la loi divine, et maintient la justice, l’ordre et l’harmonie. Il est la cause et le gouverneur divins de tout ce qui existe réellement. La Bible parle de Dieu comme de « celui qui vit éternellement, celui dont la domination est une domination éternelle, et dont le règne subsiste de génération en génération… il agit comme il lui plaît avec l’armée des cieux et avec les habitants de la terre, et il n’y a personne qui résiste à sa main et qui lui dise : Que fais-tu ? » (Daniel 4 :34, 35)
L’Entendement divin, à la fois unique et infini, crée sa ressemblance en idées spirituelles innombrables, les fils et les filles de Dieu, la famille universelle de l’homme. Les idées de l’Entendement ne peuvent faire autrement que manifester la bonté, l’unité et l’harmonie de l’Entendement. Il ne saurait y avoir de non-respect des lois dans la totalité de l’Entendement, puisque cet Entendement rassemble tout ce qu’il crée en une même famille, celle du Principe divin, en qui chacun de nous, de par sa nature même, reflète la loi divine et y obéit. La guerre, le terrorisme, la violence aveugle qui s’en prend à des innocents, y compris des enfants, la dissolution de certaines nations, les immenses camps de réfugiés, la famine, etc., sont autant de souffrances dues à la désagrégation des convictions matérielles concernant l’existence : par exemple, la conviction que la matière constitue l’homme et la vie ; que le mal fait autant partie de la création que le bien ; qu’il existe un nombre incalculable d’entendements matériels finis, et non un seul Entendement infini, Dieu, qui est Esprit et dont l’expression universelle est l’homme.
A travers cette désagrégation des croyances matérielles, l’entendement charnel semble affirmer avec agressivité son sens erroné de l’identité, et résister à la lente mais inévitable récognition du bien. C’est pour cela que notre compassion, notre désir sincère d’aider notre prochain et notre compréhension lumineuse de la Science de l’être représentent une formidable bénédiction pour l’humanité.
Mary Baker Eddy écrit dans Science et Santé avec la Clef des Ecritures : « La “douce petite voix” de la pensée scientifique atteint, par-delà mers et continents, jusqu’aux extrémités les plus lointaines du globe. Pour l’entendement humain, la voix inaudible de la Vérité est pareille “au rugissement d’un lion”. Elle se fait entendre dans le désert et dans les lieux ténébreux de la peur. Elle réveille les “sept tonnerres” du mal, et incite leurs forces latentes à faire entendre toute la gamme des tons secrets. Alors le pouvoir de la Vérité est démontré – rendu manifeste dans la destruction de l’erreur. » (p. 559)
Je relève dans ce passage les deux mots-clés que sont la « pensée scientifique », laquelle vient par la prière fervente. Comprendre la vie scientifiquement, c’est percevoir la totalité de l’Amour divin, embrassant tous Ses enfants, Ses idées spirituelles, dans le pouvoir de l’Amour divin. C’est également percevoir spirituellement que les hommes, les femmes et les enfants ne sont pas, dans leur véritable individualité, la cible du mal ni les instigateurs du mal. En réalité, chacun d’eux est l’image de Dieu, à jamais « un » dans l’Amour, reflétant l’Entendement qui est toute bonté. Ils sont en sécurité, ils sont charitables, ils sont tous entièrement gouvernés par le même Principe, l’Amour.
La compréhension scientifique de la vie dévoile le néant des fanfaronnades agressives du mal, qui crie pour qu’on accepte sa réalité. Ne faisant pas partie de l’Entendement divin, le mal n’a pas d’entendement propre et il est incapable de concevoir ou d’accomplir un plan quelconque. N’étant pas une composante de la Vie infinie, il n’a pas d’existence. N’ayant aucune place dans la Vérité, il n’a pas de réalité. N’étant en rien l’expression de l’Ame, il ne possède ni identité ni individualité.
La compréhension spirituelle de la vie mène à la perception joyeuse et rassurante que la Vie ne s’accompagne d’aucune privation, que chaque enfant de Dieu est amplement nourri, vêtu et a toujours un foyer, parce qu’il est l’expression de l’Esprit, et qu’à ce titre, il exprime pleinement la substance du bien et dispose de tout ce qui est bon. Il ne lui manque rien et rien ne lui est enlevé. Mary Baker Eddy écrit dans Science et Santé : « L’Esprit nourrit et revêt chaque objet comme il convient à mesure qu’il apparaît dans l’ordre de la création spirituelle, exprimant ainsi tendrement la paternité et la maternité de Dieu. » (p. 507)
La vérité spirituelle demande cependant à être prouvée. Chacun de nous doit la démontrer avec amour en luttant, dans un esprit de prière, contre les prétentions de l’entendement charnel, jusqu’à en voir le caractère irréel et à le rendre donc inoffensif.
Même cette capacité de prier et de démontrer la vérité nous vient de Dieu. Notre désir sincère d’aider l’humanité est une prière en soi, prière à laquelle Dieu répond. L’Amour divin communique la capacité d’aimer spirituellement, d’être plus désintéressé, de donner de soi en favorisant l’avènement du règne harmonieux de Dieu sur la terre.
Tandis que nous prions avec ardeur afin de percevoir que le mal est irréel et que l’homme jouit de la protection absolue et infinie de l’Amour divin, nous contribuons spirituellement à la destruction du mal et œuvrons ainsi au bien-être de toute
l’humanité.
David C. Kennedy
