Pendant des dizaines d’années, j’ai fait du jardinage biologique. Les escargots, les pucerons, les guêpes, les oiseaux, etc. me posaient sans cesse des problèmes. Pourquoi est-il si compliqué de coexister pacifiquement avec ces créatures, sans recourir à la cruauté?
Dans Science et Santé avec la Clef des Ecritures, Mary Baker Eddy écrit ceci: «Toutes les créatures de Dieu, se mouvant dans l’harmonie de la Science, sont inoffensives, utiles, indestructibles.» (p. 514) Je le confirme, elles sont «indestructibles»! Seulement, j’ai longtemps utilisé ce mot dans un sens différent de celui de l’auteur, qui fait allusion à la nature spirituelle de la Création. En désespoir de cause, il m’est arrivé d’être «violent» à l’égard de certains insectes «ravageurs», ainsi qu’on les appelle. Mais je n’ai jamais réussi à les éliminer. Plus je m’acharnais à les bannir de mon jardin, plus ils revenaient en force. Ils étaient effectivement «indestructibles»! A l’époque, je n’arrivais pas encore à voir qu’ils étaient «inoffensifs» ou même «utiles».
Je ne suis malheureusement pas le seul à avoir rencontré ce genre de problèmes. L’agriculture mondiale subit des pertes énormes à cause de ces prétendus insectes nuisibles. On emploie contre eux toutes sortes de pesticides et on recommence inlassablement chaque année, mais sans jamais d’effet durable.
Aujourd’hui, la survie des abeilles semble être menacée partout dans le monde à cause de la quantité industrielle de pesticides utilisés contres les insectes ravageurs. Si les abeilles disparaissent, qu’en sera-t-il de la pollinisation de nos fruits et légumes? On peut penser que l’homme n’a rien à voir avec ces insectes, mais les abeilles jouent cependant un rôle important au sein de la Création. Toutes les créatures nous serviront avec respect à condition que, nous aussi, nous les traitions avec respect et gratitude. Quand nous les traitons avec mépris, cela nous retombe dessus!
Nous pouvons reconnaître que tout ce qui a trait à notre foyer et à nos relations avec les autres occupe la place que Dieu lui a donnée.
«Ne trouverons-nous de refuge que dans des moyens matériels pour nous soustraire à la fatalité du hasard? Ne sommes-nous pas divinement autorisés à vaincre la discordance sous toutes ses formes par l’harmonie, par la Vérité et l’Amour?» s’interroge Mary Baker Eddy dans Science et Santé (p. 394). L’utilisation de pesticides contre ce que l’on considère être des insectes ravageurs heurte ma conception de la domination divine dont il est question dans le récit biblique de la Création. Nous sommes «divinement autorisés» à surmonter ces nuisances, comme il est indiqué dans le premier chapitre de la Genèse, lorsque Dieu déclare: «Qu’il [l’homme] domine sur les poissons… les oiseaux… le bétail… et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.» (Genèse 1:26)
J’ai ressenti le besoin impérieux de réfléchir à cette «domination». Dans la Création parfaite, la domination n’est pas le pouvoir d’éliminer ni de gaspiller, mais la promesse que nous pouvons exercer une autorité sage et responsable sur tout ce qui concerne notre existence, et ce, au bénéfice de l’ensemble de la communauté mondiale. La Bible déclare que Dieu a tout mis sous les pieds de l’homme (voir psaume 8:7), mais pas pour que celui-ci piétine et tue tout! Il existe une meilleure façon d’exercer une domination responsable sur la Création quand on perçoit la nature inépuisable et inoffensive de toute la Création spirituelle.
Mary Baker Eddy explique que «toutes les créatures de Dieu» se meuvent «dans l’harmonie de la Science», ce qui comprend naturellement la soi-disant vermine. La Prière du Seigneur m’a été utile pour trouver cette harmonie. Nous ne prions pas en disant «mon Père qui es aux cieux», mais «notre Père…» (voir Matthieu 6:9). De cette façon, nous nous unissons avec bienveillance à toute la Création, laquelle, bien sûr, comprend tous les animaux et toutes les plantes, et même les insectes. Nous habitons déjà dans une maison commune, où tous les événements de notre vie se déroulent en réalité harmonieusement. Si nous faisons preuve de bonté céleste en toutes circonstances, en tant que créatures parfaites de Dieu, nous atteignons plus facilement cette «harmonie de la Science»!
J’ai acquis cette conscience respectueuse de l’environnement à plusieurs reprises lorsque des tiques ont voulu se nourrir de mon sang. J’ai appris qu’au lieu d’en avoir peur, je devais voir et apprécier en elles des créatures de Dieu. Chaque fois que j’ai pensé ainsi, elles ont disparu sans se nourrir à mes dépens!
Vivre en harmonie avec les frelons n’a pas été aussi simple. Une année, ils s’en étaient pris à mes poires avant même que les fruits aient mûri. Une seule poire ne suffit pas à les rassasier. Je me suis dit que ce serait juste de leur accorder une petite partie de notre récolte, étant donné que nous vivons tous sur la même parcelle de terrain. Cela m’a fait penser à la «dîme» dont parle l’Ancien Testament, la dixième partie des récoltes que les israélites devaient apporter au temple. J’ai considéré alors que le comportement des frelons exigeait de moi une compréhension spirituelle plus élevée. J’avais espéré une récolte abondante, mais j’avais l’impression d’avoir travaillé pour rien. Ce sentiment d’impuissance m’était familier. J’ai fait l’inventaire de tous mes échecs passés. Il y en avait quelques-uns, et je me suis dit que j’étais «nul». Mais était-ce bien vrai? Lorsque j’ai voulu compter le nombre de mes réussites et des bienfaits reçus de Dieu, je n’avais pas assez de doigts et d’orteils pour additionner toutes les bonnes choses dont je me souvenais. J’étais rempli de gratitude. Alors les frelons ont disparu. J’en ai tiré une leçon: soyons davantage reconnaissants des bonnes choses que la vie nous donne! Plus tard, lorsque j’ai séché les premiers fruits, les frelons sont revenus, ils ont attrapé les guêpes et chassé les mouches. Non seulement je n’avais plus à les craindre, mais ils étaient devenus vraiment utiles.
Si nous cherchons «le royaume de Dieu» et agissons de façon appropriée, nous vivrons en paix avec toute la création de Dieu.
De façon similaire, les pucerons m’ont incité à adopter un point de vue moins craintif sur la coexistence des créatures de Dieu. En général, les pucerons se nourrissent de la sève des plantes vertes quand celles-ci sont encore fragiles. D’après ce que j’ai pu observer, les pucerons soulagent les boutons de rose d’un trop grand afflux de sève. Quand je m’en suis aperçu, j’ai béni ces insectes. J’ai aussi remarqué que lorsqu’ils ne se sentaient plus menacés, les pucerons ne se multipliaient plus et disparaissaient dès que les roses s’épanouissaient.
Hanté par la peur des insectes ravageurs, on en arrive vite à oublier l’essentiel: on ne cultive pas des fleurs, des fruits et des légumes pour avoir des problèmes mais pour les apprécier! C’est ainsi que l’on reflète l’amour et la joie que, selon la Bible, Dieu éprouve pour Sa création. Il est écrit: «Dieu vit tout ce qu’il avait fait; et voici, cela était très bon.» (Genèse 1:31) Pensons-nous chaque jour, même en hiver, avec gratitude et amour à tous les êtres vivants qui peuplent nos jardins et la Création entière? Nous pouvons les soutenir en les voyant enfin comme des expressions de la Vie divine. Chaque matin, je reconnais «ce ciel et cette terre, habités par des êtres que gouverne la sagesse suprême» (Science et Santé, p. 91).
Toutes les créatures peuvent-elles se sentir bien dans nos jardins? Bien sûr! à condition de reconnaître que tout ce qui a trait à notre foyer et à nos relations avec les autres occupe sa juste place, ou plutôt la place que Dieu lui a donnée, car tout est «sous le gouvernement de la sagesse suprême».
«Cherchez plutôt le royaume de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus.» (Luc 12:31) Quand on aura assimilé cette exigence énoncée par Jésus, et que l’on adoptera un comportement approprié à l’égard de toute la création de Dieu, on verra plus facilement se manifester le gouvernement de la sagesse suprême. Alors les créatures – inoffensives, utiles et indestructibles – qui vivent en milieu naturel ne se comporteront plus comme des insectes ravageurs, et nous connaîtrons, de façon merveilleuse, la paix sur terre.