Nombreux sont les Européens qui pensent que les progrès considérables accomplis par leur continent depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale tiennent presque du miracle. Au lieu d’avoir des relations basées sur la peur et l’hostilité, les pays membres de l’Union Européenne (dont certains étaient des ennemis jurés durant la guerre) font du commerce entre eux et vivent en bonne entente depuis de nombreuses années. En 1999, de nombreux pays de l’Union Européenne ont formé une union monétaire appelée la zone euro et depuis, dix-sept de ces pays ont adopté l’Euro. Les difficultés financières persistantes que connaissent certains membres de la zone euro posent de sérieux problèmes à l’ensemble de la communauté et pourraient avoir un impact sur l’économie mondiale. Les trois auteurs de cet article expriment quelques idées spirituelles inspirées par leurs prières et évoquent certains problèmes au sein de l’Europe pour lesquels il serait utile de prier.
Michaela von Burski (Allemagne) : Au nombre de ceux qui ont œuvré en faveur de la paix mondiale et qui ont fait progresser l’idée d’une Europe unie après la Deuxième Guerre mondiale, j’aimerais citer ici Frank Buchman, fondateur du « Réarmement moral ». M. Buchman a œuvré pour établir des liens d’amitié entre les deux ennemis qu’étaient l’Allemagne et la France ; il était convaincu que seuls des fondements éthiques et moraux pouvaient assurer une coopération véritable et une paix durable entre les nations.
Aujourd’hui l’Europe connaît de nombreux défis économiques et politiques et le fait d’attacher une plus grande importance à la morale et à l’éthique me semblerait bien utile. Au lieu d’accepter que la corruption, les pensées bornées et le refus du changement fassent partie de notre réalité, nous pouvons, dans nos prières, les rejeter en tant qu’impostures et insister sur la suprématie du gouvernement de Dieu. Alors même que certains pays de la zone euro subissent une terrible crise économique, il est possible d’avoir des attitudes et des initiatives bienveillantes et constructives, lorsqu’on est inspiré par cette vision plus élevée de l’amour de Dieu pour l’humanité.
L’honnêteté, l’intégrité, la recherche du bien-être collectif sont des qualités précieuses. Dans son discours pour Noël 2012, le président allemand Joachim Gauck a déclaré : « Ce dont l’Europe a besoin d’un point de vue politique c’est de solidarité, d’un point de vue religieux, de charité, et d’un point de vue humain, d’amour. »
Il faut du courage pour renoncer à son périmètre de confort afin de connaître la joie de l’altruisme qui œuvre en faveur du bien commun. Cette approche spirituelle et pratique est très bien décrite par Mary Baker Eddy : « Dieu donne l’idée moindre de Lui-même comme chaînon à la plus grande, et en retour, la plus grande protège toujours la moindre. Les riches en esprit aident les pauvres, formant une grande fraternité, ayant tous le même Principe, ou Père ; et béni est celui qui voit le besoin de son frère et y pourvoit, trouvant son propre bien en cherchant celui d’autrui. » (Science et Santé avec la Clef des Ecritures, p. 518)
La paix et l’unité offrent une base solide à la croissance, au bien-être et au bonheur, tant individuels que collectifs. Mais à certains moments, on a besoin de défendre avec vigueur ces conditions spirituelles, comme c’est le cas aujourd’hui, au sein de la zone euro.
Myriam Betouche (France) : Beaucoup d’observateurs pensent que nous sommes maintenant « bloqués à mi-parcours ». La zone euro a une monnaie unique mais elle n’a ni réglementation fiscale ou sociale commune, ni coordination budgétaire entre ses membres. Cela crée des défis douloureux pour les pays du sud qui ont déjà subi des mesures d’austérité sans que leurs populations voient de grands progrès vers un retour à des conditions de vie normales.
Quand vous traversez une rivière, il est très dangereux de s’arrêter au beau milieu. Soit vous avez le courage d’aller de l’avant, soit vous faites demi-tour. Mais une fois que vous avez franchi la moitié de la distance, il est généralement préférable de terminer la traversée, même si cela n’est pas facile. Vous récoltez les fruits de vos efforts à la fin du parcours. A mes yeux, cet énoncé de Science et Santé confirme ce point : « Une phase instable et transitoire n’est jamais désirable en soi. » (p. 65)
Outre la nécessité d’avoir des dirigeants courageux qui sachent guider les pays pour que ceux-ci puissent « traverser la rivière » et trouver des solutions communes, nul ne peut ignorer l’évolution du monde et continuer à vivre dans le « musée » du passé.
Autre danger : certains pays pourraient quittent la zone euro à cause des manipulations politiques d’extrémistes de droite ou de gauche. Chaque pays partenaire doit faire des concessions mutuelles, être flexible et travailler avec les différents systèmes de gouvernement afin de soutenir les citoyens de tous les pays de l’Union Européenne.
Ces paroles de Mary Baker Eddy pourraient inspirer nos prières : « Tout ce qui est bon dans ce que j’ai écrit, enseigné ou vécu est venu du fait que j’ai porté la croix et grâce à l’oubli de moi-même et à ma foi dans le bien. La souffrance ou la Science, ou toutes deux, dans la mesure où leurs enseignements seront assimilés, montreront le chemin, abrégeront le processus et rendront complètes les joies provenant de la soumission aux méthodes de l’Amour divin. » (Ecrits divers 1883-1896, p. 213) Les méthodes de l’Amour divin n’encouragent ni les extrémismes nationalistes, ni la glorification du « bon vieux temps », ni la volonté des pays plus riches de se séparer des pays plus pauvres, car chacun a besoin des autres, non seulement pour parvenir à la prospérité matérielle, mais également pour bénéficier de cette diversité des identités, des langues et des cultures qui caractérisent et enrichissent l’Europe.
Les peurs propres à chaque pays doivent aussi être surmontées : peur de perdre son identité et son indépendance, peur de perdre ses racines, son histoire et sa culture, puisque les flux d’immigration modifient la composition de la population.
Comme il est écrit dans Science et Santé : « Ce sens scientifique de l’être, qui abandonne la matière pour l’Esprit, ne suggère aucunement l’absorption de l’homme en la Divinité ni la perte de son identité, mais confère à l’homme une individualité plus développée, une sphère de pensée et d’action plus étendue, un amour plus expansif, une paix plus haute et plus permanente. » (p. 265)
Elizabeth Mata (Espagne) : La prière que l’on adresse au Dieu unique, la Vie et l’Amour divins, ouvre le cœur au bien infini qui est disponible pour tous et révèle la solution à chaque besoin. La prière est une vraie force en faveur du bien et ne connaît aucune limite. C’est une lumière qui perce les ténèbres des conceptions humaines limitées concernant les cultures et les pays. Elle élimine la tentation de s’accrocher à des points de vue dépassés qui refusent le changement progressif et brossent un tableau sombre de l’avenir.
Cela m’est toujours utile de savoir que la lumière du Christ – la lumière du pouvoir guérisseur et libérateur de Dieu – perce la brume et l’obscurité des lois et des concepts matériels qui voudraient empêcher les individus et les gouvernements de savoir comment aller de l’avant.
Chacun de nous possède, au plus profond de lui, le désir de progresser. C’est là le pouvoir toujours agissant de l’Amour qui triomphe des résistances négatives et libère la pensée figée dans la crainte de perdre ce qu’elle possède ou de n’avoir jamais assez.
L’effort, la patience, les compromis et le renoncement à ses propres opinions sont nécessaires dans les relations personnelles. Cette exigence n’est pas moins importante face au multiculturalisme des citoyens européens, qui sont souvent en contact les uns avec les autres, notamment par le biais de leurs gouvernements et de leurs institutions. Une confiance plus grande peut élever la pensée et confirmer l’impuissance de la corruption, de la tromperie et du mal sous toutes ses formes.
Mais sur quoi repose cette confiance ? Sur la conviction que Dieu gouverne. « Confie-toi en l’Eternel de tout ton cœur, et ne t’appuie pas sur ta sagesse ; reconnais-le dans toutes tes voies, et il aplanira tes sentiers. Ne sois point sage à tes propres yeux, crains l’Eternel et détourne-toi du mal. » (Proverbes 3:5-7) Cela m’aide de prier pour savoir que Dieu ouvre mes yeux et ceux de mon prochain (ici ou ailleurs) aux recommandations et aux bénédictions puissantes contenues dans ces versets.
Le fait de reconnaître dans la prière (et ce sans réserve), qu’aucun de nous ne saurait être séparé de l’intelligence, de la compréhension et de la sérénité du Dieu créateur conduit à prendre des mesures courageuses, et même à faire des progrès considérables dans la résolution des problèmes mondiaux, notamment ceux auxquels la zone euro fait face.
Nous pouvons prier pour savoir que la lumière du Christ, présente en chacun de nous, détruit la confiance trompeuse dans tout concept religieux, politique, social et économique qui entretient la complaisance et bloque les progrès.
En même temps, le Christ met en lumière la confiance qui reconnaît en Dieu la seule puissance et la seule présence, et qui s’appuie sans réserve sur Lui. Le Christ s’adresse directement aux individus et, par conséquent, à leur pays et à leur gouvernement. Les enfants de Dieu – tout homme, toute femme et tout enfant – font naturellement confiance aux directives de Dieu qui indique à chacun le bon chemin. Cette promesse qui était vraie au temps d’Esaïe l’est tout autant à notre époque : « Tes oreilles entendront derrière toi la voix qui dira : Voici le chemin, marchez-y ! car vous iriez à droite, ou vous iriez à gauche. » (Esaïe 30:21)
La confiance en cette promesse nous apportera de grands bienfaits – à nous et à tous ceux qui s’appliquent à résoudre les problèmes de la zone euro.