Il y a cinquante-huit ans Mrs. Eddy découvrit que la maladie est irréelle. Elle était couchée sur ce qui devait être, ainsi que le pensaient ses amis, son lit de mort, par suite d'un accident, qui, selon le dire de son médecin, serait probablement funeste, lorsque cette vérité lui vint comme un éclair, que seul l'Entendement divin est la cause et que tout effet est mental. Elle discerna avec la même rapidité que tout ce qui est dissemblable à l'Entendement parfait est irréel,— et elle fut guérie instantanément. Elle avait fait la grande découverte que le mal sous toutes ses formes, y compris la maladie, c'est-à-dire les infirmités, est irréel.
Après cette guérison Mrs. Eddy se consacra à l'étude de la Bible, où elle trouvait des preuves écrasantes du pouvoir qu'a Dieu de détruire tout ce qui est dissemblable au bien. Elle lut sur ses pages que bien souvent la foi en Dieu avait sauvé et protégé les hommes, même une foi qui n'était que maigrament soutenue dans certains cas par la compréhension spirituelle. Elle comprit que les merveilles accomplies par Christ Jésus étaient le résultat de sa connaissance de Dieu; que toute guérison qu'il effectua était due à sa compréhension de la perfection de l'être de Dieu, et que, par conséquent, ce qui semble imparfait ne fait pas partie de la création de Dieu, n'a aucune existence réelle, aucune réalité. Elle identifia donc la guérison par la Science Chrétienne — guérison que produit la compréhension de la totalité du bien et de l'irréalité du mal — avec celle du Maître, qui, ainsi que saint Matthieu le relate, avait donné des instructions à ses imitateurs, en disant: "Et, sur votre route, prêchez et dites: Le royaume des cieux est proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, nettoyez les lépreux, chassez les démons."
Beaucoup de gens essayent de déprécier, s'ils ne s'efforcent pas de rabaisser entièrement, la découverte de la Science Chrétienne, en prétendant que les malades peuvent être guéris par des moyens spirituels sans admettre l'irréalité du mal. Mais pareille attitude déshonore Dieu; car, ainsi que le soutient la Science Chrétienne, puisque Dieu est le bien infini, le mal doit être irréel. Il est impossible de concevoir que le bien infini puisse renfermer en lui-même le moindre vestige de ce qui prétend être précisément son opposé. Aussi Mrs. Eddy a-t-elle à juste titre soutenu que la Science Chrétienne diffère radicalement de tout autre système. Aux pages 9 et 10 de "Unity of Good" elle écrit: "Quel est le point cardinal qui distingue mon système métaphysique d'autres systèmes? Le voici: c'est qu'en reconnaissant l'irréalité de la maladie, du péché et de la mort, vous démontrez la totalité de Dieu. Cette différence sépare entièrement mon système de tous les autres."
Or, on peut admettre théoriquement que puisque Dieu, le bien, est infini, le mal, y compris la maladie, est irréel; mais comprendre "l'irréalité de la maladie" est tout autre chose. Et pourquoi cela? C'est que le prétendu entendement humain croit sans cesse que certaines pensées sont vraies alors qu'elles sont absolument fausses. Il s'attache parfois aux croyances erronées avec une telle ténacité, qu'elles ne peuvent être vaincues qu'avec difficulté. Chacun sait qu'un enfant peut croire que deux fois quatre font autre chose que huit, et rester ainsi dans cette erreur, jusqu'à ce qu'il soit corrigé par quelqu'un de mieux renseigné. Celui qui croit à la maladie en est au même point. La maladie est toujours une croyance erronée, ce n'est jamais la vraie conscience; et la croyance erronée devra être détruite par la vérité de l'être. Nous lisons à la page 461 du livre de texte de la Science Chrétienne: "Science et Santé avec la Clef des Écritures," ces paroles de notre Leader: "Pour prouver scientifiquement l'erreur ou l'irréalité de la maladie, il faut mentalement dévoir la maladie; alors vous ne la sentirez pas et elle sera détruite."
Il faut voir clairement que plus la pensée est matérielle plus il est difficile de comprendre que la maladie est irréelle; ou, en d'autres termes, plus la pensée est spiritualisée plus on se rendra compte de l'irréalité du mal, y compris la maladie. Puisqu'il en est ainsi, à quoi les malades et les pécheurs devraient-ils s'appliquer; à quoi le Scientiste Chrétien, qui s'est engagé à détruire la croyance erronée du mal, devrait-il s'appliquer? A spiritualiser la pensée. Tel est aujourd'hui le grand besoin du mouvement de la Science Chrétienne, comme aussi c'est le besoin criant de la Chrétienté toute entière. La guérison repose sur la spiritualisation de la pensée — la régénération — du genre humain.
Donc, dans la Science Chrétienne, l'étudiant ne perd jamais de vue le caractère essentiel de son travail, qui est toujours spirituel. Il faut toujours envisager la routine du travail de l'église comme secondaire en faisant des efforts pour apporter les nouvelles du salut par la vérité absolue — le Christ, la Vérité, telle que la Science Chrétienne l'a révélée —à l'humanité. Il faut par conséquent montrer une grande sagesse en subordonnant les voies et les moyens à l'acquisition de cette fin spirituelle, et écarter le vain étalage et l'ostentation pour faire place à la simplicité et la valeur. Il est facile au serpent de la mondanité de s'introduire dans la conscience. Il est aisé de l'empêcher d'y pénétrer en construisant un solide rempart de foi et de compréhension autour de nos pensées, nous rappelant toujours que Dieu, le bien, seul est réel.
