Dans la Science Chrétienne, nous nous trouvons en face de la tâche importante de maintenir, par le penser juste, ce dont Mrs. Eddy parle à la page 505 de “Science et Santé avec la Clef des Écritures” comme étant “la ligne de démarcation entre le réel et l'irréel.” A la même page, la signification du mot “étendue” [firmament] est donnée comme suit: “L'intelligence spirituelle, qui sépare la conception humaine, le sens matériel, de la Vérité.” Par ces mots, notre Leader affirme que seul le sens spirituel, c'est-à-dire l'intelligence spirituelle, peut distinguer entre le réel — ce que Dieu crée — et l'irréel, ce qui est la croyance humaine.
Cette Science présente, à la pensée spirituelle du néophyte, une conception de la création absolument nouvelle pour lui, et qu'il n'avait pas vue jusqu'alors. Il apprend à reconnaître Dieu, l'Esprit, en Sa perfection sublime, comme seul créateur, et l'univers, y compris l'homme, également dans sa perfection, tel que l'Entendement divin l'a créé. Ayant ce sens exalté, il contemple maintenant la prétendue création matérielle. Les erreurs et les imperfections du sens matériel sont vigoureusement mises en relief; et tandis qu'il se réjouit de la beauté divine, il se rend compte du néant de la contrefaçon. Il a maintenant acquis une mesure de la compréhension de “l'oreille qui entend” et de “l'œil qui voit,” et il apprend à refuser d'accepter le témoignage du sens matériel.
La Science Chrétienne enseigne que les erreurs des sens doivent être dévoilées afin d'être détruites. Le désir sincère d'obéir à cet ordre de la Science divine, pousse la pensée à reconnaître le prétendu mal. Dans le monde extérieur qui nous entoure apparemment, nous nous trouvons sans cesse face à face avec la nécessité de nous mêler aux gens et aux conditions qui semblent ne pas être compatibles avec nos conceptions les plus élevées de l'existence. Mais cela même nous donne la meilleure occasion de faire quelque chose pour le salut de l'humanité,— c'est-à-dire, de tirer “la ligne de démarcation entre le réel et l'irréel.” Le premier pas a été fait. Grâce à une compréhension plus claire de la vraie création, nous avons pu reconnaître les prétentions du mal. Mais il faut maintenant faire le second pas, qui n'est pas moins important et qui doit suivre le premier,— savoir, nier toute existence du mal, en dépit du témoignage des sens.
En réfléchissant à cette question, nous ferons bien de considérer le sublime exemple de notre Maître et de voir comment il la résoud. Nous lisons dans le cinquième chapitre de l'Évangile selon saint Matthieu, qu'après avoir commencé son travail de guérison en Galilée, Jésus enseigna à ses disciples et aux gens qui l'écoutaient les exigences morales nécessaires qui leur permettraient d'accomplir les œuvres de l'Esprit, s'ils y obéissaient. Nous l'entendons dire, entre autres choses: “Heureux les miséricordieux; car ils obtiendront miséricorde!” Cette recommandation s'applique aujourd'hui à tout étudiant sincère de la Science Chrétienne qui envisage les questions suivantes: Qu'est-ce que la vraie miséricorde? De qui demande-t-on la miséricorde, et qui est capable de l'exercer? Jésus de Nazareth dénonçait fortement toute erreur de pensée et d'action, sous quelque forme qu'elle se présentât à lui. Et cependant il dit à la pécheresse qu'on lui avait amenée: “Femme, où sont-ils, ceux qui t'accusaient? Personne ne t'a-t-il condamnée? ... Moi non plus, je ne te condamne pas; va, et ne pèche plus.”
Dans cet exemple, nous trouvons la réponse aux trois questions importantes mentionnées ci-dessus. La vraie miséricorde est le résultat de la compréhension spirituelle de ce qui existe en réalité, et cette qualité est le mieux reflétée par la conscience qu'une consécration sincère à la vérité de l'être a purifiée. La conscience qui est encore plongée dans la fausse croyance d'un moi imparfait, en dehors de Dieu, a besoin qu'on use de miséricorde, pour lui aider à sortir des ténèbres de la matérialité et à entrer dans la lumière de la compréhension spirituelle. Lorsqu'une personne souffrante demande l'aide d'un praticien de la Science Chrétienne, seul cet amour miséricordieux pourra produire la guérison.
Mais que dirons-nous de tous ceux qui passent outre? Voyons-les tous à travers la compréhension spirituelle, en tirant “la ligne de démarcation entre le réel et l'irréel.” Nous ne devrions jamais sanctionner le mal ni l'excuser; cependant nous devrions avoir une attitude affectueuse vis-à-vis de ceux qui sont aveuglés par le prétendu entendement mortel. Notre Leader était un brillant exemple de vraie miséricorde. Son œuvre sublime: “Science et Santé avec la Clef des Écritures,” avec toutes ses affirmations de la vérité, dénonce sévèrement les prétentions du mal; cependant, à la page 186 de ce livre, nous trouvons cette déclaration: “Si l'entendement mortel savait être meilleur, il serait meilleur.” Ceci ne montre-t-il pas clairement qu'il est nécessaire d'aider avec amour ceux qui sont trompés par la faiblesse de l'entendement mortel, afin de les amener graduellement à sortir de l'aveuglement moral, au lieu de les accabler de reproches? “Heureux les miséricordieux; car ils obtiendront miséricorde!”
Si nous sommes miséricordieux envers les autres, et que nous nous efforçons de les voir comme Dieu les voit, tout en dévoilant l'erreur si le Principe divin le demande, nous acquerrons alors nous-mêmes de la miséricorde en raison d'une compréhension plus véritable de l'idée spirituelle de l'homme, qui n'a pas besoin de pardon. Ainsi que Mrs. Eddy l'écrit à la page 300 de Science et Santé: “La Science sépare le froment de l'ivraie, grâce à la réalisation que Dieu est toujours présent et que l'homme reflète la ressemblance divine.”
