À travers tous les siècles de l'ère Chrétienne et jusqu'à nos jours, beaucoup de gens se sont attendus à la réapparition de Christ Jésus sur le plan de la conscience humaine; et on l'a quelquefois dénommée le second avènement. Même les petits enfants qui ont entendu énoncer cette pensée, ont souvent désiré avec ardeur la présence guérisseuse du Christ, dont on parle dans les Évangiles; mais ils ont rarement, sinon jamais, reçu beaucoup d'encouragement en posant des questions sur ce sujet; de sorte qu'avec la plupart de leurs aînés, ils en sont arrivés à chercher dans un autre monde la délivrance des maux de l'expérience mortelle.
Dans le vingt-quatrième chapitre de l'Évangile selon saint Matthieu, nous lisons que les disciples de Jésus lui demandèrent: “Quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde”? En leur répondant, le Maître commença par les avertir, et leur dit: “Prenez garde que personne ne vous séduise.” Puis, il ajouta que plusieurs viendraient en son nom, prétendant être le Christ, et que beaucoup de gens seraient séduits. Nous trouvons donc qu'il est nécessaire de percevoir nettement ce que la présence-Christ doit signifier dans tous les siècles. La Science Chrétienne n'enseigne certainement pas que l'on devrait considérer toutes affirmations purement personnelles de puissance ou d'autorité Chrétienne comme dignes d'être accueillies, car le Maître lui-même expliqua très clairement ce qui doit s'accomplir avant que le monde soit prêt pour le règne de la justice et l'empire du “Prince de la paix.”
Lorsque la révélation du Christ toujours présent vint à Mrs. Eddy avec la guérison,— et cela à un moment où elle en avait grand besoin,— la première personne qui la rencontra, étonnée de son rétablissement soudain et inattendu, lui demanda: “Le Christ est-il revenu?” A ces mots, Mrs. Eddy répondit, en substance sinon textuellement, par ces paroles: “Le Christ ne nous a jamais quittés;” et les Scientistes Chrétiens doivent toujours s'attacher à cette vérité. On ne peut nier que, selon le sens mortel, Dieu et Son Christ ont été absents du monde dans les terribles luttes de l'humanité, et nous pouvons même nous rappeler que, lorsqu'il était sur la croix, Jésus lui-même se sentit momentanément poussé à s'écrier: “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?” Cependant, les Scientistes Chrétiens ont appris qu'en dépit de tout témoignage des sens, le fait demeure que Dieu, le bien, est omniprésent et omnipotent.
A ce point, on soulèvera peut-être la question suivante: Alors, pourquoi discuter l'avènement du Christ de quelque manière que ce soit? La réponse est claire. A travers de longs siècles, les mortels ont accepté le témoignage d'une croyance presque universelle à la réalité de la maladie, du péché et de la mort; et ce témoignage continuera à se présenter jusqu'à ce que l'on comprenne et reconnaisse qu'aucune chose inférieure au pouvoir divin, tel que le démontra Christ Jésus, ne peut nous mettre à même de vaincre tous les maux de l'existence mortelle, ainsi que l'indiquent clairement les Écritures.
Bien que les Scientistes Chrétiens ne s'attendent pas à la réapparition de Jésus sous une forme personnelle, ils ont la pleine évidence de la toute-présence du Christ comme résultat de la grande révélation donnée à l'humanité dans la Science Chrétienne. Lorsque les disciples demandèrent à leur Maître: “Quel sera le signe de ton avènement”? ils croyaient probablement que, pour quelque temps, sa personne les quitterait uniquement pour reparaître sous une forme personnelle. A ce moment-là, ils n'étaient peut-être pas prêts à comprendre que, Dieu n'étant jamais séparé d'aucune de Ses idées, en réalité le Christ, en tant que “manifestation divine de Dieu, qui vient à la chair pour détruire l'erreur incarnée” (Science et Santé, p. 583), ne peut jamais être absent, quelque démenti que le sens matériel puisse donner à ce sujet, en raison de son ignorance concernant Dieu et Son idée. Le Maître lui-même n'a-t-il pas dit: “Et voici que je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde”? Un grand réveil devra cependant se faire, avant que la lumière de la compréhension spirituelle puisse percer la densité de la croyance matérielle, et cette lumière est certainement la réapparition du Christ, soit pour l'individu, soit pour les hommes et les nations.
Quant aux signes qui devaient marquer l'apparition du Christ dans tous les siècles, nous ferons bien de méditer sur la signification de ces paroles que nous lisons dans le seizième chapitre de l'Évangile selon saint Marc: “Et voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru: ils chasseront des démons en mon nom; ils parleront des langues nouvelles; ils prendront des serpents dans leurs mains; quand ils auront bu quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal; ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris.” Si l'on accepte le récit du Nouveau Testament, on ne peut nier qu'au temps de Jésus ces signes étaient pleinement en évidence; et nous ne voudrions certainement pas restreindre la manifestation du pouvoir divin à aucun pays ni à aucun siècle. Whittier, le poète américain, nous dit avec raison:
“Que tout le bien qu'a eu le passé
Demeure pour rendre nos jours heureux.”
De même, nous trouvons aujourd'hui, dans la Science Chrétienne, grâce à la perception de la toute-présence du Christ, les signes qui se multiplient de jour en jour et qui “accompagneront ceux qui auront cru.”
Tandis que bien des gens demandent les preuves de la réalité spirituelle qui se manifestent par la guérison de la maladie, avant qu'ils soient disposés à contribuer à l'établissement du royaume de Dieu sur la terre, il y a, en outre, beaucoup d'autres signes qui démontrent qu'aujourd'hui même, Dieu et Son Christ sont présents dans le monde. Certains prétendront peut-être que les ténèbres paraissent plus profondes et les luttes plus grandes que jamais, mais ceci ne fournit qu'une évidence de plus de la puissance avec laquelle la Vérité opère dans la conscience humaine en bouleversant et en renversant tout ce qui est dissemblable à Dieu. Dans le vingt et unième chapitre de l'Évangile selon saint Luc, le grand Maître expose en paroles qui nous font tressaillir la destruction finale de la croyance mortelle et matérielle. Voici quelques-uns des signes qui y sont mentionnés: “L'angoisse s'emparera des nations troublées. ... Les hommes rendront l'âme de frayeur, dans l'attente des maux qui viendront sur le monde.” Cependant, au milieu de tout cela, le Maître, descendant en quelque sorte jusqu'à notre niveau à travers les siècles, dit à ses fidèles imitateurs: “Redressez-vous et levez vos têtes, parce que votre délivrance est proche.” Ils devraient bien se redresser et lever la tête, car grande a été la vision que l'on peut distinguer à travers la nuée,— le Fils de l'homme venant “avec une grande puissance et une grande gloire.”
Tennyson, le poète anglais, écrit dans son “In Memoriam,” les lignes suivantes:
“Tu ne nous laisses pas dans l'inerte poussière.
L'homme que tu créas n'a pas su pour quel sort;
Il croit que tu n'es pas pourvoyeur de la Mort,
Et que tu l'as créé, toi, Justice et Lumière.”
Les œuvres de Mrs. Eddy nous enseignent que l'homme réel n'a jamais été dans la poussière, et qu'il n'en est jamais provenu; il n'a pas non plus été créé pour mourir. En réponse à la question: “Qu'est-ce que l'homme?” nous lisons dans le second chapitre de l'épître aux Hébreux: “Tu l'as couronné de gloire et d'honneur; tu as mis toutes choses sous ses pieds.” Dans la Science Chrétienne, la vraie idée de l'homme apparaît en ce siècle, à travers les nuages du sens mortel, avec puissance et grande gloire; et bien que cette idée ait été pleinement démontrée par la vie et les enseignements de Christ Jésus, il faut maintenant s'attendre à ce qu'elle apparaisse à chaque homme et par l'intermédiaire de chaque homme, non seulement dans la guérison de la maladie, mais aussi dans la destruction du péché et de tout ce qui produit l'iniquité. N'est-ce pas là ce que veut dire saint Paul, lorsqu'il écrit dans son épître aux Colossiens: “Christ en vous, l'espérance de la gloire”? Cela ne prouve-t-il pas que tout ce qui est matériel et injuste dans les gouvernements humains doit faire place à l'idéal divin de justice, de jugement et de droiture? Nous avons vraiment lieu de nous réjouir, lorsque tant de penseurs affirment avec assurance qu'il nous faut avoir recours au moral et au spirituel pour la délivrance des maux dont l'humanité est si fortement obsédée; et c'est bien, en réalité, un des signes qui annoncent d'une façon certaine l'avènement du Christ et du royaume de Dieu sur la terre.
Nous ne saurions trop souvent chercher à renouveler notre courage et notre inspiration en lisant, à la page 571 de “Science et Santé avec la Clef des Écritures,” les paroles de notre Leader, dépeignant le Révélateur comme “scribe immortel de l'Esprit et d'un vrai idéalisme,” et auxquelles elle ajoute: “Par sa force spirituelle, il a ouvert toutes grandes les portes de la gloire, et a illuminé la nuit du paganisme avec la splendeur sublime de la Science divine dont la lumière éclatante dissipe le péché, la sorcellerie, la sensualité et l'hypocrisie.” L'expérience par laquelle passa saint Jean dans l'île de Patmos, n'a peut-être pas son égale dans l'histoire humaine. Bien qu'il ne fût plus à même de se pencher sur le sein du Maître bien-aimé, mais qu'au sens mortel il reposât sur un rocher peu amical et limité par la mer, le Christ était cependant pour lui une toute présence; de sorte qu'il put dire sur un ton plein d'assurance: “C'est moi, Jean, qui ai vu”! Et quelle était la vision? Était-elle, de quelque manière, assombrie par l'édit cruel que rendit Néron? Point du tout! C'était Dieu avec les hommes, essuyant leurs larmes et détruisant à jamais le péché, la tristesse, la douleur et la mort. On oublie même la splendeur de la Jérusalem nouvelle: les portes formées de perles, la place de la ville en or pur, les murailles ornées de toutes sortes de pierres précieuses, lorsque l'on contemple avec sa vue spirituelle, comme le fit saint Jean, un monde racheté du péché et de la maladie, de la peine et de la mort, en vertu de la puissance du Christ, de la Vérité. Durant les trois années du ministère de Jésus, saint Jean avait perçu la préfiguration de toutes ces choses; car bien que les œuvres du Maître fussent glorieuses, elles n'étaient qu'une promesse de choses plus merveilleuses encore, voire même du salut universel pour toute la race humaine affligée.
Saint Jean pouvait bien écrire ces mots: “Me voici! Je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi. Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi-même j'ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône.” Le Christ, en tant que Vérité, ne frappe-t-il pas fortement à la porte du cœur humain, offrant, non pas le bien-être dans la matérialité, mais la victoire sur tout ce qui est dissemblable à Dieu? Combien d'entre nous écoutent-ils et ouvrent-ils la porte? Celui qui entend et obéit peut dire avec une entière joie et une pleine assurance: Le Christ est venu à moi!
