La tendance commune de l'entendement humain est de s'opposer à la contrainte. L'idée de restriction, de soumettre la propre-volonté à quelque autre pouvoir ou volonté, fût-ce même à la volonté de Dieu, engendre une vive opposition de la part de l'entendement charnel, qui se manifeste souvent par la colère et le ressentiment. Une analyse de la situation révèle que la difficulté fondamentale consiste à croire que le moi mortel est quelque chose; qu'il est une réalité ou entité, et doit être reconnu et entretenu afin que son identité soit établie. Cette attitude dénote la désobéissance et la révolte; et, si on ne la réprime, elle conduit à de graves difficultés, voire même, finalement, au désastre.
La Bible regorge d'exemples de calamités qui suivirent la désobéissance à la volonté de Dieu; cependant le genre humain a poursuivi son chemin négligemment, préférant apparemment suivre ce qu'il appelle son bon plaiser, même si ce genre de conduite devait amener la détresse et l'insuccès. St. Paul fit connaître aux Romains les conséquences de la désobéissance, en peu de mots et sans circonlocutions; il leur expliqua aussi le moyen d'en sortir,—"Car, de même que, par la désobéissance d'un seul homme, tous les autres ont été rendus pécheurs, ainsi, par l'obéissance d'un seul, tous les autres seront justes;" c'est c'est-à-dire, que par suite de son obéissance incomparable à la loi divine, Jésus devint l'Exemplaire de tout le genre humain.
Le sens plus étendu de liberté, que chacun désire posséder, ne s'acquiert jamais par la désobéissance, même du point de vue humain. Les exemples fréquents que nous avons de l'application des règlements relatifs à la circulation nous fournissent une excellente leçon. Une des rues les plus congestionnées du monde est probablement la Cinquième Avenue de la ville de New-York; cependant, au moyen de tours sémaphoriques placées à intervalles convenables, le mouvement du nord et du sud se rapporte si bien à celui de l'est et de l'ouest que, grâce à l'obéissance stricte aux règlements, l'aller et le venir s'accomplit avec rapidité et peu d'inconvénient. Donc, en subordonnant la volonté de l'individu à la règle générale, liberté de mouvement, même de l'individu, est grandement accrue.
Une des leçons qu'ont apprises les Scientistes Chrétiens est le besoin d'obéir; et cette nécessité, il faut le reconnaître, est divine plutôt qu'humaine. Apprendre que Dieu S'exprime Lui-même dans des idées parfaites, qu'Il gouverne par Sa loi immuable; que toutes Ses idées se déroulent en conformité absolue avec Sa volonté, chacune dans son orbite; et que ces idées constituent l'homme, c'est comprendre que la loi divine réclame l'obéissance. Mrs. Eddy dit à ce sujet dans "Science et Santé avec la Clef des Écritures," à la page 256: "Qui est-ce qui exige de nous l'obéissance? C'est Celui qui, selon le langage de l'Écriture, 'agit comme il Lui plaît tant avec l'armée des cieux qu'avec les habitants de la terre; il n'y a personne qui puisse arrêter Sa main, et Lui dire: que fais-Tu?'" Cependant on s'aperçoit que, malgré ce gouvernement apparemment restrictif, les idées de Dieu expriment une liberté parfaite, ne sont sujettes dans leurs activités à aucune restriction ni limitation, et reflètent les attributs divins dans la joie de cette parfaite absence d'assujettissement.
Par conséquent, puisqu'il importe à l'humanité d'acquérir la liberté la plus grande, son problème n'est-il pas de restreindre la volonté humaine,— c'est-à-dire de la soumettre à la volonté de Dieu,— dévoilant ainsi progressivement Son dessein à l'égard de l'homme? Cependant, c'est une chose que l'entendement mortel conteste. Sachant que la restriction présage l'élimination définitive et la destruction, il résiste, se révolte et obstrue jusqu'à ce qu'il se détruise lui-même en exposant son propre néant. Tel qu'une machine à vapeur qui a perdu son régulateur, il se brise lui-même en morceaux par sa propre opiniâtreté. D'un autre côté, les bons et durables résultants de l'obéissance sont nombreux. Quiconque tâche de se conformer à la loi divine en obéissant à la volonté de Dieu telle que l'exposent les enseignements de la Bilbe, acquiert la liberté proportionnément à cette obéissance. "Si vous obéissez de bon cœur, vous mangerez les meilleurs produits du pays," déclare Ésaîe et il ajoute: "Mais si vous résistez, si vous êtes rebelles; vous serez dévorés par l'épée." La récompense pour l'obéissance et les châtiments pour la désobéissance pourraient difficilement être énoncés d'une manière plus frappante. Le romancier écossais, George Macdonald, se sentit si pénétré du désir d'obéir à la volonté de Dieu qu'il fut à même de déclarer dans son livre intitulé "Marquis of Lossie": "Je trouve que si j'accomplis la volonté de Dieu, il ne me reste plus de temps pour disputer sur Ses plans." Aussi croit-on facilement qu'il acquit un sentiment très clair de sa liberté.
Par conséquent, l'obéissance signifie la conformité à la loi divine de l'univers, la volonté de Dieu. Comment acquérir la connaissance de Sa volonté et comment y obéir, voilà des questions importantes auxquelles il convient de répondre. La Science Chrétienne indique le moyen par lequel on peut acquérir la compréhension de Dieu et de Ses voies; et ce n'est point du tout une tâche impossible, ainsi que pourraient le croire ceux qui n'y sont pas initiés. En vertu du développement du sens spirituel, que Mrs. Eddy a si parfaitement décrit comme étant "la faculté conscience et constante de comprendre Dieu" (Science et Santé, p. 209), on fait des progrès dans la voie de l'obéissance. A mesure que les prétentions de la matière sont mises de côté, chaque pas est accompagné d'un nouveau sentiment de liberté, et l'on reconnaît que l'obéissance est la conformité au divin,— un processus de développement de la conscience spirituelle, par lequel toute limitation disparaît: c'est connaître Dieu et suivre Ses commandements.
Notre Leader ne nous laisse aucun doute touchant l'importance de l'obéissance pour la démonstration du véritable moi de l'homme. A la page 82 de laneous Writings" elle dit: "L'homme est le rejeton et l'idée de l'Être Suprême, dont la loi est parfaite et infinie. Obéissant à cette loi, l'homme manifeste pour toujours les béatitudes infinies de l'Être; car il est l'image et la ressemblance de la Vie, de la Vérité et de l'Amour infinis." Cette obéissance se traduit en termes de liberté, car l'homme réel n'est pas embarrassé par les restrictions de la matérialité, et sa liberté est parfaite et harmonieuse.
