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Le Second Mille

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de mai 1922


"C'est inscrit sur la terre, sur la feuille et la fleur:
L'Amour a une seule race, un seul royaume, une seule puissance.”

Voilà ce qu'écrit la Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne, Mary Baker Eddy (Poems, p. 22). Mais voyez les efforts que fait l'entendement humain pour renverser chaque partie de ce merveilleux énoncé. "Regardez autour de vous," dit le railleur matériel. "Où trouvez-vous, dans tout le domaine du sens physique, de quoi justifier pareille théorie? La nature présente l'évidence, non d'une seule puissance, mais d'un grand nombre de puissances; assurément, l'humanité s'approche lentement de l'idéalime seule race, d'un seul royaume,' ainsi que le témoignent les éternels soulèvements de la terre et les terribles collisions des croyances et des opinions divergentes. Mais," dira peut-être encore le railleur, "voyez donc l'évidence d'un grand nombre d'entendements, même parmi les travailleurs de la Science Chrétienne-eux qui prétendent suivre et servir le seul Entendement!"

Inutile de nier le fait que, si les images présentées par les sens matériels et à ces sens constituent réellement la vérité de l'être, il ne peut y avoir un Dieu tout-aimant, infiniment bon. Un homme souffrant d'un mal très douloureux demanda un jour à un Scientiste Chrétien de lui donner une pensée salutaire à laquelle il puisse se river. "Réfléchissez bien à ceci," dit le Scientiste; "s'il est vrai que vous avez des douleurs, il n'y a donc point de Dieu!" "Cependant," dit l'autre, "je sais que j'ai des douleurs!" "Rappelez-vous alors," répliqua le Scientiste, "que cela veut dire que le Dieu tout-aimant qui est le bien omniprésent n'existe pas." "Mais," interrompit l'autre, "je sais qu'il y a un Dieu qui est bon!" "Conséquemment, il n'y a rien de vrai dans ce sens de douleur," persista logiquement son ami.

La lutte continua durant des heures. Les sens matériels soutenaient que leurs arguments étaient vrais et réels, et ne purent en démordre qu'à la conviction naissante de l'omniprésence du bien. L'injonction des Écritures s'imposait: "Choisissez aujourd'hui qui vous voulez servir;" et lorsque le malade qui souffrait finit par choisir Dieu, le bien, et qu'il se détourna du témoignage des sens comme on se détourne d'une triste image, se rendant compte qu'elle ne renferme ni vérité ni réalité, le phantôme de la douleur se mit à vaciller et disparut dans le domaine des rêves oubliés.

Ainsi, lorsqu'il se trouve en face de ce drame discordant de l'existence humaine, qu'il le voit changer et se dérouler avec rapidité, l'étudiant de la Science Chrétienne apprend à ne pas être terrorisé mais à soutenir sa cause tranquillement, avec calme et confiance, s'attachant à des vérités comme celles qui sont citées plus haut: "L'Amour a ... un seul royaume, une seule puissance." Il sait que si cette donnée est vraie, la croyance à un grand nombre d'entendements n'est pas vraie. Si, en vérité, l'Amour n'a qu'un royaume, qu'une race, les arguments selon lesquels il y aurait des divisions et des haines et des opinions antagonistes, ne sont donc pas vrais. Le courageux Saul de Tarse refusa soit de transiger soit de s'arrêter à mi-chemin lorsqu'il se trouva en face d'un problème qui l'obligeait de choisir entre l'idéal d'un Dieu bon et les apparentes fragilités de l'homme mortel. Avec le courage et la fermeté d'un Luther, il cloue cet arrêt aux portes de la controverse théologique: "Que Dieu plutôt soit reconnu vrai, et tout homme menteur."

"Ah!" dit un sérieux étudiant de la Science Chrétienne, "quelle peine je me suis donnée pour tâcher de résoudre mon problème de cette façon! Et pourtant dans mon église branche il semble y avoir tant d'esprits différents,— tant d'opinions divergentes,— et bien souvent nous ressemblons plutôt à des étrangers parlant des langues peu connues, qu'à des frères d'une même race et d'un même royaume."

En effet, il serait vraiment étrange que la croyance du mal ne tentât pas de harasser et de décourager les enfants d'Israël de ces derniers temps dans les efforts qu'ils font pour atteindre à la terre promise de l'Esprit. Les Israélites d'autrefois poursuivirent-ils leur chemin à travers les déserts sans être troublés ni assaillis? Ne furent-ils pas préservés de l'inertie spirituelle et du sentiment de bien-être dans les sens par les occasions qu'ils eurent, l'une après l'autre, de prouver la proximité et l'actualité du bien? Et les ennemis n'étaient pas toujours ceux du dehors; la bataille ne se livrait pas toujours avec les Phéréziens et les Jébusiens, car c'est des rangs des Israélites que sortirent ceux qui se révoltèrent contre la direction de Moïse et d'Aaron, et l'Écriture montre d'une manière significative comme la terre s'ouvrit et les engloutit — avec tout ce qui leur appartenait. Cependant, au dedans comme au dehors, l'ennemi était le même,— l'unique mal, l'adversaire, ce qui prétend renverser et détruire le bien. Mais la Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne demande paisiblement dans "Science et Santé avec la Clef des Écritures" (p. 563): "Pourquoi serions-nous frappés d'épouvante devant ce qui n'est que le néant?" Alors la question suivante se présente: Mais comment puis-je me river à la vérité de l'être, et en même temps marcher avec des frères qui, selon moi, sont manipulés par l'adversaire? Jésus ne paraissait point se laisser troubler par un problème de ce genre. Il dit: "Si quelqu'un veut te contraindre de faire un mille avec lui, fais-en deux." A la lumière de ces instructions, ne pourrions-nous pas dire à un frère dont les opinions diffèrent des nôtres: "Mon ami, je ne puis pas tomber d'accord avec vous sur cette question, mais nous sommes frères. Je suis du côté de la minorité— pourtant je marcherai avec vous, sachant que 'L'Amour a une seule race, un seul royaume, une seule puissance;' et cet Amour assurément fera disparaître nos divergences"?

Ah! quelles merveilleuses possibilités nous offre cette marche de deux milles avec ce frère qui diffère d'opinion avec nous! Même au cours du premier mille la douceur et l'amour Chrétien de l'un commenceront nécessairement à fondre l'opposition et l'apparente obstination de l'autre; mais lorsque l'on entreprendra de faire le second mille,— lorsque le frère hostile verra qu'il a à ses côtés la merveille d'un être, homme ou femme, si pénétré du fait spirituel de la paternité de l'Amour et de la fraternité des hommes qu'il refuse de voir ou d'admettre, comme réel, tout sens de haine ou de séparation, et qu'il donne des preuves pratiques de cette conviction en refusant même de se séparer de ses frères,— que de choses vraiment grandes l'on pourra attendre alors! Ceci n'implique aucunement l'abandon du Principe divin. Cela implique que le chemin s'ouvre pratiquement pour la démonstration du Principe; que l'on peut être si certain du triomphe de l'idée juste et du détrônement de la suggestion, que l'on réussit littéralement à ne plus faire aucun cas des arguments du mal; et cela fait, on agit, fermement convaincu qu'il en est ainsi!

Il est peut-être raisonnable de supposer que les Israélites ne sont pas tous tombés d'accord sur la question de faire le tour des murailles de Jérico autant de fois et de la manière que l'ordonna Josué. Au fait, certains auront peut-être trouvé la chose tout à fait contraire à leurs idées concernant le procédé suivant lequel on devait prendre une ville. Néanmoins, le fait demeure que dans ce cas, apparemment, la plupart des factions étaient prêtes à s'unir, à marcher ensemble, et au temps voulu, à pousser des cris tous ensemble. De sorte qu'ils accomplirent la démonstration finale du triomphe qui doit avoir convaincu le plus incrédule, sinon le plus rebelle Israélite, que le chemin que poursuivait Josué était la voie du Principe.

Assurément, quelques-uns de l'armée d'Israël se seront peut-être dégoûtés de la marche, seront peut-être sortis des rangs au bout du premier jour, disant: "Il m'est impossible de marcher avec ces gens. Ils m'irritent; et je ne suis pas sûr non plus que Josué soit celui qui doit nous conduire"! Aussi les armées triomphantes d'Israël avancent-elles sans eux, et lorsque les grands cris de victoire retentissent enfin, ils ne les entendent point; car ils sont loin, très loin, parlant en vain de suivre le Principe, mais ne suivant en réalité que les sentiers détournés de leur amour de soi et de leur propre-volonté. S'ils avaient consenti à faire le second mille, puis le troisième, et même le quatrième, si le besoin le demandait, tout en se rattachant au fait glorieux que ce qui gouvernait c'était le Principe, et que "toutes les prétentions de la terre et de l'enfer" ne pouvaient séparer ni confondre les enfants de Dieu, ils auraient pu, eux aussi, prendre part aux chants de victoire lorsque s'écroulèrent les murs de Jérico!

Oh! la joyeuse récompense du second mille! Les occasions de bon service et d'assistance qui vont, comme les marguerites, croissant à profusion, le long du chemin! L'assurance paisible que l'on peut avoir, qu'en effet l'on travaille avec le Principe qui est Amour, et que, par conséquent, l'on sera bien gouverné, bien conduit, et délivré du mesmérisme des décisions du moi et des sens! "Mais," interposera peut-être quelque compagnon de voyage: "admettons que je me sois efforcé de faire le second mille, voire même le troisième, et puis le quatrième pour résoudre le problème de mon église et de mon intérieur, et que pourtant la nuit continue? Combien de milles faudra-t-il que je fasse encore?" Il est certain que Mrs. Eddy répond explicitement à cette question dans le chapitre sur "Le Mariage" à la page 67 de "Science et Santé avec la Clef des Écritures," où elle dit: "Espérant et travaillant, on devrait se cramponner à l'épave, jusqu'à ce qu'une propulsion irrésistible précipite la destruction ou que le soleil vienne égayer la mer troublée." Mais alors même qu'il semblerait que nous dussions abandonner "l'épave," faisonsle en remportant une bénédiction; car quoi que nous disent les sens, quelque terrible que puisse paraître l'image de la vie humaine, le grand et glorieux fait demeure, qu'il y a, en vérité, un Père-Mère, une famille harmonieuse; car "L'Amour a une seule race, un seul royaume, une seule puissance."

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