A la page 249 de “Miscellaneous Writings” Mrs. Eddy, notre bien-aimée Leader dit, en écrivant sur “L'Amour”: “Quel mot! Je suis dans le ravissement. Que de mondes sur mondes sur lesquels il a carrière et règne en souverain! l'existant en soi, l'incomparable, l'infini Tout du bien, le seul Dieu, c'est l'Amour.” Là où une femme comme elle est dans le ravissement, il semblerait presque que les moindres mortels dussent hésiter même à s'approcher. Et pourtant, combien chaque cœur cherche à comprendre l'Amour! Combien tous désirent ardemment entrer dans son merveilleux secret et recevoir sa bénédiction si vivement attendue!
Dès que la Science Chrétienne a pénétré dans notre vie, il nous semble que nous l'avons assez bien comprise, et nous commençons à en parler comme si nous avions déjà atteint à sa plénitude. Puis vient l'épreuve! L'occasion de guérir instantanément quelque maladie invétérée se présente. Mais hélas! la guérison ne s'ensuit pas toujours. Alors nous commençons à voir un peu ce que signifient ces paroles de Mrs. Eddy à la page 312 de “Miscellaneous Writings”: “Oh! puisse l'amour que feignent les paroles être ressenti; et la vie si bien s'y conformer, que, pesés dans la balance de Dieu, nous ne soyons pas trouvés trop légers.”
Arrivés à ce degré de notre avancement spirituel, à moins que nous ne soyons sur nos gardes, nous serons non seulement tentés de nous laisser aller d'un extrême à l'autre et de dire avec véhémence que nous ne voulons plus parler d'un sujet aussi infini, mais nous serons également disposés à condamner quiconque ne ferait même que mentionner le mot Amour. Assurément, parler sans agir serait toujours plus qu'inutile, mais le mal est que, dans notre zèle sans connaissance de cause, nous avons été entraînés à confondre la fin avec le commencement. Nous avons voulu atteindre le but final et n'avons pas vu tout devant nous les premiers pas à faire. Il n'est jamais sage d'abandonner, ne fût-ce que pour un moment, la recherche de la compréhension de l'amour qui reflète l'Amour divin, Dieu; cependant, on ne peut en être persuadé que par l'humilité qui voit que l'on ne peut jamais apprendre à aimer véritablement, si ce n'est par les plus simples leçons de la vie. La moitié de nos difficultés disparaissent lorsque nous acceptons le fait que la moindre expression de bienveillance a en soi plus de Vérité que tous les mots ronflants qui furent jamais prononcés.
La bonté bénit invariablement tout le monde. Nous n'aurons jamais lieu de craindre qu'elle couvre le mal. Au contraire, elle est la lumière qui, nécessairement, met à découvert tout ce qui lui est dissemblable. Certain état de pensée mortelle s'imagine parfois que la bonté peut nuire, que, dire une parole bienveillante à quelqu'un qui s'est égaré, pourrait compromettre de quelque manière notre loyauté au Principe. N'est-il pas étrange que l'on puisse s'imaginer une telle chose? alors que le Principe est l'Amour même, cet Amour qui, nous dit Jésus, “est bon pour les ingrats et les méchants.” Ne serait-ce pas la prétention à la propre-justice qui voudrait nous entraîner à refuser une poignée de main amicale à un frère, quelque méprise que celui-ci ait commise? qui voudrait s'envelopper de son manteau et passer outre, au nom du Principe peut-être, mais certainement sans en avoir l'esprit?
C'est une chose facile pour un mortel de jeter autour de soi un regard glacial, mais la compassion du Maître, la bonté qui sait ressentir l'amour aussi bien qu'en parler, en quelque circonstance que ce soit,— ne pourrait assurément jamais nuire, ne pourrait jamais manquer de bénir. Dieu ne nous a pas constitués juges de nos frères, non plus qu'Il ne nous a chargés de leur infliger quelque punition. Alors pourquoi nous laisserions-nous aller, fût-ce pour un instant, à nourrir quelque autre sentiment que la bonté? L'état mental que manifeste la bonté n'est jamais la disposition qui excuse l'erreur; et n'est aucunement de la faiblesse. En vérité il faut beaucoup de force et de courage moral pour maintenir notre penser à un degré d'amour assez élevé pour qu'il nous permette de rencontrer tout le monde en toutes occasions avec une bienveillance invariable, une obligeance inaltérable. Qu'il se trouve des gens qui nous blâment pour cette obligeance ou jugent mal de nous à cause de cela, ce n'est pas une raison pour que nous permettions à notre pensée d'être entraînée dans les voies de la dureté et de la cruauté, ne serait-ce que momentanément.
Enfin, rappelons-nous toujours le tendre conseil que nous donne notre Leader dans son poème intitulé “L'Amour” (Poems, p. 6):—
“Aurais-tu l'intention de briser le roseau penchant
Par quelque pensée ou mot désobligeant,
Prie pour avoir part à son esprit,
Qui aimait et guérissait le genre humain:
Cherche les saintes pensées et l'accord divin,
Qui porte les hommes à rester un dans l'amour.”
