“Les voies du Christianisme n'ont pas changé, écrivait Mrs. Eddy dans 'Rudiments de la Science Divine' (p. 17). La douceur, le désintéressement et l'amour sont les sentiers de Son témoignage et les pas de Son troupeau.” Dans tous ses ouvrages Mrs. Eddy fait ressortir l'identité du Christianisme et de la Christian Science. Aussi les voies du Christianisme sont-elles celles de la Christian Science et un adhérent de celle-ci doit être tout à fait un Chrétien. Ce mot a perdu beaucoup de sa vitalité et s'est appliqué à ceux qui croient ou qui professent de croire en Jésus-Christ. Un vrai Chrétien, néanmoins, ne se borne pas à croire en Jésus: il comprend la mission du Maître et suit ses traces; en d'autres termes, il exprime les qualités du Christ.
Jésus marcha dans les voies de la douceur, du désintéressement et de l'amour. Nous sommes enclins à donner à la douceur un sens dérogatoire, et c'est là un exemple de la façon dont les mots perdent leur pouvoir lorsque leur signification échappe. La douceur signifie patience, longanimité, obéissance et humilité. La patience et la longanimité caractérisent les rapports de Jésus avec ses disciples, avec la foule stupide et inconstante, et même avec ses ennemis cherchant à faire échouer sa mission. Jésus était soumis, mais pas aux traditions ni aux rites de l'église quand ceux-ci étaient incompatibles avec sa soumission à Dieu, car il guérit le jour du sabbat et mit ses disciples en garde contre le respect de la seule lettre de la loi, leur montrant que c'est l'esprit qui compte. En expliquant les Dix Commandements, le fondement même de la loi hébraïque, il leur montra comment l'observation étroite de la lettre pouvait leur en faire ignorer l'esprit. Il affirma que loin de vouloir détruire la loi ou les prophètes, sa mission avait pour but de les accomplir. Il réprimanda les pharisiens partisans de la lettre de la loi, en ces termes: “Malheur à vous, pharisiens, parce que vous payez la dîme de la menthe, de la rue et de toute sorte d'herbes, tandis que vous négligez la justice et l'amour de Dieu! Voilà les choses qu'il fallait faire, sans toutefois négliger les autres.” Nous savons que Jésus a toujours obéi à Dieu, même dans le jardin de Gethsémané quand il semblait qu'une victoire sur les conditions matérielles qui le confrontaient profiterait bien plus à son message que la crucifixion. Il nous dit lui-même: “Il [le Père] ne m'a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable.”
Jésus possédait la vraie humilité; il n'était ni orgueilleux ni tranchant; pourtant le courage d'accomplir la volonté de Dieu ne lui fit jamais défaut et il tança intrépidement le mal partout où il le rencontra. Il offrit en exemple à ses disciples les qualités d'un petit enfant: l'humilité, la confiance et la pureté. Il n'y eut jamais d'homme aussi désintéressé que lui; personne ne fit des œuvres pareilles aux siennes, et pourtant il n'en tira pas vanité mais rendit gloire à Dieu. Pour lui, un seul était bon, Dieu, et il reconnut toujours que le Père faisait les œuvres. Ce fut cette complète abnégation qui lui permit de parler avec autorité et non comme les scribes. L'amour imprégna toute la carrière de Jésus, et ce n'était pas l'amour dans l'abstrait mais l'amour exprimé par la compassion, la tendresse et l'aide que les simples pouvaient apprécier: il guérit les malades, nourrit les multitudes, et dans la crise de sa grande carrière pardonna et pria pour ceux qui avaient fait de leur mieux pour le supprimer et anéantir son œuvre. Mrs. Eddy résume l'action de ce caractère en ces très justes paroles (Science et Santé, p. 54): “Par la grandeur de sa vie humaine, il démontra la Vie divine. Grâce à la plénitude de sa pure affection, il définit l'Amour. Avec l'affluence de la Vérité, il vainquit l'erreur.”
Telles sont les voies du Christianisme, et il s'ensuit qu'elles sont aussi les voies de la Christian Science. Nous admettrons que la douceur, la patience, la longanimité, l'humilité, l'abnégation et l'amour sont essentiels chez un Christian Scientist; nous rechercherons ces qualités dans notre voisin et spéculerons à leur sujet en ce qui nous regarde; mais si nous ne les manifestons pas dans notre vie quotidienne, dans nos relations avec autrui et dans nos églises, elles n'ont rien de commun avec nous. Peut-être penserons-nous que la douceur est déplacée dans ce siècle vigoureux, quand bien même elle se justifiait à l'époque de Jésus. Ce n'est pas elle que les Juifs désiraient dans leur roi, et pourtant c'est ainsi qu'il vint — non avec une douceur qui se résigne à tout et qu'on peut exploiter, mais avec une douceur qui était une force en même temps. Nous ferons bien de cultiver cette force et cette autorité qui proviennent de la douceur et de l'abnégation, mais cela ne nous est possible que si nous saisissons le fait que l'homme n'a pas de moi séparé de Dieu.
Nous discourons parfois volontiers sur le thème des démonstrations que nous avons à faire, comme si les résultats dépendaient de nos propres moyens. Rappelons-nous alors qui est le Donneur de tout don parfait, et que c'est le Père qui fait les œuvres. Estimons-nous telle personne ou tel groupe de personnes particulièrement favorisés par le savoir et l'habileté, au point d'en conclure que s'ils ne peuvent accomplir ceci ou cela nous ne saurions faire effort nous-mêmes? Avec une pareille attitude nous leur causons autant de tort qu'à nous-mêmes, car Dieu déverse Ses bénédictions librement sur chacun et toutes Ses qualités sont nôtres si nous les laissons se déployer comme telles. Tandis que Paul et Barnabas guérissaient les malades de Lystre, ils apprirent que le peuple les appelait des dieux, qu'il était prêt à les adorer et à leur offrir des sacrifices. Les apôtres protestèrent en s'écriant: “O hommes, pourquoi faites-vous cela? Nous ne sommes que des hommes, de la même nature que vous; et nous vous annonçons l'Évangile, afin que vous vous détourniez de ces vaines idoles, et que vous vous convertissiez au Dieu vivant, qui a fait le ciel, la terre et la mer.” Rendons-nous grâces à Dieu parce que nous avons la fatuité de penser que nous ne sommes pas comme les autres hommes? Alors il faut nous tourner vers Lui avec humilité, cherchant à manifester plus de bien. Sommes-nous patients et longanimes vis-à-vis de nos adversaires, ou sommes-nous impatients, arbitraires et despotiques? Prétendons-nous être infaillibles et que chacun doit conformer sa pensée à la nôtre, ou sommes-nous disposés à faire notre part et à confier ses résultats à Dieu? Voyons-nous dans notre prochain un pécheur, un hypocrite, un personnage malhonnête, intrigant et vicieux? Le croyons-nous trop mauvais pour pouvoir guérir, et, par un sentiment de propre-justice, passons-nous de l'autre côté? En condamnant à grands cris et à chaque instant, nous ne reprenons pas l'erreur mais rendons le mal très réel, l'attachant à notre prochain. De tels procédés ne détruisent pas le mal mais lui confèrent la seule puissance qu'il peut avoir,— la croyance humaine à son égard,— qui agira sur nous comme un boumerang. De tels procédés sont contraires à l'esprit du commandement: “Tu ne tueras point;” contraires à l'ordre: “Tu aimeras ton prochain comme toi-même,” et contraires enfin à la “Règle pour les motifs et les actes,” formulée à l'Article VIII, Section, 1, du Church Manual. Ne concluons pas de ce qui précède qu'il nous faut ignorer le mal ou l'appeler bon, mais il s'agit de démasquer ses prétentions et de les détruire en reconnaissant les faits véritables de l'être. Notre tâche consiste à supprimer le mal vis-à-vis de nous-mêmes, dans notre propre pensée, et si nous nous y astreignons loyalement, quel monde transformé ne contemplerons-nous pas!
La simplicité caractérise les paroles de Jésus, et les voies du Christianisme sont simples, en effet, mais l'humanité a fait de son mieux pour les compliquer. St. Paul avertit les premiers Chrétiens de ne pas se laisser éloigner de la simplicité du message de la Vérité. Les mortels ont toujours été plus empressés d'adopter des credos, des dogmes et des cérémonies que les simples vertus chrétiennes. Que de fois les commençants s'imaginent que, comme Christian Scientists, ils doivent regarder les choses d'une façon spéciale, compliquée, peu naturelle et parfois même pervertie, alors qu'en chaque cas la façon de la Christian Science est la facon chrétienne, la façon humanitaire, aimante, directe, honnête. Les Christian Scientists doivent prendre bien garde de ne pas être si perdus dans la lettre qu'ils oublient l'essence de la Christian Science: l'amour, l'amour appliqué. Nous devons connaître le vrai moi. Nous devons examiner nos motifs, les regarder bien en face et ne pas leur permettre de tromper. La Règle d'Or offre une pierre de touche infaillible pour juger notre conduite, et si nous l'accompagnons de la “Règle pour les motifs et les actes” de notre Church Manual, il n'est pas possible de nous égarer beaucoup. C'est cette christianisation de la vie quotidienne de tous les Christian Scientists, et elle seule, qui fera d'eux aujourd'hui une force vitale pour le bien dans le monde. A la page 166 de “Miscellaneous Writings,” Mrs. Eddy mentionne la vie de Jésus en ces termes: “Cette idée spirituelle, ce Christ, entra dans tous les détails de la vie de la personne de Jésus. Elle façonna un homme honnête et juste et un bon charpentier, avant de faire de lui le glorifié.”
