Il n'y a qu'un seul moyen d'atteindre la perfection: c'est de porter notre attention exclusivement sur sa réalité omniprésente, en cet instant, partout. Le monde envisage la perfection comme un but dans un avenir lointain, but auquel on parvient par une route étroite mais jamais dans cette vie. Il est intéressant de noter combien d'auteurs célèbres déclarent que la perfection est par trop éloignée d'une réalisation pratique pour que nous puissions la connaître; et cependant Jésus nous laissa clairement entendre qu'elle seule doit être exprimée et démontrée. Nulle part dans son enseignement on ne le voit patienter avec un compromis sur ce point, ni admettre des gradations du bien ou du mal, des étapes; c'est encore une fois la perfection qu'il exige, rien de moins.
Depuis que Mrs. Eddy a fait au monde le don merveilleux du livre de texte de la Christian Science, "Science et Santé avec la Clef des Écritures," et de ses autres ouvrages, des centaines et des milliers de gens ont accepté la logique d'un Dieu toujours présent, parfait, le Principe divin, et de l'homme comme l'expression parfaite de Son être. Nombreux sont ceux qui profitèrent de l'explication que Mrs. Eddy donne des deux récits de la création de l'homme dans la Genèse, et qui voient dans celui-ci une création spirituelle exprimant à jamais la perfection complète du créateur. Il importe toutefois d'observer la pensée et d'être absolument certain qu'aucun vestige d'une croyance en une création contrefaite ne se cache dans les sombres recoins des compromis humains, aucune croyance en l'existence d'un homme spirituel et d'un homme matériel, d'un homme véritable et d'une contrefaçon mortelle. Si nous n'y prenons garde, nous dirons subtilement qu'alors même que nous connaissons la perfection du moi réel, nous avons néanmoins un moi humain avec lequel compter et par lequel prouver notre perfection et notre harmonie en démontrant une matière sans souffrance et un physique agréable. Ce mot réel, quand il sert à distinguer entre deux états de l'être supposés différents, est souvent le rideau derrière lequel se cache le compromis. Il est facile d'admettre que la conscience réelle de l'homme est Dieu, que l'être réel est spirituel, que le moi réel est parfait, mais reconnaissons-nous en même temps sans réserve que cette conscience réelle, cet être, ce moi, est la seule conscience, le seul être, le seul moi qui soit?
Voici quelques décades, tout ce qui concluait à la non-substantialité ou au néant de la matière était regardé comme surprenant et hardi, mais aujourd'hui il est généralement admis par les savants sérieux que celle-ci, malgré ses apparences extérieures, n'a point d'identité du tout quand elle est correctement analysée. Le monde, néanmoins, n'a pas accepté ce fait au point d'abandonner sa croyance aux choses dites de la matière, et ceux qui connaissent la vérité font plus souvent qu'ils ne s'en doutent des compromis en pensées et en paroles agréables à la généralité des croyances matérielles. La matière est une négation, et tout absolu s'oppose par nature directement à elle, étant d'ailleurs fort mal reçu par la pensée humaine; mais le fait demeure (non en dépit mais en place des croyances) qu'il n'y a qu'une seule vérité touchant l'existence et l'univers, et qu'on ne l'atteint pas par des compromis et des degrés, ni nécessairement par des années de préparation et de croissance, mais par une réalisation instantanée en se fondant sur l'infinité et l'immortalité de la réalité spirituelle, sans opposition même temporaire. A parler d'une façon absolue, la Christian Science n'est pas un remède pour les désordres humains: elle est la vérité touchant leur irréalité. Elle ne part pas avec des négations pour les changer en réalité; elle part avec des réalités et prouve le néant de l'illusion. Cet instant même est celui de la perfection, et c'est ici qu'elle est la réalité, qu'il s'agit de reconnaître, d'accepter et de démontrer en proportion de la vision qui nous permet aujourd'hui d'apporter d'innombrables preuves de la vérité et de l'utilité d'un tel raisonnement.
Les étudiants de la Christian Science prennent si aisément l'habitude d'envelopper leurs paroles pour les faire mieux accepter du monde qu'ils altèrent inconsciemment la précision et la force de leur raisonnement dans leur propre pensée. La Christian Science est radicale; elle est diamétralement opposée à tout argument des choses matérielles, et plus nous l'accepterons comme radicale plus les résultats seront considérables et plus nous glorifierons Dieu, ce qui est après tout le but définitif de nos aspirations et la raison nécessaire de chacun de nos progrès. Être complètement véridique dans notre pensée c'est voir la perfection universelle, non lutter pour la perfection de défauts physiques, chose dont on accuse parfois les Christian Scientists; c'est ne plus regarder aux défauts mais reconnaître la perfection du Principe au sujet duquel tout ce qui est apparemment défectueux n'est qu'un mensonge ou une fausse représentation. Par une discipline rigoureuse de l'esprit il est possible, il est essentiel même dans la pratique de la Christian Science de voir partout l'expression de la perfection, et si nous acceptons ou luttons pour ce qui lui est inférieur (silencieusement ou oralement, consciemment ou inconsciemment), nous sommes loin d'honorer la Vérité, quoique nous ne changions en rien la réalité des choses mais seulement notre point de vue. La perfection n'est jamais diminuée en aucune façon; par conséquent elle est et a toujours été l'état normal actuel de notre être individuel, et le sera à jamais, que nous cherchions ou non à le prouver. Se tenir résolument au fait que la perfection est établie, c'est choisir la méthode infaillible qui saura se frayer un chemin à travers les brouillards des lois humaines et des circonstances, et guérir les maladies et les péchés.
La perfection est, maintenant. Une réalisation claire de ce fait opère instantanément. Ce qui est maintenant n'a pas besoin d'attendre à demain pour se prouver ou se manifester. La perfection ne sera jamais plus proche de nous ou plus accessible qu'elle ne l'est en ce moment, et c'est maintenant qu'on peut réaliser ceci et voir les résultats. Dans le chapitre sur la "Création," dans Science et Santé (p. 258), Mrs. Eddy déclare: "Les mortels ont un sens bien imparfait de l'homme spirituel et de la portée infinie de sa pensée. Il possède la Vie éternelle. Puisque l'homme ne naît jamais et ne meurt jamais, il lui est impossible, sous le gouvernement de Dieu dans la Science éternelle, de déchoir de son état élevé." Et à la page suivante elle dit: "Dans la Science divine, l'homme est la vraie image de Dieu. La nature divine fut le mieux exprimée en Jésus-Christ, qui projeta sur les mortels le reflet plus vrai de Dieu, et éleva leurs vies plus haut que ne le permettaient leurs pauvres modèles de pensées,— pensées qui représentaient l'homme comme étant déchu, malade, pécheur et mourant. La compréhension-Christ de l'être scientifique et de la guérison divine renferme un Principe parfait et une idée parfaite,— Dieu parfait et homme parfait,— comme base de la pensée et de la démonstration."