Il n'est pas de collectivités ou d'individus qui parviennent à supprimer maladies ou accidents en lançant une campagne de crainte, car la crainte d'une chose prouve que le pouvoir du mal est envisagé comme une réalité. Nul ne peut guérir une maladie tant qu'il la croit réelle et dangereuse. Là où à l'origine nous n'avions que la crainte de celle-ci, l'insistance avec laquelle précautions sur précautions sont réclamées nous oblige à appréhender aussi ce qui peut arriver en cas de négligence des dites précautions. Ainsi la crainte s'accumule, jusqu'à ce qu'elle remplisse l'existence mortelle tout entière.
Soumettre chacun à un examen physique, rendre la vaccination obligatoire, c'est mener le cheval du proverbe à l'abreuvoir pour découvrir une fois là qu'on ne peut pas le faire boire. Un homme peut ne pas résister à la soi-disant autorité qui exige l'examen physique ou la vaccination obligatoire, mais qu'on sache bien que l'appréhension de la maladie ne sera nullement diminuée par le seul exercice d'une formalité; celle-ci, au contraire, excitera l'aversion de celui qui ne se sent plus l'arbitre de son propre bien-être. Des affiches qui dépeignent des accidents ne servent ni d'avertissement ni de préventif, car en partant de la réalité du malheur elles ne font qu'accroître la crainte. Des images sinistres inculquent la représentation du désastre qu'on ne saurait effacer que par une connaissance de l'irréalité de la crainte, de l'accident, de la maladie et du mal, et cette connaissance provient de la compréhension que Dieu est le bien infini.
En venant face à face avec un signal d'alarme, notre première impression est faite de crainte. Toutefois, ce n'est pas là chose désagréable pour l'homme qui a prouvé tant soit peu vis-à-vis de lui même la nature de Dieu, car il sait qu'ainsi l'occasion lui est offerte de mettre en pratique ce qu'il professe. La toute-présence de Dieu est l'élimination de ce qui prétend être contraire au bien; c'est pourquoi la crainte du danger peut être remplacée par la confiance et par la certitude que la protection infinie est sans cesse à portée. Un signal d'alarme est une mise en garde contre tel ou tel acte aboutissant à la destruction et à la mort; il a pour raison d'être la notion que l'univers et l'homme sont matériels, susceptibles par conséquent d'anéantissement. Il s'agit ici, bien entendu, de la conception matérielle du danger et de la crainte. L'univers et l'homme ne sont pas matériels, parce que Dieu n'est pas matériel: l'univers et l'homme sont l'expression de Dieu. St. Paul rend ce fait en ces termes: “Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s'y trouve, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite point dans des temples bâtis par la main des hommes. Il n'est pas non plus servi par des mains humaines, comme s'il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, la respiration et toutes choses. ... Car c'est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être, comme l'ont dit quelques-uns de vos poètes: Nous sommes aussi de sa race.”
Dans tous ses ouvrages, Mary Baker Eddy ne se lasse pas de répéter que Dieu est Esprit, Entendement, Vie, et que l'homme est l'expression de Dieu. Elle donne dans “Science et Santé avec la Clef des Écritures” sept synonymes de Dieu, et il n'en est pas un qui implique crainte, danger, accident ou réalité de la mort. Mrs. Eddy mentionne une foule de signaux qualifiés pour l'étudiant de la Christian Science; et en voici un, par exemple, qui devrait être médité par chacun: “C'est le devoir de tout membre de cette Église de se défendre journellement contre la suggestion mentale agressive, et de ne pas oublier ou négliger sa dette envers Dieu, son Leader et toute l'humanité. Par ses œuvres il sera jugé,— justifié ou condammé.” C'est à l'Article VIII, Section 6, du Church Manual que l'on trouve ces paroles rappelant qu'il faut sans cesse se mettre sur ses gardes contre les suggestions qui prétendent à l'existence de plus d'un Dieu. Si nous regardons la création comme l'expression de Dieu, toutes choses revêtent à nos yeux une portée nouvelle, instructive et secourable, dissociée de la crainte ou de la suggestion du mal. Puisque tout est assujetti à Dieu et contrôlé par Lui, il s'agit en somme de faire l'expérience de Sa protection et de Sa sollicitude. Les signaux de la Christian Science communiquent le sentiment de l'absoluité du bien et du néant du mal.
Si l'on admet que l'homme est l'expression de Dieu, quelle logique y a-t-il à déclarer qu'il a peur? Une pareille déclaration implique que Dieu Lui-même a peur. Dans chaque cas de maladie, si l'on se tourne sans réserve vers Dieu pour Lui demander de nous guider et si l'on se pose cette question: “Dieu a-t-il peur? Dieu est-il malade?” on découvrira que la raison ne permet pas de répondre par l'affirmative. Tirant donc la conclusion que tout ce que Dieu exprime Lui est pareil, et qu'il n'y a dans la création que ce qu'Il exprime, on voit que l'homme ne saurait être craintif ou malade. C'est ainsi qu'un homme prouve sa déclaration qu'il n'a pas peur. Il démontre une règle fixe, fondée sur le fait immuable que Dieu est bon. Il atteste que Dieu est la seule cause et que l'homme, la création, exprime la plénitude, la beauté, la liberté, l'activité et la joie de Dieu.
Si l'on s'attache à cette vision, à ce raisonnement pur, on ne verra dans les signaux des routes de l'univers, en mer ou en l'air, que les anges de Dieu. Le banc de brouillards qui tend à obscurcir la vue de l'aviateur, doit disparaître devant la conscience que rien ne saurait altérer la parfaite création de Dieu. Le pilote conduisant son navire au milieu des ténèbres doit se rappeler que l'homme agit sous la protection et la direction divines. La suggestion du danger devrait être constamment remplacée par la vérité que Dieu est au centre même de tout événement et que sa protection est sans limites. Jamais l'homme ne peut cesser de penser correctement, car Dieu est l'Entendement et celui-ci pense toujours. Si l'Entendement cessait de penser, il cesserait d'être lui-même; Dieu cesserait d'être. L'homme est simplement l'expression pensante de l'Intelligence et c'est pour cette raison qu'il voit les choses par les yeux d'une pensée bonne et constructive.
Daniel, dans son expérience de la fosse des lions, vit l'ange de Dieu, mais c'était là une vision spirituelle, une pensée nette, constructive et positive de l'omniprésence de la Vie et de l'absence de la mort. Sans quoi il n'aurait jamais pu démontrer la protection. Moïse, sur les rives de la mer Rouge, recherchait le signal, l'avis de l'Entendement, en dépit des clameurs des enfants d'Israël qui lui criaient que les armées de Pharaon allaient les encercler et les détruire. Il écoutait la voix intérieure et le signal lui vint sous la forme d'une pensée: frapper les eaux et passer par la mer. Du point de vue des apparences physiques, tout prédisait danger et anéantissement: Pharaon d'un côté, la mer de l'autre — et pourtant le peuple fut sauvé. Dans l'histoire biblique, les hommes de courage et d'action furent constamment attentifs aux signaux véritables.
L'étude de la Christian Science apportera à celui qui cherche à connaître le Principe selon lequel elle opère, l'assurance qu'il n'y a rien à détruire. Cette Science prend toute activité là même où elle se trouve, et la développe en s'inspirant de cette parole de la Genèse: “Et Dieu vit tout ce qu'il avait fait, et voici, c'était très bon.” Sa pratique n'arrête rien; ce n'est que l'activité fausse qui cesse. Cependant, comme il n'y a pas de fausse création, rien n'est réellement suspendu. L'Intelligence s'épanouit sans cesse et son expression doit s'épanouir également. Puisque l'Intelligence est infinie, son expression l'est aussi. L'infinité ne saurait connaître un arrêt.
Il existe dans la navigation un appareil nommé bouée à sifflet. Il est censé marquer un chenal ou mettre les bâtiments en garde contre les bas-fonds et les rochers à fleur d'eau. Il est placé de façon à rendre les plus grands services. Cependant comme tout objet matériel, il n'est pas infaillible. S'il venait à ne plus fonctionner, le Christian Scientist à bord d'un navire côtoyant des récifs, aurait son secours à portée dans sa connaissance du fait que Dieu protège Sa création, et cette perception de l'action divine ferait sortir le vaisseau sain et sauf du danger.
Supposons encore qu'un édifice prenne feu. L'avertisseur d'incendie ne tarde pas à fonctionner et bientôt les pompes sont sur place, cherchant à limiter les dégâts. Ici même se trouve un ange, une occasion de prouver que Dieu seul est un feu consumant. Ici, pas de vaine précipitation, puisque toute idée de l'Intelligence a sa propre place et ne saurait être affectée ou détruite. Tout est déjà sauvé, et il n'y a que l'activité de l'Intelligence. Les trois Hébreux prouvèrent la vérité de ce fait: le feu connu de Dieu édifie mais ne détruit pas, il supprime le mensonge à l'endroit de la création parfaite. Si l'on remplace la fausse croyance de destruction par la compréhension de ce qui constitue l'activité normale, l'incendie doit s'éteindre. A la page 161 de Science et Santé, nous trouvons cette pensée: “L'inspiration sainte a créé des états d'esprit qui ont pu annuler l'action des flammes, comme dans le cas biblique des trois jeunes captifs hébreux, jetés dans la fournaise de Babylone; tandis que l'état mental opposé pourrait produire la combustion spontanée.”
Le signal véritable n'est point un prophète de malheur. Il vous demande de rester en éveil. La croyance au mal, au péché, à la maladie et à la mort, est le danger; mais parce que Dieu est la seule cause, il suffit de s'en souvenir à l'heure du péril. La crise qu'il s'agit de surmonter, c'est la croyance que la Vie est dans la matière. Il faut remplacer cette suggestion d'activité par la vérité que Dieu est toute la Vie qu'il y a ou qu'il peut y avoir, et l'activité de la Vie est harmonieuse, intelligente, sans cesse en garde contre l'irréalité de chaque aspect du mal. Voici pourquoi nul ne doit plier le genou devant les prétentions tyranniques d'une soi-disant activité.