A la page vii de la Préface de “Science et Santé avec la Clef des Écritures,” Mrs. Eddy écrit: “Pour ceux qui s'appuient sur l'infini et qui en font leur soutien, aujourd'hui est gros de bienfaits.” Ces paroles ont soulagé et réconforté des milliers de cœurs déchirés. Évidemment, le sceptique est capable de souligner les mots “leur soutien,” et d'affirmer catégoriquement que s'appuyer sur l'infini c'est s'en remettre à l'inconnu et l'inconnaissable, par conséquent, à une pure superstition. Mais quand on a atteint un certain degré de souffrance physique ou morale, on entrevoit des choses qui dépassent le raisonnement aride du philosophe,— et c'est alors seulement que l'infini devient un soutien.
Le mot “infini,” qui veut dire “sans limites,” a aussi comporté occasionnellement la notion de “vague” ou d' “obscur.” Le vague limite toutes choses. Dans l'univers extérieur, il enferme tout objet dans les limites étroites du temps et de l'espace. Que va-t-il arriver demain? Que nous cache le passé? Que se passe-t-il derrière la colline lointaine? Telles sont les questions auxquelles le vague esprit humain peut à peine répondre. Dans notre for intérieur, également, les abîmes profonds de la pensée intangible voudraient de tous côtés apparemment s'opposer à l'expansion. Ce soi-disant esprit doute, craint, erre, ment, et se contredit lui-même; il engendre la confusion générale et la destruction.
L'illimité, au contraire, inutile de le dire, n'est point vague; il est la conscience qui s'exprime — la conscience sans limites. Il est ici et maintenant. “Aujourd'hui est gros de bienfaits;” aucun point de vue faux et contradictoire de temps et d'espace n'est admis à lui barrer la route. Il sait tout, parce qu'il se connaît lui-même. En outre, il ne connaît que l'harmonie absolue. Il existe en soi et il est complet en soi.
Mais, demanderons-nous, quelle est la différence essentielle entre le vague et l'illimité? Elle est simplement la différence entre l'irréel et le réel. L'un est inconscience totale, l'autre est conscience parfaite, pure et claire. La conscience n'est pas seulement la clé de l'existence; elle est l'existence même. L'infini trouve son expression consciente dans l'homme. L'infini est l'Ego, ou le moi réel, de tout homme et de toute femme. Moïse vit en lui le grand Je Suis. Jésus-Christ le mentionna comme son Père. Mrs. Eddy l'expliqua comme étant à la fois Père et Mère, le Principe, l'Entendement, la Vie, la Vérité, l'Amour. En termes parfois différents, la pensée inspirée de tous les temps a exprimé cette même idée.
Néanmoins, c'est seulement quand la nature réelle de l'infini est perçue qu'elle devient praticable. Ceci s'accorde avec l'expérience commune. Nulle vérité n'est pratique avant d'être connue. De même que la réalité de tout homme est l'image et la ressemblance de Dieu, de même la réalité de tous les besoins de l'homme est le désir du bien. Ce désir fondamental se voit partout. L'homme, étant l'idée unifiée de l'Entendement infini, n'est pas en possession d'un simple groupe d'idées aux rapports plus ou moins étroits, mais d'une conscience unifiée. Par conséquent, quand on dit: “Le désir est l'auteur de la pensée,” on exprime une vérité formidable, car le désir du bien et sa réalisation sont identiques, pour autant que la réalisation est le développement du désir. Si quelqu'un pense qu'il veut le bien et, néanmoins, paraît en être privé, il peut être certain que son désir n'est pas uniquement celui du bien. En discernant cette erreur, toutefois, il la détruit et fraye la voie à l'aspiration sincère. Dans la Vérité, l'infini, nous avons la liberté de désirer le bien et, par conséquent, de le posséder. La pensée et l'action ne font qu'une en ce sens que le désir et sa réalisation ne font qu'un. Envisagée du point de vue de l'infinité, l'injonction “Connais-toi toi-même” devient simplement “Connais ton Dieu, et l'homme à Son image et à Sa ressemblance.” Plus on connaît la Vérité, plus on se sent obligé de suivre cette voie. Il n'est pas difficile de cesser de se livrer à des comparaisons défavorables pour soi, quand on attache ses regards sur l'Ego infini, le Tout-en-tout.
Le propre de l'homme, donc, c'est de comprendre l'infini et de le pénétrer toujours davantage. Le vague continuera de faire place à l'illimité; comme Mrs. Eddy le dit dans Science et Santé (p. 323): “Contemplant les tâches infinies de la vérité, nous hésitons un moment,— nous nous attendons à Dieu. Après quoi nous allons de l'avant jusqu'à ce que la pensée détachée de toute entrave marche ravie, et que la conception libérée prenne son essor vers la gloire divine.”