Savoir ce qui est cause, c'est aussi savoir ce qui est fondamental. L'énigme de tous les temps réside dans la supposition d'une faculté créatrice matérielle, suivie de ses lois et de ses effets également matériels, avec pour homme son Adam, pour femme celle qui fut prise d'une côte de celui-ci, et, de ce fait, la disparition de l'être harmonieux. L'humanité continue d'être mystifiée par un sphinx matériel parce qu'elle ne parvient pas à saisir la portée métaphysique de la doctrine biblique qui enseigne que Dieu est la seule cause et le seul créateur, l'Esprit, l'Entendement infini qui renferme tout. L'énigme ne demeure insoluble, toutefois, qu'aussi longtemps qu'on ne voit pas que l'existence humaine est dans son entier un mystère, et que la réalité doit être cherchée dans une vie spirituelle.
La vie spirituelle n'est pas autre chose qu'une vie conforme à l'enseignement spirituel et invariable de Jésus-Christ, tel qu'il est exposé dans le Nouveau Testament et appliqué dans la Christian Science. Néanmoins, les philosophies religieuses, les écoles de médecine et de mind-cure, les conceptions sociales et politiques, les théories sur l'éducation classique et scientifique, pour autant qu'elles s'attachent aux lois faites par les hommes et qu'elles sont fondées sur la croyance que la matière est cause, réalité et substance, sont des énigmes compliquées par les fluctuations constantes qui font que l'hérésie d'hier ne devient le dogme d'aujourd'hui que pour sombrer demain dans l'oubli.
Le poète Gray voyait une fosse béante attendant les efforts et les systèmes matériels quand, dans son “Élégie écrite dans le cimetière d'une église de campagne,” il dit:
L'orgueil du blason et les pompes du pouvoir,
Tout ce que la richesse et la beauté donnèrent,
Attendent en commun l'instant fatal et noir.
Le chemin de la gloire mène au cimetière.
Le lecteur qui cherche une réponse à ces lignes, ne peut-il pas entendre l'appel de celui qui a dit: “Je suis le chemin;” “Suis-moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts.” Les hommes réclament de toute leur force la vie, l'amour, le bonheur, la beauté, la réalité— réclament Dieu, le bien qui jamais ne varie. L'entendement divin accorde par la pensée spirituelle toutes choses réelles et, par conséquent, durables; mais en se tournant dans la mauvaise direction, les hommes clament en vain, car la matière ne possède aucune qualité et son apparente substance est comme “l'herbe des champs, qui est aujourd'hui et qui demain sera jetée au four.”
Dire qu'il ne peut rien y avoir de bon dans la matière, c'est se conformer à cette parole du Maître: “Il n'y a qu'un seul bon, c'est Dieu.” En partant de la thèse que la réalité spirituelle est absolument une et infinie, qu'elle comprend à la fois la cause et l'effet, le Principe et son idée — Dieu et l'homme — la Christian Science se dresse distincte de tout autre doctrine mais en parfaite conformité avec la métaphysique du Maître, car ses enseignements “ne sont pas nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais. .. sont nés de Dieu.” Le Christian Scientist doit apprendre à dire “Que ta volonté soit faite,” et savoir que “ta volonté” est celle du bien, dans laquelle il n'entre pas le plus petit élément de matière, de péché, d'insuffisance, de maladie et de mort; “ta volonté” est l'harmonie omnipotente et omniprésente qui détruit toutes les discordes.
Il est intéressant de noter que de nombreux physiciens modernes ne regardent plus ce qu'on appelle matière comme élément de valeur fondamentale; celle-ci est envisagée toujours plus, pour employer les propres termes de Mrs. Eddy, écrits voici nombre d'années, comme “un état subjectif de l'entendement mortel.” Mrs. Eddy s'explique sur ce point à la page 108 de Science et Santé, où elle dit: “Lorsque j'étais, selon toute apparence, sur les confins de l'existence mortelle, alors que je me trouvais déjà dans l'ombre de la l'ombre de la mort, j'appris ces vérités dans la Science divine: que tout être réel est en Dieu, l'Entendement divin, et que la Vie, la Vérité et l'Amour sont tout-puissants et toujours présents; que le contraire de la Vérité,— appelé erreur, péché, maladie, infirmité, mort,— est le faux témoignage du faux sens matériel, de l'entendement dans la matière; que ce faux sens produit, selon la croyance, un état subjectif de l'entendement mortel, que ce même soi-disant entendement nomme matière, excluant ainsi le vrai sens de l'Esprit.” Le professeur Fiske, qui enseigna la philosophie à l'Université de Harvard, a affirmé catégoriquement que “toutes les qualités de la matière sont ce que la pensée les fait, et n'ont pas d'existence comme telle hors de la pensée ... hors de la conscience, il n'y a ni couleur, ni forme, ni position, ni résistance, et il n'y a pas de matière.”
Si important qu'il soit, le fait de savoir avec le physicien que la matière et la pensée humaine sont une seule et même chose, ne résoud pas l'énigme. La solution ne s'offre que si la pensée dépasse la matière en saisissant que l'entendement humain, avec ses images éphémères, n'est qu'un faux témoin prétendant être créateur et création. L'apôtre Paul en parla comme étant “inimitié contre Dieu.” Mrs. Eddy, s'appliquant à suivre la Science absolue du Christianisme, découvrit la nature exacte de ce dont la matière n'est que le phénomène, et cette trouvaille lui permit de démasquer l'inanité de l'entendement humain et de montrer que ses créations ne sont que des croyances de la nature de nos rêves. Elle atteignit ce résultat en démontrant que toutes les fois qu'une croyance matérielle est objectivée sous forme de péché et de maladie, elle peut être supprimée, elle et ses effets, quand on la remplace par l'idée véritable, l'idée spirituelle dont l'Esprit est le fondement. Telle est la guérison spirituelle à laquelle s'appliquent ces paroles de Mrs. Eddy (Unity of Good, pp. 9 et 10): “Quelle est la différence cardinale de mon système métaphysique? La voici: en sachant l'irréalité de la maladie, du péché et de la mort, vous démontrez la plénitude de Dieu. Cette différence sépare totalement mon système de tous les autres.”
Tout ce qui prétend à l'excellence et vient par voies et moyens matériels — telle la consolation que procure un sens matériel de religion ou de philosophie, la stabilité en politique, la guérison par la médecine ou la suggestion, l'instruction scolaire — n'est que la substitution à une sorte de croyance matérielle d'une autre tout aussi matérielle et, par suite, dépourvue de toute réalité spirituelle. Ainsi, une croyance à la maladie physique, au lieu d'être détruite par l'action de l'idée véritable de la santé comme spirituelle, peut être échangée contre une croyance de santé physique, et le patient éprouvera le soulagement escompté, sans avoir la moindre notion de la guérison véritable; c'est ce qui se passe, par exemple, dans l'emploi d'un stimulant ou d'un narcotique. De tels phénomènes ne tendent qu'à fortifier la croyance que l'énergie, la cause et la substance sont dans la matière, alors que le dessein du Christianisme n'est pas de procurer avant tout le bien-être dans la matière mais le salut en Christ. La guérison chrétienne est le signe Emmanuel qui suit la pratique chrétienne. Dans la Science du Christianisme, il est essentiel de savoir que le salut ne vient pas par la matière, par l'esprit humain ou la porte de la mort, mais par le dévoilement de la réalité spirituelle, par la révélation et la nouvelle naissance, en dépouillant le vieil homme et en revêtant l'homme-Christ par la transformation de la pensée.
Du point de vue métaphysique, toute naissance est mentale. Le Maître ne manqua pas de dire à Nicodème, un orgueilleux pharisien et un chef des Juifs, que toute la personne, la position et le savoir matériel de celui-ci étaient moins que rien, pour autant qu'il s'agissait de s'en défaire. Nés de la chair, “il faut que vous naissiez de nouveau,” telles furent les paroles du Maître. Mrs. Eddy, à la page 259 de Science et Santé, dit: “La pensée mortelle transmet ses propres images, et forme ses rejetons d'après les illusions humaines.” Être né de la chair ne signifie pas autre chose. Évidemment, les illusions n'ont aucune existence, en sorte que l'étudiant de la métaphysique divine devrait se rendre compte que s'il veut s'affranchir et affranchir autrui des effets d'une pensée trompeuse et pénétrer tant soit peu dans le royaume du réel, il lui faut changer la base de la pensée qui est la cause décevante de tout ce qui nie l'absoluité de l'Esprit. Les systèmes religieux, philosophiques, médicaux et pédagogiques, quelque vénérables que soient les institutions qui les représentent et quelque grande la valeur relative de leurs œuvres, s'ils ne savent pas comprendre ce que Jésus enseigna à Nicodème, doivent naître à nouveau de l'Esprit pour pouvoir exposer la réalité.
La maladie à guérir, le péché à détruire, la tristesse à changer en joie, l'insuffisance à combler, sont toutes des voix qui crient dans le désert de l'énigme humaine, venant à la Christian Science pour y trouver un fondement mental différent. Mrs. Eddy va jusqu'à la racine de la guérison scientifique et en explique les conditions et les effets, quand elle écrit dans Science et Santé (p. 467): “La première exigence de cette Science est: ‘Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face.’ Le moi est Esprit.” A la page 162 du même ouvrage elle déclare: “La Science Chrétienne agit comme altérant, neutralisant l'erreur par la Vérité,” et “L'effet de cette Science est de bouleverser l'entendement humain au point de produire un changement de base, pour que sur cette nouvelle base il puisse céder à l'harmonie de l'Entendement divin.”
Ce changement de base de la matière à l'Esprit est la nouvelle naissance. Tandis qu'elle a lieu, tandis que les fausses croyances émergent à la lumière de la vérité spirituelle, le péché et la maladie sont guéris et le vieil ennemi qu'on appelle la mort se montre tel qu'il est — tout simplement un autre mensonge à vaincre en se tournant vers la lumière. Ainsi, par une adhésion fidèle aux enseignements de Jésus-Christ dans la Christian Science, l'homme naît de la mort à la Vie. C'est par cette Science que vient l'impulsion divine qui effectue cette transformation vitale; empruntant les paroles du prophète Ézéchiel, la voix de la Vérité retentit aux oreilles des enfants des hommes, disant: “Je ne prends point plaisir, en effet, à la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur, l'Éternel; convertissez-vous donc, et vivez!”
