Le sentiment d'être individuellement responsable vis-à-vis du Principe, est d'une importance vitale au progrès personnel de chaque Christian Scientist, car il déterminera dans une très grande mesure la valeur des services que celui-ci peut rendre à l'humanité. Aussi vaut-il la peine d'examiner la pensée humaine afin de découvrir ce qui peut empêcher un homme de faire face à ses responsabilités, éprouvant à chaque pas ses rapports avec la Vérité, et travaillant à son propre salut.
La paresse de la pensée est peut-être le plus commun de tous ces obstacles. Le manque de temps est son déguisement le plus coutumier, car elle préfère les tâches comparativement faciles imposées par les croyances de la chair, à la discipline de l'esprit qui cherche et qui trouve la volonté de Dieu. Elle obtient aisément qu'on délaisse l'étude sérieuse et les raisonnements serrés soit pour les reprendre plus tard, soit pour les confier à une personne ou à un groupe de personnes. Cet état d'inaction est plus ou moins prévalant dans la pensée de chaque mortel, et il est rare que celui-ci tente sérieusement de s'en défaire avant d'y être obligé par quelque aspect de la souffrance humaine. Dans “Science et Santé avec la Clef des Écritures” (p. 240), Mrs. Eddy écrit: “Si à présent nous nous complaisons dans la paresse, il faudra qu'elle nous déplaise. Rappelez-vous que le genre humain doit être convaincu tôt ou tard, par la souffrance ou par la Science, de l'erreur qui doit être surmontée.”
Une conception fausse de l'humilité est un artifice favori de la pensée pour empêcher l'étudiant de la Christian Science de mettre sa foi à l'épreuve. Dans toutes les crises, petites ou grandes, cette croyance absurde envoie sa victime à un praticien ou à son professeur, car, dit-elle, la compréhension de ces derniers est tellement plus vaste, leur étude de la Science tellement plus considérable! Néanmoins, si l'étudiant se tourne vers la Bible, il découvrira que le même apôtre qui affirma vouloir prouver sa foi par ses œuvres, donna ce conseil à tous les Chrétiens: “Si l'un de vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu, qui donne à tous libéralement, sans rien reprocher; et elle lui sera donnée.” La parabole des travailleurs dans la vigne enseigne clairement que le temps n'est pas en lui-même un moyen pour comprendre Dieu. La pensée humaine admet qu'elle sait ce qu'elle a appris hier aussi sûrement que si elle l'avait appris il y a une centaine d'années.
Une étude attentive des écrits de Mrs. Eddy nous permet de découvrir de nombreuses mises en garde contre l'habitude de ne donner que des conseils personnels. Le travailleur expérimenté ne perd jamais de vue ce fait, et le jeune étudiant ferait bien de le méditer. A la page 138 de “Miscellaneous Writings,” la Fondatrice de la Christian Science dit: “Chaque étudiant devrait rechercher seul la direction de notre Père commun — le Principe divin qu'il prétend démontrer — et, surtout, il devrait prouver sa foi par ses œuvres, éthiquement, physiquement et spirituellement.” L'acceptation aveugle des conclusions atteintes par autrui ne fera jamais de nous des Christian Scientists. Le “son doux et subtil” de la Vérité deviendra plus distinct à mesure que l'homme apprendra à l'écouter. Qui ne connaît par expérience le sentiment que l'on éprouve à l'heure où l'on prend conscience du fait que la voix de la Vérité nous a parlé sans qu'aucune attention lui ait été accordée?
Une instruction plus explicite sur la responsabilité individuelle nous est donnée par Mrs. Eddy à la Section 6 de l'Article XXVI du Manuel de l'Église Mère. Sous le sous-titre “Associations,” nous trouvons ces paroles: “Les élèves seront guidés par la Bible et Science et Santé, non par les vues personnelles de leur professeur.” Le Manuel de l'Église Mère est un guide et un protecteur admirable de notre cause; il en va de même des autres ouvrages de Mary Baker Eddy, dont la sagesse, l'unité et l'harmonie se révèlent incessamment.
En ces temps troublés, quand chaque nouvelle journée offre une occasion de prouver notre responsabilité individuelle vis-à-vis du Principe, nous entendons beaucoup parler de la sagesse et de l'à-propos des actes des hommes ou des nations. L'esprit humain dit à l'homme qui occupe un poste important qu'il ne serait pas prudent de prendre position trop ouvertement pour le Principe, car en agissant de la sorte les chances d'être utile seraient certainement perdues, et, en effet, si la Vérité ne lui est pas à ce point familière qu'il sache qu'il a en elle toute protection, pareille chose peut fort bien arriver. Néanmoins, le Christian Scientist sait que son utilité ne dépend pas d'un bien ou d'une circonstance, mais de sa vision du Christ. Telle est la véritable sagesse qui lui permettra de faire le geste qu'il faut à l'heure qu'il faut.
L'homme qui tient à endosser sa propre responsabilité vis-à-vis du Principe, doit comprendre scientifiquement qu'il ne peut rien recevoir du monde ou d'une personne quelconque dans le monde; l'Entendement seul lui fournit “toutes choses en abondance pour en jouir.” Ce n'est qu'en s'efforçant sincèrement de porter ses propres responsabilités vis-à-vis du Principe qu'il démontrera cette faculté de n'être sensible qu'à l'emprise de la Vérité, faculté qui marque le vrai rapport entre l'idée divine et l'Intelligence dont elle émane et à laquelle Jésus faisait allusion quand il dit: “Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père; car tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement.”
