Selon la Genèse, depuis les débuts de l'histoire, les hommes ont douté de leur mutuelle égalité. Quand Caïn vit que le sacrifice de son frère trouvait plus de faveur auprès de Dieu que sa propre offrande, la jalousie, résultat de sa fausse croyance en l'inégalité, lui fit tuer Abel. Interrogé par la Divinité sur le sort de sa victime, il répondit par cette question capitale: "Suis-je le gardien de mon frère?" Quand Jésus, le grand métaphysicien, vint enseigner aux hommes le vrai sens de leurs rapports, il appuya sur le commandement: "Tu aimeras ton prochain comme toi-même," en d'autres termes, tu verras en ton prochain autant qu'en toi-même la réflexion de Dieu, du Principe. C'est pour n'avoir pas saisi cette vérité que Judas, le porteur de la bourse de la petite compagnie des disciples, trahit son Maître.
A travers tous les temps, la notion déplorable de l'inégalité a fleuri comme une mauvaise herbe dans le cœur des hommes, produisant une moisson d'opinions contradictoires censées émaner de millions d'esprits et qui ont encombré le monde de discordes pour le plus grand malheur de l'humanité. La notion erronée que les hommes ne sont pas égaux, engendre la crainte, l'envie, la convoitise, l'indolence, l'ambition personnelle et, de tous les maux le pire, l'abattement; le crime, sous tous ses aspects, y compris le suicide, en est la conséquence. Le témoignage des hommes voudrait nous convaincre que jamais les portes ne sont également ouvertes à chacun — que jamais il n'y a une distribution égale du bien. Tel est l'argument pernicieux dont se sert l'erreur pour égarer le genre humain déjà en route vers la terre promise, préparée pour lui dès le commencement. Un raisonnement superficiel a conduit les hommes à croire que l'intellectualité est supérieure à la spiritualité, mais ceci tout simplement parce qu'en général la spiritualité n'est pas comprise. Les philosophies et les hypothèses matérielles n'ont pas de fondements réels sur lesquels construire un édifice permanent. Rêver à des châteaux en Espagne ne fera pas surgir des demeures célestes, et nulle magie ne saurait créer le ciel par de simples affirmations. L'assertion que le ciel est à portée doit être comprise et démontrée. Des songes creux provoquent l'apathie et leur victime découvre un jour que, à l'instar d'Ésaü, elle a vendu son droit d'aînesse pour un plat de lentilles.
A cette croyance du genre humain en l'inégalité et sa longue suite de maux, quel est donc le remède? La Science Chrétienne, la vérité à l'endroit de Dieu et de l'homme, est la seule chose qui puisse nous sauver de l'entendement mortel, de tout ce qui prétend nous détruire. Il importe de comprendre ce que sont en réalité les droits des hommes, avant de les revendiquer; les seuls droits sont ceux qui s'accordent avec Dieu, le Principe, puisque Dieu avec Son idée est tout ce qui existe. C'est pourquoi le droit de l'homme c'est l'état dans lequel il est droit au regard du Principe. Le monde attend un jour de paix, un jour où la fraternité sera établie sur la terre, mais le Scientiste Chrétien sait que la véritable fraternité est établie de toujours. Il sait que c'est un état de conscience, la conscience du bien, et que la pensée droite est la pensée divinement naturelle. Comprendre que l'homme réel es un avec le Principe, c'est s'affranchir spontanément de la servitude des fausses croyances, et découvrir tout à coup que la liberté est le pouvoir de faire ce que le Principe divulgue. La poursuite du pouvoir et la recherche d'un rôle à jouer, se dissipent comme un brouillard devant le projecteur de la Science Chrétienne, et l'on découvre que l'homme véritable est aujourd'hui même à sa place légitime, rien ne le troublant en aucune façon.
Il est de la plus haute importance que les hommes sachent distinguer entre la lettre et l'esprit — entre la parole et l'action. Quelle est l'action normale sinon celle du Principe, et qu'est-elle encore sinon une forme de service? Dans une poésie de Robert Browning, Pippa, une petite ouvrière dans les filatures de soie, affirme son droit à un congé, si modeste que soit son occupation, et déclare joyeusement: "Devant Dieu tous les services sont égaux." Elle entrevit en quelque sorte la vérité à propos de l'égalité, et, soulevée par cette lumière, poursuivit sa route dans un tel rayonnement que grand fut le nombre de ceux auxquels ses petites chansons épargnèrent un faux pas. Le monde a besoin aujourd'hui de la consécration dans le service, et le sens véritable de celui-ci devient de plus en plus évident à mesure qu'augmentent les occasions qu'il a de témoigner de sa valeur.
Les hommes soupirent après un monde d'où le mal est absent. Le Scientiste Chrétien sait qu'on peut détruire le mal en lui substituant le bien. C'est toujours une joie de remplacer un concept faux par un juste. Qu'arriverait-il à un homme qui persisterait à déclarer que deux fois deux font cinq et qui s'efforcerait de se prendre au sérieux? Sans doute, une confusion complète dans toute sa façon de voir. De prémisses erronées ne peuvent venir que des conclusions fausses. L'affirmation que deux fois deux font quatre procure immédiatement une impression reposante d'équilibre. Ainsi, substituer à l'assertion que l'inégalité est un fait en soi, la déclaration véritable que l'égalité est le fait éternel, c'est s'affranchir de suite d'une croyance au mal et ressentir un sentiment de paix et d'unité. La notion tout humaine de monopole aboutit à un complet désastre. Remplaçons ce monopole par la coopération et nous avons le service. Le mal, sous ses formes innombrables, n'a pas de Principe; il est par conséquent sans puissance, et doit à lui-même sa destruction. A la question de Caïn: "Suis-je le gardien de mon frère?" la Science Chrétienne répond: En vérité, tout homme est le gardien de son frère dans la mesure où il voir en lui non pas un mortel faillible et égaré, mais l'homme spirituel, exprimant l'Entendement divin.
En 1776, l'Amérique donna au monde cette déclaration magnifique: "Tous les hommes sont créés égaux." Cette déclaration, fondée sur le Principe, fut un défi continuel à la doctrune du droit divin des monarques, et communiqua aux nations un sens plus juste du gouvernement. Un siècle plus tard, par Mary Baker Eddy, l'Auteur de la découverte et la Fondatrice de la Science Chrétienne, l'Amérique donna de nouveau au monde une vision grandiose du gouvernement parfait dans les termes suivants: "La Grande Charte de la Science Chrétienne a un sens profond, multum in parvo,— tout-en-un et un-en-tout. Elle représente les droits universels et inaliénables de l'homme. Essentiellement démocratique, son gouvernement fonctionne par le consentement commun des gouvernés, gouvernement par lequel et dans lequel l'homme, gouverné par son Créateur, se gouverne lui-même" (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 254). A travers tous les âges jusqu'à ce jour, les hommes ont tenté de se gouverner les uns les autres au lieu de refléter le gouvernement démocratique de Dieu. La démocratie, élevée à la hauteur du royaume des cieux, est celle de l'Amour, et ses actes s'inspirent tous du Principe. Quand un homme, par l'étude de la Science Chrétienne, parvient à une conception plus nette de l'égalité, il s'aperçoit que le progrès se mesure exactement à sa compréhension de ce qui constitue la société véritable et des rapports de toute la création à Dieu.
La grâce est trompeuse, et la beauté s'évanouit; mais la femme qui craint l'Éternel est celle qui sera louée.— Proverbes 31: 30.
Celui qui aime l'argent ne jouit jamais de son argent, et celui qui aime les richesses n'en retire aucun profit. Tout cela encore n'est que vanité.— L'Ecclésiaste 5: 10.