Le monde en est arrivé au point où les individus, les classes, les nations et les penseurs réclament l'indépendance avec plus de force que jamais auparavant. Aussi est-il de la plus grande importance que le sens véritable de cette aspiration soit saisi, afin que les pièges tendus par le sens humain des choses toutes les fois que ses prétentions sont menacées par une idée juste, puissent être aperçus, évités, et éventuellement détruits. Que de fois dans l'histoire de ce monde l'intention première a été obscurcie, jusqu'à ce que le cri: "Que de crimes sont commis en ton nom" s'exhale du cœur de ceux qui cherchaient la liberté permanente dans une notion purement humaine. La déception est inévitable, car l'esprit mortel ne saurait se libérer des entrâves qu'il s'est imposé à lui-même. Les efforts faits pour atteindre l'indépendance, s'ils ne sont pas contrôlés par le Principe, acquièrent bientôt les caractères de la contrefaçon en s'assujettissant au pouvoir de la seule volonté, ce qui aboutit à un esclavage abject ou au mépris de la loi et de l'ordre, et conduit au "chaos et à la nuit antique."
Mais il ne s'agit pas de perdre courage, car la lumière nouvelle est à son aube, et comme Mrs. Eddy l'écrit dans "Science et Santé avec la Clef des Écritures" (Préface, p. vii), "L'heure des penseurs a sonné." La Science Chrétienne, ce "chemin de la sainteté" dont il est dit que ceux qui y marchent, les simples eux-mêmes, ne s'égareront point, dirige la pensée dans ce problème comme dans tant d'autres vers la réalisation du fait spirituel, où seul se trouve la solution équitable.
Assurément, l'indépendance signifie un affranchissement de toute contrainte extérieure. L'homme a droit à cet affranchissement parce que, comme les Écritures nous le disent, la domination lui fut donnée, ou, comme Mrs. Eddy le déclare dans Science et Santé (p. 227), "Dieu créa l'homme libre." Cet homme véritable, image de Dieu et reflet de l'indépendance du Principe, ne dépend que de son Créateur, l'Entendement. L'giquement, dépendre ainsi de Dieu est essentiel, car être indépendant de Lui, indépendant de la Vie, c'est tomber dans l'oubli de la mort; être indépendant de l'Intelligence c'est tomber dans le vide de l'inintelligence. L'homme pense d'une façon indépendante parce qu'il est une idée individuelle de l'Entendement et qu'il exprime de ce fait une intelligence individuelle. Aussi ne saurait-il être sous le contrôle d'une influence quelconque extérieure à l'Entendement et à son idée. Ceci ne veut pas dire que nos pensées contrediront celles de notre prochain. Au contraire, le fait spirituel que l'homme véritable exprime un seul Entendement assure la coopération harmonieuse de ceux qui veulent penser juste.
Si nous appliquons cette compréhension à nos problèmes, nous découvrons que l'indépendance d'une nation, d'une communauté ou d'une classe, dépend avant tout du libre exercice du droit de tout homme de penser par lui-même, et non de la pensée d'un petit nombre, quand bien même celui-ci se poserait en champion de l'indépendance. Le développement de ce droit est graduel; il résulte d'une fermentation de la masse qui, du fait de la léthargie de l'entendement mortel, a la plus grande aversion de la pensée individuelle et préfère dépendre d'autrui. Il s'agit de trouver un moyen qui permette aux opinions particulières de s'exprimer librement et complètement, tout en formant pour l'ensemble une ligne de conduite collectivement individuelle. Il va de soi que pour obtenir des résultats harmonieux, la pensée d'un homme doit s'inspirer de considérations méritoires, et ceci n'est possible qu'en reconnaissant une seule Intelligence, un seul Principe directeur.
La poursuite actuelle de l'indépendance, provoquée par le mouvement d'une pensée plus active, est intrinsèquement juste et trouvera sa réponse dans le message que la Science Chrétienne apporte à notre époque. Comme Mrs. Eddy l'écrit à la page 106 de Science et Santé: "La Science Chrétienne a sa Déclaration d'Indépendance. Dieu a doué l'homme de droits inaliénables, parmi lesquels on compte le gouvernement de soi-même, la raison et la conscience. L'homme n'est bien gouverné par lui-même que lorsqu'il est bien guidé et gouverné par son Créateur, la Vérité et l'Amour divins." Malgré que le problème qui consiste à établir la véritable indépendance dans les affaires de ce monde puisse paraître formidable, puisons notre courage dans la vérité des paroles de St. Paul aux Corinthiens: "Un peu de levain fait lever toute la pâte." Ainsi, tout étudiant de la Science Chrétienne a une magnifique occasion d'aider son prochain à connaître la véritable indépendance plutôt que sa contrefaçon, en montrant qu'il sait se libérer lui-même des opinions humaines et des ambitions matérielles, et en assurant comme une lumière resplendissante sa dépendance entière du seul Dieu, du souverain bien. Devant les besoins criants de l'heure actuelle, un tel exemple rendra d'inappréciables services; il élèvera la pensée au niveau de l'Esprit dans lequel seul réside la véritable indépendance.
