Dans ses “visions divines,” le prophète Ézéchiel entendit une voix qui lui parlait du milieu de “la splendeur qui se voyait autour,” et cette voix lui dit: “Fils de l'homme, tiens-toi debout, et je te parlerai.” Que de fois dans notre temps le chercheur de Dieu soupire après le privilège dont jouirent les anciens prophètes — le privilège d'une communion directe avec le Père et de pouvoir s'écrier: “Ainsi parle l'Éternel.”
Bien que le monde chrétien pendant de longs siècles ait trouvé une certaine satisfaction et un certain réconfort dans des versets bibliques tels que ceux-ci: “L'Éternel est près de tous ceux qui l'invoquent, de tous ceux qui l'invoquent avec sincérité;” “Dieu est pour nous un refuge et une force, un secours dans les détresses;” et dans cette assurance du Christ: “Voici, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde,” les hommes, néanmoins, qui n'ont pas été instruits par la Science Chrétienne, n'ont eu que la notion la plus vague de la portée de ces paroles. “Comment se peut-il que Dieu soit en même temps en Europe et en Amérique?” demande le petit enfant qui a déjà entrepris de se faire une image d'un Dieu anthropomorphe — un homme gigantesque perdu dans les cieux et auquel il faut, le soir, adresser des prières. “Tant de millions d'êtres à travers le monde réclament de Dieu Son aide, comment pourrait-Il entendre mon faible appel?” gémit l'affligé. “Le Tout-Puissant, que peut-Il savoir de mes embarras, comment peut-Il prévenir une saisie?” interroge avec cynisme l'homme d'affaires. Derrière toutes les questions, derrière les plaintes et les doutes, nous savons que nous sommes en face de la grande aspiration des hommes que Job a formulée en ces mots: “Oh! si je savais où Le trouver,” et le psalmiste par cette belle image: “Comme un cerf brame après les eaux courantes, ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu!”
Or, du moment que l'homme est l'image et la ressemblance de Dieu, comme la Bible nous l'assure; du moment qu'il est en réalité une réflexion de l'Intelligence unique, cette recherche universelle de Dieu est parfaitement légitime. Elle doit avoir son origine dans le désir qu'a l'Entendement divin d'être exprimé. Ce désir, par réflexion, devient dans l'homme le vœu que Dieu se manifeste et qu'il soit donné à chacun de Le connaître. Il est impossible de se représenter Dieu, le Tout-Puissant, entretenant un désir qu'il ne saurait combler. “L'Entendement insondable est exprimé,” affirme Mrs. Eddy dans “Science et Santé avec la Clef des Écritures” (p. 520). “La profondeur, l'étendue, la hauteur, la puissance, la majesté et la gloire de l'Amour infini remplissent tout espace.” La satisfaction de ce besoin qu'a l'homme de trouver Dieu, est toujours à notre portée. La clef qui nous en donne l'accès se trouve dans cette béatitude: “Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice; car ils seront rassasiés.”
Mais l'esprit humain proteste contre une telle classification de ses aspirations. Il réclame tout ce qui est bon — la santé, la fortune, un milieu et des relations agréables, néanmoins il n'entend pas appeler cela la faim et la soif de la justice. Ce fut pourtant Jésus-Christ qui donna cette béatitude, et il sut rendre un éclatant témoignage à sa valeur quand il dit au paralytique qui lui était amené: “Prends courage, mon enfant, tes péchés te sont pardonnés.” Combien vaines autant que déplacées ces paroles devaient-elles paraître, même aux oreilles de l'homme malade, avant que ne fût vu et senti leur effet sur son corps! Et pourtant, combien grand le miracle, car au commandement du Maître, celui qui tout à l'heure avait été infirme prit son lit et “s'en alla dans sa maison.” Ce même incident se renouvela dans la vie de Mrs. Eddy, l'Auteur de la découverte et la Fondatrice de la Science Chrétienne, car elle aussi était infirme et abandonnée des médecins: un trait de lumière révélateur, une soudaine compréhension de la grandeur de l'acte, la firent se dresser, non seulement physiquement guérie mais aussi munie d'une intelligence des choses que, dans sa maison — sa conscience — elle fortifia et élargit par trois ans d'étude intensive de la Bible, jusqu'à ce qu'elle découvrît la raison pour laquelle le pardon du péché et son effacement devaient rendre la santé à un être humain.
Le pivot de sa découverte fut que Dieu est l'Entendement, le souverain bien, l'infini, et que les maux apparents du monde ne sont que les suites d'une manière de penser totalement fausse; mais puisque Dieu est l'Entendement, puisqu'il est bon et infini, ce qui paraît engendrer de mauvaises pensées et leurs manifestations n'est pas Entendement du tout mais précisément son opposé— comme les ténèbres sont l'opposé de la lumière. Quand celle-ci apparaît l'on sait aisément leur néant. Admettre la plénitude de Dieu, de l'Entendement divin, c'est découvrir le néant de tout ce qui n'appartient pas au bien infini. “L'exterminateur de l'erreur est la grande vérité que Dieu, le bien, est l'unique Entendement, et que le contraire supposé de l'Entendement infini — appelé diable ou mal — n'est pas l'Entendement, n'est pas la Vérité, mais l'erreur, sans intelligence ni réalité” (Science et Santé, p. 469).
La réfutation de ce soi-disant opposé de Dieu, l'admission de la toute-puissance et de la toute-présence de l'Entendement divin, le bien infini, et de sa création infiniment bonne, forment la base de la justice et de la pensée éprise de perfection. La lumière, enfin, est venue, et Dieu n'est plus un Dieu distant; dans le langage du poète,
Il est plus près que notre souffle,
Plus proche que nos membres.
Néanmoins, il s'agit de se tenir debout, de s'attacher fermement à notre compréhension de Dieu comme Entendement, avant que nous puissions connaître les bénédictions qu'apporte un tel sentiment de Sa proximité. Si l'on confère à l'Entendement la définition de Dieu, il devient aisé d'éprouver la certitude de Sa présence. Toute bonne pensée fait partie de l'Entendement divin, le bien infini, et elle s'extériorise dans la vie de celui qui l'entretient; aussi pour “trouver” Dieu, pour faire l'expérience de ce qu'est le bien, il suffit d'expulser de nos pensées tout ce qui lui est dissemblable.
Cette tâche ne déploie pas dès l'abord toutes ses conséquences, mais chacun de nos efforts se traduit immédiatement par une meilleure santé, un entourage plus harmonieux, un commerce plus satisfaisant. La règle ne connaît pas de limites à son application; ses effets ultimes seront d'impartir à la conscience humaine la plénitude du bien. “Je suis l'Éternel, et il n'y en a point d'autre,” telle est la déclaration de l'Entendement divin.
Combien il vaut la peine d'apprendre à se tenir debout, de parvenir à cette connaissance de Dieu comme Intelligence et de l'homme comme idée divine! Nul besoin de prêtres ou d'autres intermédiaires! Dieu, l'Intelligence infinie, parle directement à l'homme, Son idée. La voix douce et subtile lui communique à jamais Sa volonté, et par la lecture conjointe de la Bible et de “Science et Santé avec la Clef des Écritures,” nous apprenons à écouter et à reconnaître Sa voix. Le malheur est que la plupart du temps nous ne nous confions pas à la voix douce et subtile — nous ne suivons pas nos intuitions. Nous sommes enclins à temporiser jusqu'à ce que nous ayons pu consulter un ami dont le jugement nous inspire confiance, ou jusqu'à ce que nous puissions entrer en rapport avec quelqu'un dont la pensée, selon nous, est très claire.
Néanmoins, ce n'est pas là se tenir debout de telle sorte que nous puissions évoquer la promesse “Je te parlerai”—à toi, et non pas à quelqu'autre être humain fonctionnant comme oracle ou médium. Que dit l'apôtre Jacques? “Si l'un de vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu, qui donne à tous libéralement, sans rien reprocher; et elle lui sera donnée. Mais qu'il demande avec foi, sans douter; car celui qui doute est semblable au flot de la mer, qui est agité et poussé çà et là par le vent.” En d'autres termes, quand l'indécision s'empare de nous touchant ce qu'il convient de dire ou de faire, l'on peut se tourner directement vers l'Intelligence divine et lui demander son secours; puis il s'agit de compter sur ce secours, nous rendant bien compte qu'aucun pouvoir ne saurait empêcher Dieu de contrôler les pensées et les actes de Son propre enfant — Sa propre idée. Ensuite, écoutons nos intuitions avec confiance et résolution, “sans douter.”
“Je hâte l'avènement de ma justice,” telle est la promesse divine; “elle n'est pas loin, et mon salut ne tardera pas à venir.” Ce salut, la Science Chrétienne nous l'enseigne, comprend notre délivrance du péché, de la maladie, de la limitation et de la discorde sous tous ses aspects, car il provient d'une connaissance de la loi divine et de notre dépendance d'elle, de la loi qui gouverne l'univers, qui dirige les planètes dans leurs orbites, et selon laquelle “Le printemps sèmera et l'automne moissonnera jusqu'à la fin des temps.” A la page 4 de “Unity of Good,” Mrs. Eddy dit: “Acquérir une conscience passagère de la loi de Dieu, c'est sentir, en un certain sens humain fini, que Dieu vient à nous et nous prend en pitié; mais parvenir à comprendre Sa présence, par la Science de Dieu, c'est détruire notre sentiment d'imperfection ou de Son absence par le sentiment plus divin que Dieu est toute véritable conscience; et ceci nous convainc que, dans la mesure où nous nous rapprochons encore davantage de Lui, nous devons perdre à jamais notre propre conscience de l'erreur.” La vie devient alors la connaissance du bien infini.
