A travers tous les temps le jargon des écoles a été regardé avec mépris par le vrai penseur. Il semble à peu près impossible d'inventer une terminologie scientifique qui ne soit pas sujette aux abus de ceux qui n'ont point saisi sa portée réelle. Cela est très remarqué parmi ceux qui pérorent sur le sujet de la Science Chrétienne, comme d'ailleurs sur celui des sciences naturelles, parmi ceux qui parlent d'une démonstration comme si celle-ci signifiait l'obtention d'une chose désirée matériellement, et qui se figurent apparemment qu'appeler une maladie une croyance ou une prétention c'est l'abolir. A la page 54 de “Unity of Good,” Mrs. Eddy met ses élèves en garde contre un tel abus de langage, et cela en quelque sorte spécifiquement: “Dire qu'il y a une fausse prétention appelée maladie,” écritelle, “c'est admettre tout ce qu'il y a dans la maladie, car elle n'est rien qu'une fausse prétention. Pour être guéri il faut précisément perdre celle-ci de vue.” Et encore, un peu plus bas et sur la même page: “Il en est du péché comme de la maladie. Admettre que le péché a une prétention quelconque, fondée ou non, c'est admettre un fait dangereux.”
Mrs. Eddy fait usage du mot prétention pour indiquer quelque chose qui semble être un fait mais n'en est pas un; par contre, quand un mot est simplement substitué à celui de maladie ou de péché, sans être accompagné de la pénétration métaphysique qui le prive d'un sens quelconque d'actualité, il devient, comme elle l'a dit, une admission dangereuse. Sans doute, si la santé d'un homme, ou l'une des activités dans lesquelles il est légitimement engagé, semble atteinte d'une façon ou d'une autre, le mal cherche à affirmer sa prétention au pouvoir de lui faire tort, Auquel cas il est de son devoir de se rendre compte de la vérité touchant la situation, de démontrer que la prétention est infondée, illégale, et ainsi de la détruire. D'ailleurs, une telle prétention, cela va de soi, ne peut être faite qu'illégitimement, car la Vérité, elle, n'élève aucune prétention mais s'érige en un fait. C'est toujours par une forme de suggestion mentale maligne que cette prétention de la maladie se fait accepter dans la conscience humaine, car nulle suggestion du mal ne saurait venir de l'Entendement divin qui n'est conscient que du bien. Aussi, si une telle prétention ou suggestion trouve une place dans la conscience humaine, c'est parce que l'homme ne s'est pas garanti lui-même contre la croyance que le mal existe en tant que réalité et puissance. Mrs. Eddy a justement prévu qu'il y en aurait toujours qui négligeraient cette protection; aussi a-t-elle écrit dans le Manuel de l'Église-Mère (Article VIII, Section 6): “C'est le devoir de tout membre de cette Église de se défendre lui-même journellement contre la suggestion mentale aggressive, et de ne pas oublier ou négliger sa dette envers Dieu, son Leader et toute l'humanité. Par ses œuvres il sera jugé,— justifié ou condamné.”
Les dernières paroles de cette adjuration renferment un avertissement très sérieux à l'adresse de l'étudiant insouciant. En réglant ses comptes avec le Principe, il plaidera vainement que d'autres l'ont entraîné dans une fausse voie, et qu'il fut influencé par sa foi en ceux qu'il estimait meilleurs juges que lui-même. Mrs. Eddy le dit nettement, les excuses qu'il peut s'offrir à lui-même pour avoir prêté l'oreille aux suggestions du mal, ne seront d'aucun effet. Il doit être jugé, non par ses explications mais par ses œuvres, et justifié ou condamné par elles.
A coup sûr, nul ne saurait trouver le temps nécessaire pour se protéger spécifiquement chaque jour contre toutes les suggestions que le mal cherche à répandre. Le mal prétend à un infini contrefait, et parce que toute suggestion du mal est un mensonge, la suggestion de son infinité en est un également. C'est pourquoi l'homme est protégé par le sentiment qu'il a du néant et de l'impuissance du mal; plus ce sentiment est vif, plus sa sécurité est grande. Toutefois, aussi longtemps que la matière est acceptée et prise pour réelle, la réalité du mal ne saurait être niée avec succès. C'est pourquoi la sécurité d'un homme doit dépendre non seulement de la négation théorique de la réalité et de la puissance du mal, mais de la démonstration pratique de cette négation, attestée par l'effort incessant de nier le témoignage des sens et de marcher sur les traces du Christ. Il est fort possible de marcher sur les traces du Maître, pour la bonne raison qu'il n'y en a réellement pas d'autres, comme il n'y a pas d'autre Entendement que l'Entendement divin, et par conséquent pas d'intelligence qui puisse suggérer le mal. A la page 419 de Science et Santé, Mrs. Eddy écrit: “L'Entendement est la cause de toute action. Si l'action provient de la Vérité, de l'Entendement immortel, il y a harmonie; mais l'entendement mortel est sujet à n'importe quelle phase de la croyance. En réalité une rechute ne peut se produire chez les mortels, c'est-à-dire les soi-disant entendements mortels, car il n'y a qu'un Entendement, qu'un Dieu.”
Or, du moment qu'il n'y a qu'un seul Entendement et que cet Entendement n'est conscient que du bien, il est certain que les pensées de Dieu, passant de Son intelligence à celle de l'homme, doivent expulser les idées matérielles, les contrefaçons qui constituent les suggestions de l'entendement mortel. Tant qu'un enfant ignore l'arithmétique, il peut admettre la suggestion que deux fois deux font cinq, mais dès l'instant où il a vu que deux fois deux font quatre, toute croyance contraire disparaît. Cela est également vrai de toute notion que l'homme peut nourrir par rapport à sa santé ou à quelqu'une de ses activités. La suggestion de l'esprit mortel peut prétendre qu'il y a maladie, mais la déclaration de la vérité doit annuler cette fausse prétention. Celle-ci, annulée, ne saurait revenir à la vie pour causer d'autres dommages. Certes, comme Mrs. Eddy le fait remarquer, il n'y a pas à escompter de rechute, même dans les soi-disant esprits mortels, pour la raison péremptoire qu'il n'y a qu'un Entendement, qu'un Principe, qu'un Dieu.
Si cette prétention de rechute devait se suggérer à la conscience, il faudra détruire non pas les croyances à la maladie ou à l'inharmonie qui ont déjà été entièrement détruites par l'acceptation du Christ, de la Vérité, mais plutôt cette autre prétention de l'esprit humain, à savoir, qu'il y a rechute. En d'autres termes, si un homme a été malade ou s'il a eu des difficultés d'affaires, et que cette maladie ou ces difficultés aient été surmontées par la Vérité, ni son corps ni ses affaires ne sauraient souffrir de la croyance qui a déjà été détruite, mais bien d'une prétention tout à fait distincte. Celle-ci est tout autant une fausse prétention que la croyance primitive à la maladie ou à l'inharmonie, et elle doit être affrontée par la connaissance du fait que l'esprit humain ne saurait jamais atteindre les fins qu'il poursuit en présentant ses suggestions sous une forme détournée. C'est pourquoi la croyance de rechute imprimée sur la conscience peut être effacée aussi aisément que le mensonge primitif d'une maladie ou d'une discorde, en sachant qu'il n'y a qu'un Entendement, et que cet Entendement est l'Esprit.