“Ce que je vous dis, je le dis à tous: Veillez!” tel fut l'avis que Jésus donna à ses disciples. Dix-neuf siècles plus tard, l'un des plus humbles d'entre eux, Mary Baker Eddy, dans son Message à l'Église Mère (Message de 1900, p. 2), fit cette déclaration capitale: “Le chant de la Science Chrétienne est: ‘Travaillez — travaillez — travaillez — veillez et priez.’ ” Aujourd'hui, comme toujours, ce conseil est de la plus haute importance, car subtiles et secrètes sont les suggestions qui nous poussent à passer d'une religion démontrable à une religion théorique. Combien il est plus facile de prêcher que de pratiquer! A quel point la prédication peut-elle nous rendre imbus de notre propre valeur! et, d'autre part, quelle attention, quelle abnégation et quel sacrifice comporte la pratique véritable de la Science Chrétienne!
Un bref coup d'œil sur la carrière terrestre de Jésus nous convaincra qu'il n'a jamais manqué de prouver ses paroles par ses actes. Durant trois siècles, ses disciples suivirent son exemple, établissant la vérité de leur religion en guérissant la maladie et le péché, et même en ressuscitant les morts. Ensuite, le christianisme devint populaire. Admis par la cour, il ne tarda pas à l'être aussi par le bas peuple, mais superficiellement; en sorte, qu'avec le temps ni la lettre ni l'esprit du christianisme primitif ne furent saisis par la majorité des croyants. Un élément personnel, matériel, et même idolâtre, s'insinua graduellement dans la religion chrétienne, lui dérobant sa vitalité. Les symboles et les cérémonies se substituèrent à la simplicité de l'enseignement de Jésus. Les hommes furent séparés de Dieu par des médiateurs artificiels, par des doctrines et des croyances d'origine purement humaine; ainsi, seul le dehors du plat fut nettoyé. La Vérité, néanmoins, est immortelle. A travers tous les siècles, il s'est trouvé des penseurs assez éclairés pour puiser dans les annales chrétiennes de la Bible l'inspiration qui les a fait sortir d'une théologie purement humaine, des penseurs qui se sont efforcés de connaître Dieu et de trouver la paix. Luther, Wycliffe, Calvin, Wesley, et les Puritains, soupirèrent après la religion authentique de Jésus; mais ce fut Mary Baker Eddy qui la trouva et qui appela sa découverte la Science Chrétienne. L'élément perdu du christianisme — la guérison des malades par la compréhension de Dieu — lui a été restauré par cette Science.
Ses premiers fidèles eurent à subir non seulement les persécutions des autres églises, mais aussi celles de la profession médicale; ces épreuves néanmoins ne firent que les fortifier dans leur foi, et les disposèrent à trouver dans leurs actes seuls l'attestation de leur propre valeur. Le développement de la Science Chrétienne a été régulier et certain. Aujourd'hui, son message est parvenu aux extrémités de la terre. Ses églises, partout, sont entretenues par la générosité et la gratitude de leurs membres. Cette religion que le ridicule, la persécution et l'injustice accompagnèrent à ses débuts, est en train de devenir populaire. Ses fidèles sont possédés de la même ferveur et de la même reconnaissance sans bornes pour son message de guérison. En outre, ils profitent de la force que confèrent des années d'expériences, des années de travail sincère et consciencieux. Aujourd'hui, plus qu'à n'importe quelle époque, il faut que les Scientistes Chrétiens soient alertes et vigilants, qu'ils pensent avec lucidité et se souviennent que, selon les paroles de St. Jacques: “La foi sans les œuvres est morte.”
L'obligation de démontrer la Science Chrétienne ne repose pas sur les officiers des églises et des associations ou sur les praticiens seulement; elle repose individuellement sur chaque Scientiste Chrétien. Nous ne saurions confier aux autres la tâche qui nous revient en propre. Si le Scientiste Chrétien ne vit pas lui-même sa religion, s'il ne s'efforce pas chaque jour de mieux connaître Dieu et de mettre cette connaissance en pratique, il n'est qu'un obstacle au progrès et indigne du dépôt sacré qui lui a été confié. L'histoire du christianisme nous révèle l'existence de centaines de sectes, chacune s'estimant douée d'une vision plus claire des réalités spirituelles que la précédente, mais perdant bientôt cette vision et retombant dans la masse. Tout Scientiste Chrétien devrait se poser ces questions: Ma religion est-elle tout pour moi? fais-je ce qui dépend de mes efforts pour la maintenir pure, vivante et pratique, ou bien, ai-je sombré dans la torpeur, passant à d'autres ma propre responsabilité, et permettant à ma religion de dériver vers les sectes si nombreuses qui cherchent encore en aveugles le christianisme du Christ?
Le véritable Scientiste Chrétien s'attache fermement à la Bible et à “Science et Santé avec la Clef des Écritures,” et ne s'égare pas dans les traverses des opinions purement personnelles. Les Dix Commandements et le Sermon sur la Montagne inspirent ses pensées et ses actes. Avocat conséquent du christianisme, il marche de son mieux sur les traces du Maître. La franchise, l'ardeur, la volonté de se consacrer à Dieu sans viser à l'approbation du monde, sans même parfois attendre la moindre reconnaissance, sont des devoirs chrétiens. Le Scientiste Chrétien authentique ne fréquente pas son église par habitude, pour y rencontrer ses amis ou la meilleure société de sa ville. Il s'y rend pour donner autant que pour recevoir. Si modeste que soit sa compréhension de la vérité renfermée dans le Sermon-Leçon, elle en accompagne la lecture afin que tous les auditeurs, indistinctement, puissent être guéris. Quand chaque Scientiste Chrétien aura suffisamment étudié et vécu la vérité exprimée dans le Sermon-Leçon pour la comprendre dans toute sa splendeur à l'ouïe de sa lecture, les guérisons seront nombreuses aux cultes de la Science Chrétienne. Le Scientiste Chrétien n'est pas superficiel. Il ne s'adresse pas à sa religion en amateur, quand cela lui est agréable ou quand il n'y a pas d'opposition, mais il s'y adresse en toute occasion, parce qu'il s'en remet entièrement à elle. Il ne s'affranchit pas de sa responsabilité en appelant un praticien chaque fois qu'il a un problème à résoudre. Il s'adresse au praticien quand il a positivement besoin de secours, après avoir travaillé tout d'abord de son mieux à son propre salut.
Les Scientistes Chrétiens doivent sans cesse étudier la vie et les enseignements de Jésus et garder devant eux l'exemple de son application constante et pratique de sa religion. La guérison des malades fut l'un des premiers devoirs qu'il enseigna à ses disciples. Mrs. Eddy, suivant ses traces, laissa aux Scientistes Chrétiens la règle suivante (Manuel, Art. XXX, Sect. 7): “La guérison des malades et des pécheurs par la Vérité, démontre ce que nous affirmons touchant la Science Chrétienne, et rien ne saurait se substituer à cette démonstration. Je recommande à chacun des membres de cette Église de s'efforcer de démontrer par sa pratique que la Science Chrétienne guérit les malades d'une façon rapide et complète, prouvant ainsi que cette Science répond vraiment à nos prétentions à son sujet.”
Nombre de fois, Jésus avertit ses disciples de se méfier de l'hypocrisie des pharisiens et de la foi aux richesses. Il leur montra comment, en toute circonstance, se tourner vers Dieu pour obtenir de Lui la force et le conseil, ne s'en remettant jamais aux opinions et aux méthodes humaines. Par-dessus tout, il apporta la véritable charité. A la religion de son époque, il enleva le formalisme, la froideur, la sécheresse, et mit en lumière l'amour merveilleux de Dieu. Jésus n'édifia pas des théories sur l'amour. Celui-ci transparaissait à travers ses moindres actes. Il témoigna une compassion infinie vis-à-vis de chacun, vis-à-vis des malades et des pécheurs, des pauvres et des riches, des amis et des ennemis. Son temps allait à tous,— au publicain et au pécheur, aussi bien qu'au riche et au pharisien lettré. Vivant dans la plus complète simplicité, il ne recherchait ni les pompes ni les pouvoirs de ce monde. La volonté du Père était derrière tous ses actes.
Devant un pareil exemple, le Scientiste Chrétien n'a aucune excuse pour se montrer froid, distant ou désobligeant, ou pour être distrait “par divers soins.” Le Scientiste Chrétien authentique sera abordable, digne de confiance, plein de sympathie et d'indulgence, un ami véritable. Il se montrera prêt à guérir toute condition inharmonieuse par sa compréhension de la Vérité et par son application pratique de l'Amour divin dans les petites choses de la vie journalière,— sachant réconforter par une parole d'encouragement, par un sourire ami ou un geste affectueux.