Dire que le tout est égal à la somme des parties, c'est énoncer un simple axiome. Aussi est-il certain qu'on ne saurait, dans un domaine quelconque, saisir le tout avant d'avoir auparavant saisi un à un les éléments qui le composent. S'il en va ainsi des objets finis, il en va ainsi à plus forte raison encore dans l'exploration de la réalité spirituelle. Dieu n'est compris que dans la mesure où l'idée spirituelle qui L'exprime est elle-même comprise. C'est en pratiquant la bonté d'une façon spécifique que l'Amour, en tant que Principe divin, se fait connaître. C'est par le sens spirituel de la Vérité que cette dernière se dévoile.
Pareillement le mal ne peut être dévoilé dans son entier qu'en découvrant ses manifestation spécifiques, et il ne sera éventuellement mis hors de cause que si ses phases particulières sont détruites chacune à son tour. Ce qui sépare la connaissance du bien de celle du mal, c'est le fait que la splendide réalité des éléments du bien, dans la mesure même où ils sont connus, peut être démontrée, tandis que les éléments du mal, à mesure qu'ils sont mis à nu, attestent leur nature illusoire et se dissolvent complètement. Plus la perception des éléments de la Vérité grandit, plus la réalité apparente du mal se rapetisse et se perd. C'est ici que réside l'irréalité du mal: il disparaît devant la Vérité.
La disparition du mal devant la Vérité n'est nullement mystérieuse. Dieu est bon, et Il est tout. Si tout est bon, il n'y a évidemment aucun élément du mal, l'opposé du bien, dans le Principe créateur. Forcément, plus on s'approche du Principe divin, plus on s'éloigne du mal. L'homme, comme idée spirituelle, exprime son Principe divin, Dieu. Sa nature est foncièrement bonne, et, comme l'homme est la manifestation du Principe créateur, et non lui-même un créateur, il ne saurait rien produire qui soit dissemblable du Principe. Mieux on saisit le fait que l'homme spirituel est une idée parfaite, spirituelle, mieux on démontre la bonté et la pureté de l'homme à l'image de Dieu, en sorte que le mal disparaît inévitablement. “Il est impossible que Dieu ait jamais communiqué un élément du mal, et l'homme ne possède rien qui ne lui vienne de Dieu,” écrit Mrs. Eddy à la page 539 de “Science et Santé avec la Clef des Écritures.”
Une fois le fait dûment établi que Dieu et Son idée, l'homme, sont bons, les raisons que l'humanité a de croire au mal et d'y tendre, sont supprimées d'une façon scientifique. Le pécheur n'exprime pas toutes les formes du mal, pas plus qu'une idée spirituelle individuelle n'exprime le Principe dans son entier. Un pécheur n'exprime qu'un aspect de la conception égarée des choses. Les formes innombrables du péché composent les éléments du mal unique, à savoir, la croyance en quoi que ce soit en dehors de Dieu. Aussi, l'attrait qu'un mortel éprouve pour le mal n'a pas son origine en une chose plus puissante ou plus réelle qu'une croyance égarée en un univers et en un homme contrefaits, en une matérialité qui n'a pas d'existence propre, parce qu'elle n'est pas comprise dans le Principe divin qui embrasse tout ce qui existe. Étre “esclaves des rudiments du monde,” selon l'expression de St. Paul, est chose impossible, en raison de la fausseté de l'origine de cet esclavage. La perception de cette fausseté et la libération de la conscience qu'elle entraîne, vont de pair avec la compréhension du fait que la Vérité élimine et, par conséquent, détruit le mal.
St. Paul était parvenu à la compréhension du néant du mal, quand il déclara: “C'est pourquoi, je me complais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les détresses, dans les persécutions, dans les afflictions extrêmes pour Christ.” Ayant discerné le Christ, la Vérité, ayant discerné la réalité du bien infini, il put résoudre les souffrances des sens matériels en leurs éléments constitutifs, en fausses croyances d'un esprit charnel irréel. Il saisit parfaitement le fait que la lutte ne se poursuivait pas contre la matière comme substance véritable, capable de jouissance et de douleur, mais contre la croyance en la possibilité d'une existence quelconque en dehors de Dieu, le bien. Chaque victoire obtenue sur les éléments du mal diminue d'autant le prestige de son mirage. Faisant allusion à la compréhension spirituelle de l'apôtre et à sa démonstration, Mrs. Eddy écrit à la page 201 de “Miscellaneous Writings”: “La Science de la déclaration de St. Paul résout l'élément nommé à tort matière en son péché originel, en volonté humaine, cette volonté qui voudrait s'opposer à ce que les qualités de l'Esprit soient sujettes de l'Esprit. Le péché entraîna la mort; et la mort est un élément de la matière, un élément de la fausseté matérielle, jamais de l'Esprit.”
La mise en lumière des éléments et des activités du mal, telle est la conséquence que doit entraîner une compréhension croissante de la Vérité sur un monde qui lui est asservi. “Le jour du Seigneur,” déclare St. Pierre, “viendra comme un voleur. Alors les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec toutes les œuvres qu'elle renferme sera consumée.” Les manifestations du mal, si extraordinaires de nos jours, attestent avec certitude que ses éléments sont convulsionnés par les exigences impératives et toujours mieux comprises du Principe. Le mal n'est ni plus réel ni plus puissant parce qu'il se manifeste plus ouvertement. Son audace est en même temps son désespoir à l'heure qui précède son arrêt de mort. “Seule la Science peut expliquer les bons et les mauvais éléments extraordinaires qui surgissent aujourd'hui,” écrit Mrs. Eddy à la page 83 de Science et Santé. “Il faut que les mortels trouvent un refuge dans la Vérité afin d'échapper à l'erreur de ces derniers temps.”
Les éléments de l'harmonie,— l'amour spirituel, la joie, la paix, la patience, la pureté, énumérés par St. Paul comme fruits de l'Esprit — sont divulgués à l'homme qui cherche son salut dans la Vérité. Le panorama quotidien des croyances du mal s'offre à la destruction et non à une sanction comme réalité de l'existence. Si le mal se présente sous la forme de maladies, de difficultés, de limitations, d'épidémies, sous la forme de gouvernements ou d'institutions corrompus, il est possible à l'homme, par sa compréhension spirituelle, d'en résoudre les manifestations en éléments de crainte, de haine, de jalousie, de convoitise, ou d'impureté. Tous les éléments de la croyance subjective du mal, croyance qui détermine ses manifestations extérieures, seront éventuellement rejetés dans leur néant primitif par l'opération du Principe divin, l'opération de la Vérité.