L'intérêt porté aux prophéties sacrées s'est largement répandu parmi les étudiants de la Bible, à mesure que celle-ci a cessé d'être un livre scellé et qu'on a reconnu en elle l'histoire du dévoilement de l'idée divine dans la conscience humaine. Soit dans son énoncé de la vérité absolue, soit dans son récit des transformations opérées dans la vie des hommes quand cette vérité est saisie par eux, la Bible a été et sera à tout jamais un guide infaillible. Ce double aspect du grand Livre une fois compris, nombre de passages autrement obscurs deviennent transparents, car si éloignées de nos idéals actuels que puissent être certaines des pratiques qui s'y trouvent mentionnées, celles-ci, néanmoins, expriment des conceptions plus hautes que telles autres qui prévalaient à des époques plus reculées, avant que le levain de la Vérité eût produit ses effets salutaires sur leur épais matérialisme.
La disparition de la matérialité entraîne inévitablement une perception plus vive de ce qui constitue la Vérité, et de la manière dont elle affecte les hommes. Découvrir ce que va faire l'esprit humain quand il se sera tourné vers la Vérité, tel est le seul sens à donner à l'acte de prophétie. Jésus comprit si nettement l'action de la Vérité, qu'il eut, corollaire obligatoire, la perception de ce que l'esprit humain, une fois soumis à cette action, allait faire. Il sut, en un mot, que ce soi-disant esprit humain disparaîtrait avec toutes ses conceptions matérielles de l'homme et de l'univers, et qu'à sa place se révélerait l'Entendement divin, apportant avec lui sa vision véritable de toutes choses.
Le vingt-quatrième chapitre de Matthieu contient le récit de l'une des prophéties les plus significatives, une prophétie exprimée en un langage si simple, si précis, que sa portée ne saurait échapper. Les versets douze, treize et quatorze déclarent: “Et parce que l'iniquité sera multipliée, la charité du plus grand nombre se refroidira. Mais celui qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé. Et cet Évangile du royaume sera prêché par toute la terre, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin.” L'heure présente, par la dissémination de la Science Chrétienne, voit certainement la prédication de l'Évangile du royaume à travers toute la terre, et, en conséquence, nous pouvons nous attendre à la fin qui a été prédite. Mais quelle est cette fin? L'annonce d'un terme à ce monde, et les préparatifs faits en vue de cet événement, ont souvent provoqué les angoisses affreuses des uns et la risée méprisante des autres. Cependant, le Chrétien n'ignore pas que les Écritures abondent en citations sur “la fin,” “la fin des temps,” etc. Dans les versets cités plus haut, il nous est enjoint de persévérer jusqu'à la fin. Combien de Chrétiens déclarés ont vu dans ces passages que l'homme est adjuré de souffrir pour un temps indéfini, pour être englouti en dernier lieu dans quelque cataclysme effroyable.
Ce n'est pas avant que nos facultés de raisonner aient été affranchies par l'étude de la Science Chrétienne, que nous sommes capables de saisir la vraie portée de pareilles déclarations. Peut-être, après avoir été entraînés dans la voie des déductions logiques, avons-nous découvert qu'il ne saurait y avoir de fin à ce qui a réellement existé. Voilà qui paraît certain en tout cas dès l'instant où nous avons distingué la véritable nature des relations entre la cause divine et l'effet. Il va sans dire que rien n'existe sans être un effet de la cause unique, et tant que la cause sera cause, cet effet continuera d'exister. Puis il va de soi que la cause se suffit à elle-même, pour la bonne raison que pour la contrecarrer, une chose devrait lui être extérieure. Ce qui voudrait prétendre exister en dehors de la cause infinie, unique, n'est ni cause, ni énergie, bref, n'est rien. Aussi une seule conclusion s'impose, à savoir, que tout ce qui vient à une fin n'a, en réalité, jamais eu de commencement, n'ayant pas eu d'origine dans la cause.
Cette existence matérielle qui repose sur une supposition, Jésus l'a appelée “meurtrier dès le commencement,” désignant par ces termes ce qui était déjà non-existant, privé de commencement. Il l'a nommée un “menteur et le père du mensonge.” L'analyse du mensonge nous apprend qu'il présente ce qui n'est pas vrai tout en prétendant à la vérité. Un mensonge, pour être tel, doit remplir ces deux conditions. Il est détruit, à coup sûr, dès l'instant où il a cessé de décevoir. D'autre part, peut-on dire qu'il y a une fin à la Vérité? Non. La Vérité étant simplement ce qui est, ne peut jamais venir à un terme; aussi Jésus, quand il parle dans le vingt-quatrième chapitre de Matthieu de la fin qui sera, ne fait nullement allusion à ce qui a toujours existé de fait; et pourtant, ne nous recommande-t-il pas de tenir jusqu'à la fin, et ne savons-nous pas que ses paroles ne s'écartaient jamais de l'exactitude même? Concluons alors qu'il s'agit de nous élever contre le mensonge touchant la cause et l'effet, Dieu et l'homme, jusqu'à ce que ce mensonge prenne fin. Ce mensonge, en quoi consiste-t-il exactement? Avant de répondre à cette question, rappelons-nous que c'est toujours au sujet d'une vérité que l'on ment. Ce mensonge, c'est, ni plus ni moins, la prétention que la cause est matérielle et que l'effet lui est semblable; ce mensonge, c'est encore la prétention qu'une cause spirituelle peut avoir des effets qui lui sont contraires. L'argument, dans les deux cas, fait violence à la logique la plus élémentaire. Aussi dirons-nous succinctement pour résumer, que l'expression persévérer “jusqu'à la fin” ne peut comporter qu'un sens, à savoir, être divinement logique et précipiter tout ce qui ne l'est pas à sa fin inévitable.
A la page 93 de “Science et Santé avec la Clef des Écritures,” Mrs. Eddy dit: “La logique divine et la révélation coïncident.” Ce qui est justement raisonné dans la prémisse et la conclusion à la fois, appartient à la logique divine. Quant à la logique dite humaine, elle est ainsi nommée parce que des erreurs inaperçues s'y sont glissées, viciant ainsi ses conclusions. Les enseignements de Jésus-Christ et leur analyse par Mary Baker Eddy, ont toujours été rigoureusement logiques, n'admettant la possibilité d'un sophisme ni dans les prémisses ni dans les conclusions.
Quant à celles-ci, il va de soi que Dieu, le Principe divin, en porte la responsabilité; toutefois, c'est bien par le moyen d'un divin raisonnement qu'elles se dévoilent à l'homme. La table de multiplication nous offre une excellente comparaison; par elle nous nous rendons compte que la responsabilité de la présentation exacte de certains rapports donnés en mathématiques, repose sur une intelligence démontrable de leurs lois, mais ces rapports eux-mêmes nous sont révélés grâce à la précision avec laquelle nous les énonçons et les appliquons. Il en va de même dans notre relation avec Dieu. Cette relation — cette unité— est déterminée et maintenue par la vertu du Principe divin, mais elle se révèle à nous quand nous l'avons prouvée avec une véracité minutieuse. Nous voyons, en un mot, que la responsabilité entière de l'homme réside dans le fait d'être un témoin sincère de Dieu, se pénétrant du sens de la relation établie entre lui et son Créateur. L'homme n'a pas la responsabilité de la détermination des événements,— vouloir y tendre, c'est vouloir usurper les prérogatives de Dieu; mais, par contre, il porte bien la responsabilité de la justesse de ses affirmations sur l'origine de tous les phénomènes, y compris celle de sa propre personne, ne perdant jamais de vue qu'une déclaration n'a pas été vraiment faite si des actes n'en confirment les termes.
Mrs. Eddy dit, à la page 477 de Science et Santé: “Pour les cinq sens corporels, l'homme semble être matière et entendement réunis; mais la Science Chrétienne révèle l'homme comme étant l'idée de Dieu, et déclare que les sens corporels sont des illusions mortelles et erronées.” Ces illusions trompeuses sont les mensonges qui, une fois découverts, ne peuvent plus passer pour vérités, mais doivent fatalement se dissiper. Voici pourquoi persévérer jusqu'à la fin, selon le conseil de Jésus, c'est annuler ces mensonges en raisonnant et prouvant avec précision la nature de la cause et de l'effet, de Dieu et de l'homme.
La faculté de raisonner ainsi ne vient que par une étude sincère et suivie des enseignements de la Bible et des écrits de Mrs. Eddy, car c'est à ces deux sources seules que nous trouvons l'infaillibilité dans la prémisse comme dans la conclusion. Dès les premières annales du monde jusqu'à ce jour, tous les systèmes ont renfermé quelque sophisme subtil provoquant en fin de compte chez les hommes ce cri de désespoir, “Les voies de la Providence sont insondables.” Mais l'homme doit comprendre! Luc disait de Jésus: “Alors il leur ouvrit l'esprit, pour leur faire comprendre,” après quoi les disciples furent immédiatement capables de guérir les malades et de ressusciter les morts. Aujourd'hui l'étude de la Science Chrétienne ouvre l'intelligence du monde entier et se révèle comme un “témoignage à toutes les nations;” aussi nous réjouissons-nous de ce que viendra la fin — la fin de tous les mensonges qui égarent le genre humain en lui faisant croire qu'il est une victime impuissante d'états de choses étrangers et matériels, et que la matière peut tourmenter et finalement détruire ce que Dieu a fait par ce décret divin, “Qu'il y ait.” La Science Chrétienne nous enseigne à adhérer strictement à la logique divine, ce qui veut dire, à persévérer jusqu'à la fin, et par cette adhésion, non seulement nous serons mais nous sommes sauvés. Y a-t-il une logique plus sublime que celle renfermée dans ces paroles de Mrs. Eddy, à la page 470 de Science et Santé: “Si Dieu, ou le bien, est réel, alors le mal, la dissemblance de Dieu, est irréel. Et le mal ne peut sembler réel que si l'on prête de la réalité à l'irréel.” C'est bien là le Consolateur, et nous sommes heureux de penser qu'il nous est venu comme le Maître nous l'a promis, et qu'aux mauvais jours nous sommes debout, voyant le salut.