Un matin en travaillant dans mon jardin à enlever les mauvaises herbes d'une plate-bande de fraisiers, je me rendis compte que je profitais des expériences que j'avais faites précédemment. Je me rappelai qu'un jour, lorsque j'étais moins expérimenté, j'avais arraché les mauvaises herbes si violemment que j'avais relâché en même temps les racines des fraisiers, en sorte qu'ils furent fort endommagés; beaucoup d'entre eux se desséchèrent et d'autres ne portèrent pas les fruits qu'on en attendait.
En plantant des fraisiers, il faut toujours s'assurer que le terrain est bien préparé et débarrassé de toute mauvaise herbe. Même alors, il y a peut-être dans la terre beaucoup de graines de mauvaises herbes qui, si on n'y veille constamment, peuvent germer et croître. Les oiseaux et les vents apportent des graines de plantes nuisibles qui, si on ne les arrachait pas, prendraient sûrement plus tard la place des fraisiers. Une fois que les fraisiers et les mauvaises herbes se sont entrelacés, il faut faire bien attention en arrachant ces dernières de ne pas déraciner et détruire les fraisiers eux-mêmes. Si l'on trouve une mauvaise herbe tout près d'un fraisier il faut l'en écarter doucement. Une racine de chiendent pourra se faufiler en dessous des racines du fraisier et il faudra la déraciner par un mouvement de côté, et non en tirant tout droit, Chaque plante exige un traitement particulier, et on ne saurait déterminer ce traitement à l'avance. Il est parfois indispensable, pour obtenir les meilleurs résultats, de se mettre à genoux, de mettre de côté tout outil, et d'employer ses doigts le plus délicatement possible. Dans le deuxième chapitre de la Genèse il est dit que Dieu fit “toute plante des champs avant qu'elle fût dans la terre et toute herbe avant qu'elle germât” (voir Bible anglaise).
Il est clair, d'après les Évangiles, que Jésus-Christ trouvait dans les méthodes du cultivateur les images dont il se servait pour illustrer le travail à faire mentalement. Au quinzième chapitre de Matthieu nous lisons ces paroles de Jésus: “Toute plante que mon Père céleste n'a point plantée sera déracinée,” et au treizième chapitre, la parabole de la destruction de l'ivraie. Il nous dit que l'ivraie fut semée par un ennemi “pendant que les hommes dormaient,” et que lorsqu'on demanda au maître si on pouvait déraciner ces mauvaises herbes, il répondit: “Non, de peur qu'en arrachant l'ivraie, vous ne déraciniez en même temps le froment.” Il expliqua ensuite aux disciples fort surpris, que l'ivraie serait déracinée et détruite au moment propice, et il ajouta ces paroles profondément significatives: “Les moissonneurs, ce sont les anges.” Nous nous remémorons ici la définition du mot anges, qui nous est donnée comme suit à la page 581 de Science et Santé: “Les pensées de Dieu se communiquant à l'homme; des intuitions spirituelles, pures et parfaites; l'inspiration de la bonté, de la pureté et de l'immortalité, neutralisant tout mal, toute sensualité et toute mortalité.” Il est donc très clair que ce n'est que dans la mesure où les pensées de Dieu nous viennent, que nous pouvons déraciner les erreurs de la croyance mortelle de toute nature, et nous voyons en même temps que celui qui travaille du point de vue de l'Amour divin à dévoiler et à détruire l'erreur, ne pourra nuire à aucune idée spirituelle en voie d'éclore.
Hélas ! que de plantes humaines ont été gâtées, déracinées même, par un traitement trop énergique! Si l'Entendement divin ne les eût douées d'une force innée, elles se fussent flétries et envolées. Comme les plantes croissent bien quand l'Amour les cultive! Combien elles donnent de fleurs et de fruits, “en sorte qu'un grain en produit cent, un autre soixante, et un autre trente.” L'Amour leur fournira sagement tout ce qu'il leur faut pour les soutenir pendant la sécheresse. Mrs. Eddy dit à la page 128 du Miscellany: “Veillez et priez journellement, pour qu'aucune forme de la mauvaise suggestion ne s'enracine dans votre pensée ni ne porte des fruits,” et elle dit aussi à la page 343 de “Miscellaneous Writings”: “On ne déracine pas toujours complètement au premier essai les mauvaises herbes de l'entendement mortel; elles reparaissent comme le chiendent dévastateur et étouffent le trèfle croissant. O Jardinier stupide! guettes-en les premiers signes et arrache-les de leur terre natale afin qu'il n' en reste pas le moindre germe qui puisse se propager — et pourrir.”
Et j'entendis dans le ciel une grande voix, qui disait: Maintenant est venu le salut, et la puissance, et le règne de notre Dieu, et l'autorité de son Christ; car il a été précipité, l'accusateur de nos frères, qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu. Ils l'ont vaincu par le sang de l'Agneau et par la parole de leur témoignage; ils n'ont point aimé leur vie, ils n'ont pas reculé devant la mort.— Apocalypse 12:10, 11.
Ne suis-je Dieu que de près, dit l'Éternel, et ne suis-je pas aussi Dieu de loin? Un homme pourra-t-il se cacher dans quelque retraite sans que je le voie, dit l'Éternel? Est-ce que je ne remplis pas les cieux et la terre, dit l'Éternel?— Jérémie 23: 23, 24.
