S'il y avait une qualité qui, plus que toute autre, impressionnait la multitude dans la façon d'enseigner de Jésus de Nazareth, c'est, semble-t-il, l'autorité avec laquelle il parlait et agissait. Les récits du Nouveau Testament y font allusion et soulignent les exclamations de surprise que cette autorité provoquait chez les gens; ces récits affirment, en outre, qu'elle s'étendait jusqu'aux éléments. Cela est d'autant plus remarquable, qu'à cette époque, les scribes et les pharisiens prétendaient depuis de longues années diriger les Juifs par la discipline la plus stricte, discipline fondée sur l'autorité de la loi, parée elle-même du prestige du temps et de la tradition, en sorte que les affirmations autoritaires ne paraissaient nullement étranges. Et pourtant, le peuple sentait une différence notable dans l'attitude de Jésus, car sans prétendre à la moindre dictature, ce dernier lui en imposait par ce trait singulier.
En un temps comme le nôtre il vaut la peine d'aller au fond de cette question, car la nature humaine étant au vingtième siècle de beaucoup pareille à celle du premier, les causes et les effets dans ce domaine risquent fort de se ressembler. Sans contredit, la connaissance était le fondement de l'autorité de Jésus. Il parlait en s'inspirant de son savoir, non de ce qui pouvait en lui n'être que croyance ou opinion; c'est par cette connaissance qu'il accomplissait tous ses actes, la rendant ainsi démontrable. Voici le nœud de la question. Les scribes et les pharisiens ne savaient pas; ils parlaient, ils prêchaient, ils étaient remplis de superstition, et bien que, parmi eux, un grand nombre sans doute fût animé des meilleures intentions, leurs actes se bornaient aux ablutions rituelles, au prélèvement de la dîme, “de la menthe, de l'aneth et du cumin;” avec cela, il y en avait d'hypocrites et de cruels.
Cette connaissance mise par Jésus à la portée de tous les hommes, est la connaissance de la vérité à l'endroit de toutes choses; elle est la parole de Dieu qui sonda la mœlle de ses os, et éprouva chaque fibre de son être avant de lui permettre de la donner au monde. Par cette connaissance il guérit les malades, contrôla les éléments, nourrit la multitude. Que la foule en ait ressenti la puissance, il n'y a rien là de surprenant. Ne pourrait-on pas y trouver aussi le secret de ce qui se passe aujourd'hui? Depuis que les vieilles superstitions se sont dissipées à la lumière d'une meilleure éducation, les hommes ont le sentiment qu'il n'y a d'autorité nulle part, tant en religion qu'en politique. Personne ne leur parle en connaissance de cause, hormis le professeur de sciences naturelles, à vrai dire préoccupé de questions quelque peu étrangères aux intérêts de la plupart, et dont le savoir, selon son propre aveu, évolue constamment. En vérité, il n'y a pas d'autorité autre que Dieu, et puisque les vieilles notions à Son endroit se sont évanouies, si une nouvelle conception plus valide ne les remplace, le monde périra “dans une chaleur ardente,” selon la forte expression de St. Pierre (voir Bible anglaise). Or, c'est la ferme conviction de l'étudiant de la Science Chrétienne que cette notion nouvelle a été révélée par cette Science, et qu'en elle seulement on peut trouver le salut, parce qu'elle nous découvre, par la démonstration, le Principe qui donna à Jésus son autorité.
Commençant à la page 112 de “Science et Santé avec la Clef des Écritures,” nous lisons: “Dieu est le Principe de la métaphysique divine. Comme il n'y a qu'un seul Dieu, il ne peut y avoir qu'un seul Principe divin de toute Science; et il faut qu'il y ait des règles fixes pour la démonstration de ce Principe divin. Aujourd'hui la lettre de la Science arrive abondamment à l'humanité, mais l'esprit de la Science ne lui parvient que dans une petite mesure. La partie vitale, le cœur et l'âme de la Science Chrétienne, c'est l'Amour:” Et encore, en partant de la page 469: “Avec un même Père, Dieu, toute la famille des hommes serait comme des frères; et avec un même Entendement, Dieu, le bien, la fraternité des hommes se composerait" d'Amour et de Vérité, et aurait l'unité du Principe et le pouvoir spirituel qui constituent la Science divine.”
En lisant ces deux citations ensemble, nous comprenons que ce Principe divin ou Entendement est l'Être Suprême; si les hommes voulaient l'admettre et considérer en outre, par un enchaînement logique, que le Principe doit être démontré d'après des lois, l'autorité fondée sur la connaissance se manifesterait immédiatement et unirait tous les êtres dans la poursuite d'un même idéal. L'histoire ancienne et moderne a prouvé d'une façon continue que si les hommes sont certains de la justice d'une cause, s'ils ont un chef digne de leur respect et de leur confiance, ils sauront s'unir et le suivre; ils se déferont, par amour pour cette cause, de tous leurs penchants égoïstes, à la surprise de ceux auxquels échappent leurs mobiles profonds. Ainsi, donnez aux hommes une vision de Dieu et de Son Christ qu'ils puissent comprendre et prouver, et vous les verrez s'unir, déposant leur matérialité et leur avidité pour trouver dans leur soumission au Principe divin, le bonheur et la paix.
Le disciple de la Science Chrétienne prouve aujourd'hui par ses propres expériences que la soumission au Principe lui donne une autorité déjà appréciable sur la maladie et les adversités; ses expériences l'assurent qu'il s'agit simplement d'une compréhension plus universelle pour voir cette maîtrise s'étendre sur toute la terre. C'est la venue du Christ, à ses yeux, et la confirmation du message adressé aux Pères Pèlerins: “Quand Christ régnera, le monde aura son repos, pas avant;” tant que nous aurons dans l'idée que le Christ était une personne particulière foulant ce sol voici mille neuf cents ans, les différents credos fondés sur cette croyance continueront à être l'objet de nos querelles. Quand nous comprendrons que Christ est la Vérité qui fut avant Abraham et qui toujours sera, alors l'autorité exercée par Jésus-Christ sera de nouveau à notre portée, et le règne du Christ viendra sur la terre comme au ciel.
