A la page vii de la Préface de son livre “Science et Santé avec la Clef des Écritures,” Mrs. Eddy dit: “L'heure des penseurs a sonné. La Vérité, indépendante de doctrines et de systèmes vénérables, frappe à la porte de l'humanité.” On ne saurait conférer à l'humanité un bienfait plus grand que celui de lui enseigner à penser juste, et c'est ce que fait Mrs. Eddy dans tous ses écrits. Cette vérité que Shakespeare aperçut comme dans un miroir, confusément, et qu'il exprime par ces paroles: “Le bien ou le mal dépendent de l'opinion qu'on s'en fait,” elle la vit clairement et la prouva par la démonstration. Puis elle élabora la vérité concernant Dieu et l'homme et l'univers, de sorte qu'on ne peut plus railler l'étudiant en lui faisant cette question de tous les siècles: “Qu'est-ce que la vérité?” mais on peut apprendre à penser clairement et scientifiquement concernant toutes choses. Ce penser n'est pas simplement un exercice qui se fait par hasard, mais il est basé sur le Principe qui ne change pas, si bien que ce qui en ressort doit toujours être conforme à la loi divine et infaillible.
Mrs. Eddy dit: “L'éternelle Vérité transforme l'univers. A mesure que les mortels débarrassent leur mentalité de ses langes entravants, la pensée s'épanouit en expression. ‘Que la lumière soit,’ tel est le commandement perpétuel de la Vérité et de l'Amour, qui transforme le chaos en ordre et la discordance en la musique des sphères” (Science et Santé, p. 255). Par conséquent, la pensée juste, c'est-à-dire la pensée qui est conforme au Principe divin, est constructive et confère l'harmonie. Que sont ces langes mentaux entravants dont parle Mrs. Eddy, sinon les croyances à la vie et à la substance dans la matière, croyances qui sont inhérentes à la conscience humaine et qui la retiennent comme par des entraves de fer. Si, pendant quatre années de guerre, c'était chose si nécessaire que les Scientistes Chrétiens pensent juste pour que la vraie idée se développe et que la victoire finale soit remportée par la Vérité, il est tout aussi nécessaire qu'ils le fassent aujourd'hui, alors que la pensée du monde s'oriente vers la reconstruction, puisque le penser juste et actif sert de base à toute construction et à toute reconstruction. Le monde ne comprend pas encore la force et le pouvoir de l'Entendement, et il ignore encore la subtilité des pouvoirs hypothétiques qui entravent les progrès; aussi ses grands espoirs et ses hautes ambitions aboutissent-ils fréquemment à la déception. Étant donné que toute condition physique est au début une condition mentale qui n'a rien de vrai, et qui n'est qu'une contrefaçon de la réalité spirituelle, ce n'est que grâce au penser juste de ceux qui ont la compréhension spirituelle que ces conditions peuvent être améliorées comme il convient, et que les efforts du genre humain peuvent être couronnés de succès. Ce n'est qu'ainsi que les problèmes du monde pourront être résolus et que sa reconstruction sera établie sur un fondement solide, car ce n'est que de cette façon qu'elle sera fondée sur l'Entendement, le Principe divin de l'univers.
L'une des grandes difficultés qui se présentent à l'humanité dès le début et qui causent la confusion et le retard, c'est la limitation et le manque qui résultent de la destruction du capital entraînée par la guerre. Pour le monde, la norme de la subsistance c'est la matière, et cette norme restera la même jusqu'à ce qu'il apprenne ce qu'est réellement la substance selon la Science Chrétienne. Si telle est la norme, la subsistance devient un facteur tout à fait incertain dans les affaires humaines, dépendant de l'état de la banque, du cours, ou des relations internationales; elle est donc à la merci de la cupidité et de l'égoïsme peu scrupuleux du profiteur. Ce que l'on a constaté pendant ces dernières années, c'est que les choses matérielles ne sont ni substantielles, ni stables, et vu que l'irréalité de la matière et la plénitude et la substantialité de l'Esprit se démontrent de plus en plus par la Science Chrétienne, cette instabilité des choses matérielles sera de plus en plus évidente, de sorte que tôt ou tard l'homme terrestre sera forcé de se détourner de la matière vers l'Esprit pour trouver une norme certaine de subsistance.
A la page 96 de Science et Santé, Mrs. Eddy dit: “Avant que l'erreur soit complètement détruite, il y aura des interruptions dans la routine générale et matérielle. La terre deviendra lugubre et désolée, mais l'été et l'hiver, les semailles et la moisson (bien que sous des aspects différents), continueront jusqu'à la fin,— jusqu'à la spiritualisation définitive de toutes choses... La désagrégation des croyances matérielles peut sembler être la famine et la peste, la misère et le malheur, le péché, la maladie et la mort, qui passent par de nouvelles phases jusqu'à ce que leur néant se révèle. Ces troubles continueront jusqu'à la fin de l'erreur, quand toute discorde sera engloutie dans la Vérité spirituelle.” A mesure que l'idée que le monde se fait de la subsistance changera d'un point de vue matériel à un point de vue spirituel, la pensée, en avançant, se trouvera en face de ces conditions discordantes qui sont toujours l'indice d'une transition dans la conscience humaine; et cette prophétie s'accomplit en partie, même à l'heure qu'il est. Cet état de choses n'existe cependant que dans la conscience humaine, et ainsi que l'indique le passage qui vient d'être cité, la loi divine de la subsistance, manifestée en tant que semailles et moisson, reste intacte et continue jusqu'à la fin. La plus grande guerre connue dans l'histoire n'étant qu'un phénomène de l'entendement mortel, n'a pas changé l'action et l'opération du Principe, Dieu, qui a “les yeux trop purs pour voir le mal.” Pour la pensée matérielle, la terre devient et doit devenir chaque jour de plus en plus lugubre et désolée; et c'est là une des raisons pour lesquelles tant de milliers de personnes s'adressent à la Science Chrétienne, n'ayant pas trouvé Hnns la matière la satisfaction et la paix qu'elles cherchent.
Christ Jésus démontra maintes fois que la vraie substance est spirituelle. Tout concept matériel est de par sa nature fini et mortel; seul l'Esprit est infini et invariable. Nous avons de tout ceci l'exemple le plus beau et le plus compréhensif dans la parabole de l'enfant prodigue. L'idée que l'enfant prodigue se faisait de la subsistance était tout d'abord très matérielle. Pour sa conscience matérielle sa substance était la “part de bien” qui devait lui revenir, et qui, ainsi qu'il s'en aperçut bientôt, était de nature limitée et incapable de donner la moindre satisfaction. Ce n'est que lorsqu'il eut tout dépensé qu'il se rendit compte du fait incontestable que la matière n'est pas substance. Jusque-là il ne savait aucunement ce qui constitue réellement la substance, mais dans son avilissement, et plutôt par instinct que par compréhension, il s'en alla vers son père. L'histoire est trop bien connue pour qu'il soit utile de répéter comment, à son grand étonnement, il se trouva réchauffé et vêtu, nourri et même fêté. Nous pouvons certainement supposer que c'est à ce moment-là qu'il comprit pour la première fois que la substance ne consistait pas en une “part de bien” mais en l'amour paternel que rien n'avait pu changer. L'amour de ce père était tel qu'il n'avait tenu aucun compte du temps pendant lequel son fils s'était absenté; il suffisait que ce fût son fils qui, après s'être nourri de caroubes, revenait à la seule et vraie source de subsistance. Voici ce qui était arrivé: c'est que, grâce à toutes les vicissitudes par lesquelles il avait passé, l'enfant prodigue avait changé son propre concept de substance. En vertu du manque et de la misère il avait appris à ne plus accorder aucune valeur à la matière, et il reconnaissait que la vraie substance existe en l'amour du père, qu'elle est toujours accessible et invariable.
Chacun sait que l'idée que l'enfant se fait de la subsistance est en rapport avec l'amour humain que son père a pour lui. Aucun père aimant pourra jamais se dire qu'il en a fait assez pour son enfant, et le bien dont jouit l'enfant ne peut être limité que si le père croit qu'il ne peut donner libre cours à son affection et faire tout ce qui lui tient à cœur de faire. Inutile de dire qu'il n'y a aucune limitation de ce genre dans la paternité et la maternité de Dieu. Dieu est Amour, et l'Amour n'est ni fini, ni humain; de sorte que la vraie norme de subsistance de l'homme n'est pas la “part de bien” déterminée par les lois et les conditions mortelles, c'est l'Amour divin qui est infini. Il est donc clair que le plus tôt nous renoncerons à la norme matérielle de subsistance et que nous réaliserons l'Amour divin, le plus tôt nous nous élèverons au-dessus de la crainte et de la pauvreté. Jésus comprenait évidemment cela lorsqu'il nourrit les cinq mille et qu'il changea l'eau en vin aux noces de Cana, car pour lui le dénûment et le manque étaient des conditions mentales qui devaient être corrigées par la compréhension spirituelle; et cette compréhension ayant annihilé un état mental erroné, se manifesta forcément au sens humain en une abondance de ce qui était nécessaire.
Or, toute action juste est une idée, une manifestation de Dieu, autrement elle ne pourrait être juste, et elle est déjà pourvue d'abondance spirituelle. L'homme d'affaires qui s'imagine que les affaires lui appartiennent en propre, qu'elles sont la création de sa propre intelligence ou sagesse, provoque l'échec dès le début. Qu'il sache au contraire que tout ce qui est bien, juste ou honnête, tout ce qui est bon ou constructif, tout ce qui est le résultat de mobiles nobles et altruistes, est la manifestation d'une idée divine. La substance de cette idée c'est le Principe; elle a dans le Principe infini toutes les ressources nécessaires pour la soutenir. De même qu'il y a une idée juste des affaires, de même il y a une idée juste du foyer, de l'église, et par le fait, de toute forme d'activité, et jamais aucune idée juste ne pourra échouer par manque de subsistance, puisqu'elle possède déjà tout ce dont elle a besoin pour se développer et pour se propager. La loi divine de la subsistance se manifestera à mesure que ces idées se développeront à la conscience humaine.
En prenant ces faits en considération et en se rappellant que toute action juste est le résultat du penser juste, le Scientiste Chrétien verra qu'il est de son devoir de soutenir par son activité et sa vigilance mentales et justes, toute activité humaine tendant à donner à l'existence un niveau plus élevé. En résolvant métaphy-siquement les choses en pensées et en voyant en toute pensée et action tendant vers le bien le développement de l'idée-Christ, nous réussirons à soutenir cette idée, à briser les limitations qui l'entourent, et à la faire passer de la sphère de la matière au domaine de l'Entendement, où ses soi-disant destructeurs ne peuvent lui nuire. Aujourd'hui, le plus grand élément de reconstruction du monde est évidemment l'église de la Science Chrétienne qui, par l'activité du penser juste de ses membres, brise scientifiquement toute limitation, détruit la croyance au manque, et trouve que tout bien peut être réalisé maintenant, puisqu'il est le développement actuel de l'éternel dessein de l'Amour divin.
La distribution de notre littérature par laquelle la pensée du monde est en voie d'être guérie et de se préparer à recevoir une manifestation plus complète du Christ, le culte de l'église et les conférences remplissant leur mission de guérison, toutes ces choses n'émanent-elles pas du Principe, et en qualité d'idées divines ne sont-elles pas déjà dotées d'une abondance illimitée qui leur permet de se répandre? Il ne suffit pas, cependant, de simplement prendre part au travail matériel ou de donner son temps et son argent. Tout cela est nécessaire; mais ce sont là des choses “qu'il fallait faire, sans omettre les autres.” La substance de ces idées est l'Entendement, et c'est grâce à la compréhension spirituelle, à l'activité mentale et juste, à la vigilance et à la claire perception que l'omnipotence de la Vérité soutient ces idées, que celles-ci se développent et qu'elles ont une valeur pratique pour l'humanité à mesure que cette dernière se dégage de l'esclavage de la matière et qu'elle entre dans l'harmonie de la conscience spiritualisée. Christ Jésus indiqua la nature spirituelle de la subsistance lorsqu'il dit: “Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l'avez obtenu, et cela vous arrivera.”
