L'humanité s'efforce toujours de trouver la réponse à ces questions: d'où viennent nos pensées et pourquoi nous viennent-elles? mais elle est tel Tantale, toujours affamée de la réponse sans jamais la trouver. La philosophie et la science humaines sont avant tout l'exposition des efforts faits pour trouver la réponse à ces questions. C'était la futilité apparente de ces efforts qui poussa Pilate à dire à Christ Jésus: “Qu'est-ce que la vérité?” Aujourd'hui, après dix-neuf siècles d'efforts humains ardus, le Pilate de nos jours, encore plus blasé, répète la question séculaire. Peut-être la philosophie est-elle plus que jamais embarrassée, malgré tous les efforts qu'elle fait depuis des siècles, pour trouver le rapprochement “entre les sens et la compréhension” ou en d'autres termes, pour franchir l'abîme apparemment infranchissable qui existe entre ces deux états. Un de ceux qui, aujourd'hui, font autorité sur ce sujet, a dit franchement: “Il faut admettre qu'il est difficile d'expliquer les rapports entre eux.” D'où viennent nos pensées, et pourquoi nous viennent-elles? D'où viennent les pensées dont on ne peut trouver la source dans les perceptions des sens, et pourquoi jaillissent-elles? Pour le poète ces suggestions peuvent paraître telles des papillons, ou telles les légions de “l'agressive Fantaisie produisant ses enchantements,” ou bien encore elles peuvent venir comme le dit une fois un orateur éloquent, “Tels les accents doux et harmonieux du chuchotement d'un ange.”
Le philosophe, non-éclairé par la Science Chrétienne, ne peut répondre d'une manière satisfaisante à ces questions; il se perd, tant lui-même que ses auditeurs, dans une foule d'hypothèses, de théories et de conjectures. Mais la compréhension de la Science Chrétienne permet à celui qui l'étudié de déterminer si ces pensées et ces imaginations involontaires et inspirées ne sont que “le pollen errant” comme il est dit à la page 235 de “Science et Santé avec la Clef des Écritures” par Mrs Eddy, ou si elles sont vraiment “des intuitions spirituelles, pures et parfaites” (p. 581). La Science Chrétienne fournit à l'étudiant les qualités nécessaires pour obéir à l'injonction “éprouvez les esprits, pour savoir s'ils viennent de Dieu,” et lui donne la pierre de touche infaillible qui discerne et expose les suggestions de la contrefaçon afin de les séparer de la vraie monnaie des pensées spirituelles, de les rejeter et de les détruire. De plus la Science Chrétienne lui montre clairement que les croyances vagues, les opinions vagabondes, les suggestions mauvaises de l'ignorance, ne sont que des rafales et des courants inutiles dans l'atmosphère des croyances et des opinions humaines qui, collectivement, constituent l'entendement mortel, tandis que les pensées vraies et les intuitions spirituelles ne viennent que de l'Entendement divin, Dieu, le “Père des lumières,” “qui donne à tous libéralement, sans rien reprocher.”
Non seulement l'étudiant doit savoir distinguer entre les suggestions et les intuitions, entre les croyances et les pensées, mais encore est-il essentiel qu'il sache obéir aux intuitions, aux avertissements et à l'inspiration angéliques toutes les fois qu'elles lui viennent. Comme Samuel, il doit être vigilant et attentif, prêt à répondre à l'appel céleste, et comme Paul, il ne doit pas résister “à la vision céleste.” Ceux qui sont vigilants et obéissants, sont conscients de la conduite divine qui les mène “le long des eaux tranquilles.” Il est bon de savoir écouter lorsque, comme le dit Ésaïe: “Quand vous irez à droite, ou quand vous irez à gauche, vos oreilles entendront derrière vous la voix qui dira: C'est ici le chemin, suivez-le!” Il aura la certitude qu'avait le psalmiste qui dit: “L'ange de l'Éternel campe autour de ceux qui le craignent, Et il les arrache au danger.”
Une personne qui étudiait la Science Chrétienne depuis quelques mois, lisait tous les jours la Leçon-Sermon, mais il lui semblait que cette étude ne lui faisait pas mieux comprendre la Science Chrétienne. Il lui semblait qu'elle ne faisait aucun progrès dans la compréhension de la vraie signification des Écritures, cependant elle persista dans son étude journalière avec la conviction qu'il est inutile de prier: “Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien,” si nous négligeons de profiter de l'abondant pain quotidien qui est déjà devant nous.
Un jour que l'auteur de ces lignes se rendait à pied à ses affaires, ce passage des Écritures lui vint sans qu'il y ait pensé: “Ne devez rien à personne.” Il n'y avait rien dans sa méditation ni dans ses réflexions qui eût pu expliquer la venue de cette pensée inspirée dans sa conscience. Il ne se souvenait ni où cela était dans les Écritures, ni de son contexte, et ne savait pas pourquoi ce passage lui était venu. Il ne semblait pas qu'il y eût quelque chose dans son expérience qui demandât l'application de ce passage, et il allait passer outre, considérant la chose comme une des occurrences inexplicables qui réveillent parfois la curiosité du genre humain. Mais au lieu de le mettre de côté, il réfléchit sur ce passage jusqu'à ce que la lumière commençât de poindre, et il vit très clairement que ces paroles des Écritures lui étaient venues afin de lui apprendre à profiter de ce qu'il recevait déjà de sa lecture journalière de la Leçon-Sermon; il vit qu'il pouvait travailler à comprendre spirituellement la portée de ce passage relativement à la vie journalière.
En y réfléchissant, il se rappela avoir lu à la page 269 de Science et Santé, comment il fallait gagner la signification spirituelle des Écritures: “La métaphysique résout les choses en pensées, et remplace les objets des sens par les idées de l'Ame.” Il s'efforça donc d'appliquer cette méthode au passage cité ci-dessus. Il fut surpris de voir ce que donna cette transposition et la simplicité de cette méthode. Il voyait maintenant le passage comme suit: Ne devez aucune pensée à personne. Cela lui parut aussitôt un grand pas en avant; mais une autre question se posa immédiatement: Quelle pensée puis-je devoir à quelqu'un? La réponse ne se fit pas attendre, elle vint promptement lorsqu'il eut réfléchi quelques instants sur ce sujet: la pensée de l'amour; de sorte que le verset se trouva complètement transposé et la signification en était lumineuse: Ne devez à personne une pensée d'amour. La conviction lui vint en même temps que c'était là la vraie signification spirituelle de ce passage; que le problème avait été résolu comme il convient, et que la méthode de Science et Santé est certaine et vraie. Il employa très agréablement le reste de sa promenade à méditer sur deux autres aspects de ce même sujet qui l'intéressèrent beaucoup. Comment peut-on être redevable à qui que ce soit de pensées d'amour, et comment faut-il faire pour payer cette dette? Tout étudiant trouvera certainement dans ces questions et d'autres semblables de quoi nourrir agréablement sa pensée. Lorsqu'il arriva à son bureau il n'avait qu'un désir, c'était de chercher ce passage dans la Bible et de le lire en entier afin d'être certain d'en avoir l'interprétation juste. Il trouva ce verset dans le treizième chapitre de l'Épître aux Romains, et lut avec gratitude et joie ce qui suit: “Ne devez rien à personne, si ce n'est de vous aimer les uns les autres; car celui qui aime son prochain a accompli la loi.”
Pour l'étudiant, ce fut non seulement une preuve indubitable que la méthode d'interpréter les Écritures donnée dans Science et Santé est juste et digne de confiance, et que l'application fidèle et intelligente de cette méthode amène de bons résultats, mais il vit aussi que la lecture journalière de la Leçon-Sermon augmente la compréhension de celui qui l'étudié, bien plus qu'il ne s'en rend compte au moment même. Ce n'est que lorsqu'il survient un problème qui met sa compréhension à l'épreuve qu'il voit les progrès qu'il a faits. L'étudiant se rendit compte qu'il ne saurait expliquer l'assimilation de sa nourriture quotidienne, et qu'il ne lui était pas plus nécessaire de savoir de quelle façon ou en quelle quantité sa nourriture spirituelle se trouvait transmuée en compréhension. Il lui suffisait de savoir que l'Amour divin résout infailliblement son “pain quotidien” en aliments nécessaires, et qu'ainsi il y a toujours assez de compréhension pour résoudre le problème du jour même. Ce qui plus est, il vit que celui qui étudie la Science ne pourra recevoir davantage de bien sans avoir démontré qu'il se sert du talent qu'il possède déjà, afin que le bien qu'il reçoit puisse être reflété, et que lorsque viendra le Seigneur, il puisse lui donner ce qui lui appartient avec les intérêts. Finalement, il vit avec une gratitude sans bornes, la riche récompense qui vient à celui qui a “logé des anges sans le savoir.”
Celui qui a les yeux ouverts doit discerner que lorsqu'on a payé à tout le monde les pensées d'amour qu'on leur doit, on ne peut être redevable matériellement à qui que ce soit. La compréhension de l'Amour, fidèlement appliquée, ne peut manquer de dissoudre et de détruire tout sens de limitation qui obscurcirait volontiers le discernement de l'enfant de Dieu portant ses regards vers le ciel et s'efforçant d'y arriver.
