S'il est vrai, ainsi que Jean l'affirma, que nous sommes dès à présent les enfants de Dieu, il faut bien que les humains puissent discerner et appliquer quelque peu cette grande réalité dès à présent. Le point saillant de cette déclaration de l'apôtre, c'est que la filialité divine de l'homme est un fait actuel, que les mortels l'admettent ou non, et qu'ils en fassent ou non l'influence qui les guide dans leurs affaires, et il faut qu'il y ait un moyen grâce auquel les hommes peuvent posséder consciemment cette filialité, ici et maintenant. Jésus nous montra clairement le chemin par ses enseignements et son exemple, et aujourd'hui c'est la Science Chrétienne qui nous le montre.
La doctrine théologique régnante suivant laquelle les hommes auraient le libre arbitre, ce qui veut dire qu'ils sont libres de choisir le mal s'ils le désirent, devrait s'interpréter de manière à montrer que les mortels sont libres de choisir le bien, ce qu'on ne se rappelle généralement pas. Par le fait, l'histoire nous apprend que ce dernier choix est le seul qui soit bon pour les mortels. Cette doctrine du libre arbitre implique aussi qu'on n'est pas forcé d'obéir à la mauvaise impulsion, que le péché n'est jamais nécessaire, et qu'en somme on peut choisir d'être bon ou mauvais. Cela étant vrai, comme tout le monde le sait, la chose qui importe à tout homme, c'est de “choisir le bien comme réalité,” ainsi que Mrs. Eddy le dit nettement à la page 481 de “Science et Santé avec la Clef des Écritures.”
La théorie suivant laquelle les hommes seraient libres de choisir, soit le bien, soit le mal, montre que le mal peut être prévenu dès à présent et qu'il eût toujours pu l'être. Il n'existe dans la conscience humaine que parce que les mortels le choisissent de préférence au bien. Donc on en conclura logiquement que la tragédie de la peine humaine n'eût pas dû arriver, et qu'elle peut cesser si l'entendement humain veut bien changer d'idée et s'en remettre à Dieu seul pour son bien-être. L'erreur est évidement une supposition que le mal est une chose réelle, et que Dieu nous conféra le droit immortel de l'accepter et d'y obéir. Cependant, le sens humain éclairé discerne que le bien ne saurait douer l'homme du pouvoir de pécher. Jésus montra clairement que le mal, le diable, est un mensonge, et que celui qui connaît la vérité ne saurait loyalement choisir le mensonge.
Il est donc très évident que seule la victime de l'idiotie morale choisirait une mauvaise voie sans se rendre compte qu'elle ne choisit pas ce qu'il y a de meilleur, et que, si elle le voulait, elle pourrait choisir le meilleur. Étant donné que l'homme est fait à l'image de Dieu, pour manifester Dieu, le bien est donc, pour l'homme, la réalité primaire et essentielle de son être, et le mal que peuvent faire et que font les mortels, n'est que la perversion ou subversion qui tente de porter atteinte à cette réalité primaire et actuelle. Nous autres Chrétiens qui avons appris à reconnaître Dieu comme omniscient et omnipotent (ce qui implique naturellement que le bien seul a le pouvoir de penser ou d'agir), devons en conclure que cet ordre prévaut toujours. Alors pourquoi ne pas reconnaître en tous temps cette conscience et cette puissance divines, non comme si elles étaient étrangères à notre nature ou à nos penchants, mais comme faisant partie de nous-mêmes.
Par exemple, si la colère, l'orgueil, le ressentiment ou quelque autre qualité du soi-disant esprit charnel tente de prendre possession de notre pensée afin de dominer nos paroles et nos actions, pourquoi ne pas nous rappeler ce que nous sommes: les fils de Dieu? Alors si nous sommes honnêtes, si nous avons le courage de nos convictions, il nous semblera tout naturel de laisser Dieu remporter la victoire, en d'autres termes, de nous en remettre à l'amour et à la bonne volonté pour notre défense. Tout Scientiste Chrétien sait parfaitement, même lorsqu'il est le plus tenté de penser ou de parler mal d'autrui, ou de faire une action mauvaise, que les anges de la pensée et de l'impulsion divines attendent pour que nous les logions.
La compréhension intelligente de la nature infinie de la Divinité ne nous laisse qu'une seule alternative: obéir à l'injonction scripturale: “Que Dieu ... soit reconnu vrai,” et par conséquent ne reconnaître dans le mal que ce qu'il est en réalité, savoir, le mensonge, de ne voir en lui qu'une chose à laquelle personne de raisonnable ne saurait croire. L'erreur vue en tant qu'erreur n'a plus d'empire sur nous, à moins que nous nous laissions aller à choisir ses tromperies, et s'il en est ainsi, c'est nous qui nous trompons nous-mêmes en dépit de ce que nous savons être vrai. Lorsque, dans la Science, nous arrivons au point ou nous voyons Dieu, le Principe divin, face à face, notre plus grande joie sera désormais de laisser pénétrer dans notre être la gloire de cette vision. Si nos pensées et nos vies ne sont pas illuminées par cette gloire, ne devrions-nous pas travailler à découvrir ce qui nous en obscurcit la vue? Il est de la plus haute importance que nous sachions si nous logeons des anges ou des démons, et si, par conséquent, les pensées que nous envoyons dans la conscience humaine sont des pensées qui viennent du ciel ou de l'enfer.
Les mortels souffrent de l'illusion qu'ils doivent inévitablement être malheureux en pensant à certaines choses, ou bien qu'ils doivent nourrir le ressentiment, la colère ou l'impatience en pensant à certaines autres, alors que pour peu qu'ils le sachent, la présence du bien est là, prête à remplir leur conscience. Ils n'ont qu'à la réaliser et à l'exprimer joyeusement. Bien que les mauvaises pensées se suggèrent à nous, désirent être reconnues ou exprimées, le Scientiste Chrétien avisé se rappellera la nature mensongère de son adversaire et le vaincra par la connaissance rédemptrice que l'homme est “dès à présent” fils de Dieu. Jésus nous enseigna à prier que la volonté de Dieu, la volonté du bien, “soit faite sur la terre comme au ciel,” et à mesure que les mortels apprendront à vivre de ce point de vue, ils trouveront le ciel sur la terre.
Pour le matérialiste, ces choses peuvent sembler trop idéales pour la vie ordinaire; cependant notre Maître nous apprit à remplacer le mal par le bien, non seulement dans l'au-delà, mais ici-bas, Les humains ne s'attendent peut-être pas à devenir subitement conscients de la perfection, mais avant de faire le premier pas il y a encore beaucoup à accomplir et même ce premier pas réel vers la sagesse éclaire merveilleusement la perspective humaine. Lorsque nous commencerons de déblayer les obstacles qui encombrent notre chemin, nous trouverons probablement que le plus grand d'entre eux, c'est l'opiniâtre morbidité qui persiste toujours à tout regarder du mauvais côté, et qui fait, par conséquent, que nous autres pauvres mortels frissonnons dans l'ombre, alors que le chemin menant au chaud soleil est ouvert devant nous.
Ce qui cloche, c'est que nous ne nous permettons pas d'être les enfants de Dieu comme nous le devrions. Après avoir affirmé que l'homme est spirituel, nous n'agissons pas toujours conformément à notre affirmation, sans quoi notre pensée ne se laisserait pas influencer si facilement par les choses matérielles, bonnes ou mauvaises. La plupart du temps, notre mécontentement ou notre mauvaise humeur ne sont que le camouflage par lequel nous dissimulons un manque de bonne volonté de loger les anges de la gratitude et de la bonté qui attendent pour faire rayonner la joie dans notre milieu et pour bénir, tant les autres que nous-mêmes. Nous serons peut-être surpris de voir combien de patience et de gaîté de cœur nous pourrons manifester dans les circonstances les plus pénibles, une fois que nous aurons chassé l'amour-propre, la propre-commisération ou la propre-volonté.
Parfois on est tenté de se sentir blessé dans son orgueil, déçu dans son attente, ou chagriné par quelque autre chose; mais il faut avoir le courage de reconnaître que l'erreur n'est que le néant, et savoir que l'homme est l'image et la ressemblance de Dieu. Alors “le soleil de la Vérité,” ainsi que Mrs. Eddy l'exprime si bien dans Science et Santé (p. 299), “dissipera l'ombre,” et nous verrons les choses sous leur véritable aspect. Les hommes devront ouvrir la porte de leur conscience aux anges de Dieu pour que le royaume des cieux rayonne dans leur demeur, dans leur atelier, dans le marché. L'humanité devra apprendre qu'il n'y a pas d'autre ciel, ici-bas ou dans l'au-delà, que la conscience de la bonté, à laquelle on ne saurait atteindre qu'en vainquant toute pensée mauvaise; et attendu que Dieu est omniprésent, nous savons que cette victoire est possible à tous les hommes.
“Le royaume de Dieu est au-dedans de vous,” a dit le Maître, et à la page 251 de “Miscellaneous Writings” Mrs. Eddy nous dit que ce royaume est dans le domaine “des possibilités actuelles du genre humain.” Elle résume ainsi toute la question: “Songez à cet héritage! Le ciel ici, où les anges sont tels des hommes, dans des vêtements plus légers, et les hommes tels des anges qui, lassés pour une heure, s'élèvent bientôt vers la liberté, faisant le bien qu'ils désirent faire, et ne faisant pas le mal qu'ils désirent ne pas faire.”