Dans ses “Poems” (pages 4 et 12), notre bien-aimée Leader, Mary Baker Eddy, parle avec une grande tendresse de “chaque heure de veille,” passée sous la garde de la Vie divine; elle parle aussi de ces autres heures, celles où nous devrons nous réveiller “pour connaître un monde plus heureux.” Lors même que parfois il nous semble que la seule chose à faire, c’est de nous croiser les bras et de nous attendre à Dieu, il ne faudrait pas croire que nous dussions attendre indéfiniment. Il arrive un moment où même la patience cesse d’être une vertu, un moment où le sentiment d’inquiétude divine indique que la patience a accompli parfaitement son œuvre, et que l’heure de la délivrance est venue. Veillons à ne pas nous absorber dans l’attente au point où celle-ci se fondrait dans le stupide auto-mesmérisme. Si, comme le dit la Bible, “il y a sous le ciel un moment pour chaque chose,” il y a, non seulement un moment où il est bon d’attendre, mais encore un moment où il faut se remuer et faire quelque chose. Le conseil de Paul disant: “qu’ayant tout surmonté, vous demeuriez fermes,” est un très bon conseil, et pourtant nous faisons presque tous cette expérience, qu’après avoir vraiment tout surmonté, il est rare que nous ayons à attendre longtemps. L’activité est un attribut de l’Entendement divin, et puisqu’il en est ainsi, l’homme l’exprime toujours, vu que l’homme est la réflexion de l’Entendement; donc, s’il nous faut attendre plus longtemps que cela nous semble juste, nous pouvons être à peu près sûrs que nous n’avons pas encore accompli tout ce que nous avons à faire. Les procédés de l’Entendement sont simples, naturels, prompts et efficaces. Lorsque nous aurons éliminé la volonté humaine, l’orgueil, la propre-justification, et que nous aurons cessé de faire des plans spécifiques, nous pourrons être certains que nous verrons bientôt la solution de notre problème, solution qui de tout temps était accessible.
L’un des expédients dont l’adversaire semble user de préférence, c’est de nous faire attendre, dans la croyance abrutissante que nous devons attendre indéfiniment; pourtant, aujourd’hui plus que jamais, le monde a besoin de se secouer de son long sommeil de la matérialité. En vérité, le processus de se réveiller se fait actuellement parmi les nations de la terre, ainsi que beaucoup le savent déjà. L’entendement charnel, qui est pour toujours inimitié contre Dieu, le bien, a été dérangé dans son sommeil, et cette intrusion lui fait éprouver une grande amertume. Il avait dormi pendant tant de siècles, sans être dérangé dans son absorbante et complaisante croyance à la vie dans la matière, qu’il frappa violemment à droite et à gauche quand une main ferme se plaça sur son épaule, et que la voix de la Vérité se fit entendre au milieu de ses rêves, disant: “Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d’entre les morts.” L’heure est venue où ses moyens visibles et secrets d’accomplir ses desseins pervers, ont été si impitoyablement exposés que le monde entier peut les voir. Ceux-là seuls qui ont des yeux et ne voient pas, sont dans la crainte parce que l’erreur leur oppose la résistance opiniâtre et désespérée qu’offre tout ce qui sait qu’il ne lui reste que peu de temps.
Le vrai métaphysicien ne se laisse pas émouvoir par les troubles de ces derniers jours; car il n’y voit que ce que vit Élie, il y a quelques milliers d’années, lorsque les prêtres de Baal cherchèrent à établir la suprématie de leur dieu par un signe venant du ciel. Nous lisons dans le premier livre des Rois qu’il y avait quatre cent cinquante de ces “prophètes,” et que toute la journée ils poussaient des clameurs, vociféraient et “appelaient donc à grands cris; et, selon leur coutume, ils se faisaient des incisions avec des épées et des lances, jusqu’à ce que le sang ruisselât sur eux;” et du matin au soir, Élie, le seul et unique prophète du vrai Dieu, se tenait près d’eux et les observait avec la patience d’un homme qui sait. Puis, lorsque le bruit, le tapage, la fanfaronnade et la majorité numérique avaient fait tout ce qu’ils pouvaient, sans rien avoir accompli, le prophète s’avança et offrit avec calme et confiance au Dieu d’Israël une prière courte et simple qui fut immédiatement exaucée.
Le même privilège qui jadis fut donné à Élie, nous est donné aujourd’hui, de prouver à tous ceux qui servent encore leurs faux dieux, leurs propres croyances erronées, le pouvoir du bien sur le mal, de la Vie sur la mort, de l’Amour sur la haine, de l’Esprit sur la matière. Pourquoi ne pas donner un nouveau nom à la lutte mondiale, et l’appeler l’opportunité spirituelle? Assurément, dans toute l’histoire humaine, l’opportunité de prêcher l’évangile à tous les peuples, ainsi que nous le commanda le Maître, n’a jamais été aussi grande qu’elle l’est aujourd’hui. La Bible, ce livre tant aimé, le meilleur de tous les livres, est de plus en plus considéré comme étant une partie essentielle et précieuse de ce qui nous est nécessaire, tandis que la clef qui en révèle les trésors cachés jusqu’ici, notre livre de texte, “Science et Santé avec la Clef des Écritures” par Mrs. Eddy, est également accessible à tous ceux qui désirent l’étudier. The Christian Science Monitor, avec son optimisme plein de bonne humeur, sa profonde analyse métaphysique des événements actuels, et ses idées larges sur la fraternité universelle, prend son essor à travers l’océan, abolissant sur son passage: préjugés, bigoterie, intolérance, ignorance et superstition, tandis que d’autres publications du mouvement de la Science Chrétienne, publications autorisées, découvrent de nouveaux systèmes de distribution, inconnus jusqu’ici. A côté de cela, les Scientistes Chrétiens ont maintes occasions de prouver d’une façon pratique que, même dans les circonstances les plus difficiles, les enseignements de Jésus sont aussi démontrables et aussi efficaces aujourd’hui qu’ils l’étaient lorsqu’il se trouvait au milieu des hommes, il y a deux mille ans.
Est-il étonnant qu’en réfléchissant: à ces choses, nous entendions résonner dans nos cœurs ces paroles réjouissantes: “Pour ceux qui s’appuient sur l’infini et qui en font leur soutien, aujourd’hui est gros de bienfaits” (Science et Santé, Préf., p. vii). Pour répandre la bonne nouvelle d’une grande joie, on a fait dans les deux dernières années autant qu’on eût pu en faire jadis en deux siècles. La prophétie d’autrefois, prédisant que la “fureur même de l’homme” tournera à sa louange, s’accomplit une fois de plus; car ce qui se fait dans le dessein d’asservir et de détruire les nations de la terre, aboutit à leur guérison et à leur délivrance. A la page 574 de notre livre de texte, nous lisons ceci: “Notez bien que ce message, cette pensée au vol rapide, qui déversait la haine et le tourment, apporta aussi l’expérience qui éleva finalement le prophète au point où il put voir la grande cité, dont les quatre côtés égaux viennent du ciel et donnent le ciel.” En nous plaçant à ce point de vue, nous trouvons l’occasion de nous élever, de grandir, de bénir nos ennemis, de voir le néant absolu de tout ce qui est dissemblable à Dieu! Quelle glorieuse opportunité de nous examiner, d’engager la lutte avec notre propre égoïsme et notre propre orgueil, avec l’ambition, l’émulation, la rivalité, le désir de régir et de gouverner, et avec cette chose funeste qu’on appelle la volonté humaine! Quelle bonne occasion d’ennoblir le travail, d’oublier toute vieille rancune, de mettre de côté tout préjugé, de rejeter l’esclavage du rang et de la position, la distinction des classes, de vaincre la croyance à la supériorité personnelle ainsi que toute autre classification injuste et limitée faite par l’entendement mortel dans le désir intense et excessif de servir l’humanité. Jusqu’ici on n’a jamais eu autant d’occasions de démolir des normes superficielles, d’annuler de fausses lois, de rectifier de mauvaises conditions sociales et économiques, d’abolir les distinctions faites entre le capital et le travail, d’égaliser les sexes, de bannir des méthodes usées et dépassées, de prouver que le seul usage modéré que l’on puisse faire d’une chose qui est mauvaise en elle-même, c’est de s’en abstenir complètement. En qualité de Scientistes Chrétiens nous avons aujourd’hui à l’égard du monde une responsibilité nouvelle. Qu’en faisons-nous? Nous appliquons-nous à effectuer, là où nous sommes, cette purification mentale indispensable à une paix durable?
Lorsque nos hommes, qui ont si courageusement soutenu le droit, reviennent et défilent dans les rues de nos villes, nous qui n’avons jamais eu le privilège de porter un uniforme, ne pouvons que les observer en silence, avec bonheur et avec émotion; mais la grande question qui s’imposera à chacun de nous est celle-ci: “Ai-je fait tout ce que j’ai pu?” Il est évident que notre lutte a été différente de la leur, mais c’était néanmoins la lutte. L’avons-nous toujours soutenue aussi bravement qu’eux, lorsque se précipitaient sur nous les troupes de l’erreur, ces fausses croyances dont le choc nous donnait à peine le temps de nous ressaisir avant qu’un nouveau détachement fonde sur nous comme une avalanche écrasante? Ou bien, au lieu d’être une attaque agressive, la lutte se montrait peut-être sous forme d’indolence et d’apathie engourdissante, d’indifférence et de paresse mentale s’insinuant en nous avec une tranquillité insidieuse et funeste.
C’était peut-être un nuage de dense mondanité qui nous enveloppait,— un succès humain, le bien-être et la satisfaction dans la matière, “la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie,”— nous obscurcissant tellement la vue que nous n’avons pas toujours pu nous attacher fermement à la douceur et à la simplicité de la vie “cachée avec le Christ en Dieu.” Ou bien, peut-être — et ceci semble parfois être le pire de tout — a-t-il semblé que notre sort soit de nous tenir fermes du matin au soir, jour après jour, dans les tranchées du doute et du découragement, de l’incertitude, de l’indécision et de “l’espoir trop longtemps différé,” mais ayant nos armes en main, attendant et écoutant simplement le mot d’ordre qui, pour une raison ou une autre, ne semblait jamais venir. Tout cela, c’est le combat auquel on ne gagne pas de cicatrices visibles témoignant de la lutte honorable que l’on a soutenue, et ceux qui s’y sont engagés ne portent jamais sur la poitrine les médailles conférées à celui qui s’est distingué par quelque acte de bravoure. La récompense vient en entier le jour où les jeunes soldats rentrent dans leurs foyers, heureux jour où nous les voyons défiler, et où nous pensons avec gratitude: “Moi aussi, j’ai été fidèle.”