Un soir, à la veille de la Toussaint, une Scientiste Chrétienne traversait un quartier encombré de la ville en se rendant à la réunion du mercredi. Parmi les travestis qui passaient, elle remarque un petit garçon âgé de six ou sept ans environ, lui-même masqué et travesti, courant ça et là, et criant à tue-tête. Au premier abord elle crut qu'il s'amusait follement, et qu'il tâchait simplement d'éclipser le bruit des trompettes, des crécelles, des éclats de rires, et ainsi de suite; mais en le regardant de plus près, elle vit que sous son masque il pleurait à chaudes larmes. En s'approchant de lui et en le questionnant, elle s'aperçut qu'il était trés effrayé à la vue de tous les gens masqués, et qu'en somme il avait peur de tout le monde qu'il voyait dans la rue; aussi fallut-il employer beaucoup de douce persuasion pour l'emmener à l'écart et lui faire dire ce qu'il avait.
La première chose que fit la Scientiste, ce fut d'enlever le masque au petit garçon afin qu'il pût mieux voir. Elle diminua si bien ses craintes qu'il cessa de jeter des cris, et lui dit qu'il s'était perdu et voulait retrouver sa sœur. Elle vit aussitôt qu'il avait été séparé de sa sœur aînée, que dans sa frayeur il avait même oublié son nom et ne pouvait pas retrouver son chemin pour rentrer. La Scientiste lui assura qu'elle resterait auprès de lui et prendrait soin de lui, qu'ils attendraient là jusqu'à ce que sa sœur le retrouvât, qu'il n'y avait absolument rien à craindre, que les gens étaient simplement habillés drôlement, comme il l'était lui-même, qu'ils étaient tous gentils et seraient tous heureux de lui aider ainsi qu'elle l'était elle-même. La sœur arriva bientôt. Dès que le petit garçon l'aperçut, il lui sauta au cou avec un cri de joie, et dès ce moment-là toute pensée de séparation, de crainte et d'anxiété avait disparu. Il commença sur le champ à trouver les drôles de costumes, les lumières éclatantes, les trompettes etc., très divertissants, mais il ne voulait pas qu'on lui remît le masque. Il savait que c'était ce masque qui lui avait obscurci la vue et qui avait été cause de tous ses ennuis.
Lorsque le petit garçon s'en fut allé joyeusement avec sa sœur, la Scientiste Chrétienne se sentit élevée vers Dieu et fut reconnaissante de la leçon qu'elle avait apprise grâce au petit garçon perdu. Combien il y en a parmi nous autres, grands enfants, qui sont pour ainsi dire dans la même impasse lorsque la Vérité leur vient. Les luttes de l'existence matérielle nous ont usés et fatigués, nous nous effrayons des grandes et hideuses formes que prennent le péché et la maladie, et ne savons comment sortir de tout cela. Alors, par les enseignements et les guérisons que nous recevons dans la Science Chrétienne, le masque du penser matériel devient plus transparent, la pensée s'élève, nous sommes à même d'avoir une vue plus étendue de notre entourage, et nous voyons l'amour s'exprimant partout. Nous constatons qu'à mesure que nos fausses croyances concernant Dieu et l'univers se détruisent, nous avons des aperçus plus clairs de la création spirituelle; nous apprenons que l'homme n'est pas chair et sang, mais une expression du seul Entendement, ou Dieu, qu'il est parfait et droit, qu'il ne connaît aucune limitation et ne voit pas le mal.
Toutes les formes que prend l'erreur — guerre, peste, pénurie, maladie, péché, mort — sont des travestis, des contrefaçons, des mensonges, cachés sous le masque de la croyance mortelle. Dans le domaine de la réalité Dieu et l'homme spirituel ont toujours existé, ont toujours demeuré dans la paix et l'harmonie parfaites. L'Amour règne, il est suprême; il n'y a rien qui puisse blesser ou nuire. Tout réveil spirituel, toute démonstration ôte une partie du masque, et un jour, grâce à notre marche ininterrompue et à l'expansion de la vérité dans notre conscience, le dernier vestige de l'erreur sera détruit, et nous trouverons que l'homme a toujours demeuré dans la cité de notre Dieu — le royaume des cieux, l'harmonie, où il n'y a “plus ni deuil, ni cri, ni peine; car les premières choses ont disparu.”
Dans notre état actuel de développement spirituel, il peut se faire que nous soyons souvent troublés par l'apparente réalité de l'erreur, ou que nous nous perdions dans le dédale des prétendus joies et plaisirs matériels, mais cela ne sert à rien d'aller çà et là et de crier partout nos maux à un monde déjà surchargé, ni de nous révolter contre les leçons dont nous avons tant besoin de profiter. Nous pouvons toujours chercher la protection, sachant que l'Amour est toujours présent et prêt à nous réconforter et à nous bénir, et attendre tranquillement que la Vérité nous trouve et nous ramène chez nous en sécurité.