On pourrait dire d'une démonstration de la Science Chrétienne qu'elle n'est pas complète avant qu'on ait prouvé sa gratitude en reconnaissant ouvertement cette démonstration. Qu'il en soit ainsi ou non, ces paroles appellent en tout cas l'attention sur le fait que les témoignages sont un des moyens de la grâce, non seulement pour ceux qui les écoutent, mais encore pour ceux qui les donnent, et un grand nombre de personnes ont appris par expérience qu'un sens plus net d'affranchissement de la servitude leur est venu, lorsqu'elles ont partagé avec autrui les bienfaits qu'elles avaient reçus. Assurément, Mrs. Eddy avait en vue un but bien défini lorsque dans son programme pour les réunions du mercredi soir (Manual, p. 122), elle réserva une place “aux expériences, aux témoignages, et aux remarques concernant la Science Chrétienne.” Elle dit aussi à la Section 24, de l'Article VIII du “Manual”: “Le témoignage qui a trait à la guérison des malades importe au plus haut degré. Il est plus qu'une simple énumération de bienfaits, il atteint le pinacle de la louange et illustre la démonstration du Christ, ‘qui guérit toutes tes infirmités’ (Psaumes 103:3).”
Les Scientistes Chrétiens ont la réputation de posséder une gaîté tranquille et courageuse, et d'être toujours prêts à donner “la raison de l'espérance” qui est en eux. Le monde s'attend à ce qu'ils vivent conformément à une norme extra-ordinairement élevée d'achèvement, pour la bonne raison qu'ils revendiquent tout pour leur religion. Beaucoup de personnes non-Scientistes glanent leurs premières impressions de la Science Chrétienne à ces réunions du mercredi soir. Il y en a parmi eux qui sont de sincères chercheurs, d'autres ne s'intéressent guère à la Science Chrétienne, et d'autres encore ne sont poussés que par une curiosité légitime; mais dans tous les cas les impressions qu'ils en retirent seront favorables ou non, suivant l'esprit de fraternel amour et de gratitude qui est démontré par ceux qui sont responsables de l'esprit de la réuni-on. Les visiteurs ne sont pas déraisonnables lorsqu'ils s'attendent à ce que ceux qui revendiquent tant pour leur religion s'empressent de profiter de chaque instant pour témoigner du pouvoir de Dieu, pouvoir qui leur est accessible grâce à leur compréhension de la Science Chrétienne, pour leur aider dans diverses circonstances.
Chacun de nous a été aidé en entendant les témoignages de ceux qui ont eu des problèmes à résoudre semblables aux nôtres. Nous avons senti, beaucoup d'entre nous, que le pouvoir guérisseur de la Vérité avait commencé dès que nous avions entendu les paroles de quelqu'un d'autre, bien que celui-ci n'ait pas réalisé qu'il servait de canal par lequel nous venait un bienfait spécial. Cette démonstration n'est-elle pas bien plus grande si elle s'accompagne de guérison, non seulement pour celui qui la fait, mais peut-être pour mille, pour cent, pour un seul même? Être l'intermédiaire par lequel une telle bénédiction vient à l'assistance, c'est donner le verre d'eau froide dont Jésus a dit que celui qui le donnerait ne manquerait pas d'être récompensé. Il est certain qu'une bénédiction venant de Dieu, acceptée avec gratitude, mais qu'on garde pour soi, ne porte pas tous les fruits qu'elle devrait porter.
L'homme sage d'autrefois a dit: “Il y a un temps pour tout; il y a sous le ciel un moment pour chaque chose; ... un temps pour se taire, et un temps pour parler.” La réunion du mercredi soir fournit le temps pour la prière silencieuse, alors que les sens matériels se taisent, et que l'esprit de l'amour plane sur tout; c'est un temps qui est éloquent de louanges et d'adoration ainsi que de bienfaits dont on a vu la réalisation. Mais qui osera dire que le silence qui règne lorsqu'on a été convié à parler est éloquent? Le silence à un tel moment est inopportun, et comme tout ce qui n'est pas juste, il n'est pas beau, et ne rend pas témoignage du Principe.
L'erreur qui essaie d'excuser un silence si inopportun, disparaîtra lorsqu'on acquerra une pleine compréhension de la vérité concernant cette situation. Si nous excusons ce silence sous prétexte que nous aimons le silence et que ce silence nous donne l'opportunité de communier silencieusement, nous montrons que le but de la réunion n'a pas été bien compris. A un tel moment, la contemplation silencieuse de la Vérité ne saurait remplacer la parole exprimée. Au vrai, toute pensée devrait être tranquille et calme même alors que le silence régnerait parmi l'assistance, mais ce silence devrait agir en tant qu'éperon nous poussant immédiatement à démontrer davantage la sagesse qui remplit de sa plénitude chaque moment, et qui donne à chacun un devoir à remplir.
Le monde est plein de ceux qui, lassés, cherchent la Vérité. Nous avons toujours avec nous dans nos réunions ceux qui ont besoin d'être guéris de la maladie, du péché, des préjugés, du doute, de la colère, de la peine et surtout de l'ignorance. Ils ont besoin que nous leur disions comment nous avons été guéris. Ils ont le droit d'entendre à chaque réunion une abondante évidence à l'appui de la guérison de la Science Chrétienne. Les désappointer, c'est être, comme l'a dit Jude, tels des “nuées sans eau.” Ils n'excuseront pas notre silence, malgré tous les efforts que nous pourrons faire pour nous en justifier. Lorsque, venant à notre festin, ils demandent du pain, leur donnerons-nous une pierre?
C'est une affaire de démonstration de donner des témoignages et d'assurer le succès de nos réunions du mercredi soir, et cette démonstration est très précieuse. La Science Chrétienne n'accepte pas que le bien soit jamais limité. Consentir à ce que les lèvres soient scellées pendant des mois ou des années par suite de la crainte ou d'une humilité fausse, c'est céder à l'erreur sur un point vital. Nous lisons dans les Proverbes: “Tel épargne outre mesure, pour n'aboutir qu'à la disette.” Les réunions où les témoignages affluent, exprimant la gratitude, la joie, et un désir fervent de donner à autrui la connaissance de la Vérité, nourriront sûrement les affamés et guériront les malades.
