La plupart des gens, lorsqu’ils apprennent à connaître la Science Chrétienne découvrent que, sans avoir été consciemment hypocrites, ils ont cependant accepté comme étant vrais des énoncés auxquels ils n’avaient guère réfléchi sérieusement. La Science Chrétienne force ces personnes à examiner leur position, vu qu’elle leur fait comprendre que seul un manque de foi, un manque de compréhension spirituelle, les empêche de faire des œuvres comme celles dont parle la Bible et qu’on appelle des miracles. Dès que nous en sommes arrivés là, nous nous mettons à examiner les paroles du Maître et à les approfondir avec un soin nouveau.
En lisant les Béatitudes nous y trouvons: “Heureux les débonnaires [les humbles] car ils hériteront la terre.” Lorsque nous l’examinons de près nous sommes forcés d’admettre que cet énoncé semble contraire à notre expérience. C’est la poussée, l’initiative, la faculté de se tirer d’embarras, la persévérance et put-être l’honnêteté qui procurent apparemment aux hommes une position élévée dans ce monde; mais quand donc l’humilité ou la douceur furent-elles considérées comme essentielles à la réussite? Pourtant on ne peut considérer les paroles de notre grand Conducteur comme étant simplement des aphorismes religieux; ce sont des énoncés positifs de la vérité scientifique, aussi positifs que l’est l’énoncé que trois fois trois font neuf. Il est donc évident que les hommes n’ont pas en général saisi ce que notre Seigneur entendait par le mot qui a été traduit “débonnaire ou humble.” Ce qui plus est, nous voyons que la plupart des gens regimbent absolument contre le mot “humilité.” Chacun admire le courage, la plupart des gens respectent la vérité, mais l’humilité n’attire pas beaucoup d’adorateurs. Au vrai elle n’existe guère pour la majorité du genre humain.
Nous lisons au douzième chapitre des Nombres les paroles suivantes: “Or, Moïse était un homme fort doux, plus qu’aucun homme qui soit, sur la terre.” En quoi consistait sa douceur? Indubitablement Moïse est une des figures les plus frappantes de l’Ancien Testament, et nous connaissons tous les traits saillants de son histoire. En tant qu’enfant adoptif de la fille de Pharaon, il reçut la plus belle éducation que pouvait lui offrir la cour la plus savante du monde ancien, et sans nul doute il sut en profiter; mais à l’âge de quarante ans il dut quitter le pays pour avoir tué un Égyptien qui avait maltraité un Israélite. Il sembla alors que sa carrière fût terminée, et que toute occasion de venir en aide à ses compatriotes eût disparu pour toujours. Il passa ensuite quarante ans avec Jethro à soigner ses troupeaux dans les pâturages du désert. La Bible ne nous parle pas des luttes mentales par lesquelles Moïse a dû passer pendant ces longues années, vides apparemment de tout événement; mais nous pouvons nous imaginer quelque peu la lutte qui se livrait en lui entre les angoisses du patriote et sa foi dans l’avenir de sa race, jusqu’à ce que, aux temps déterminés, arriva l’incident de la flamme de feu au milieu d’un boisson.
Puis se fit entendre cet appel de la Vérité: “Maintenant donc, viens, que je t’envoie vers Pharaon, et fais sortir mon peuple, les enfants d’Israël, hors d’Egypte.” Auquel Moïse répondit: “Qui suis-je, pour aller vers Pharaon, et pour faire sortir d’Egypte les enfants d’Israël?” Quarante ans plus tôt sa tentative d’aider à ses compatriotes avait complètement échoué, et comment pouvait-il accomplir cette tâche prodigieuse à l’âge de quatre-vingts ans? Il raisonna que ce n’était pas à lui d’entreprendre cette tâche, et finalement on nous dit que la colère de l’Éternel s’embrasa contre Moïse et qu’alors l’opposition de Moïse céda et il alla faire ce que Dieu lui avait commandé de faire. Que signifie cette colère de l’Éternel, et comment agit-elle?
Quand celui qui étudie la Science Chrétienne va de l’avant dans la voie menant du sens à l’Ame, la voie qu’ont foulée avant lui les saints et les sages de la Bible, il y rencontre des expériences pareilles à celles qui se présentèrent aux voyageurs de jadis. Ainsi donc on a vu la colère de l’Éternel dans ces derniers temps, s’embraser au sein des ténèbres, et détruire dans sa bienfaisance, non l’homme, mais le péché, de même qu’elle détruisit, en Moïse, la couardise qui se qualifiait l’humilité, et qu’elle éleva le berger étudiant jusqu’à cette atmosphère de douceur où le faux sens du moi disparut et où il se reconnut comme étant seulement le messager de l’omnipotence. Mrs. Eddy dit à la page 183 de “Miscellaneous Writings”: “L’homme est l’image et la ressemblance de Dieu; tout ce qui est possible à Dieu est possible à l’homme en tant que reflet de Dieu.”
La plupart des gens savent que les produits chimiques dont on se servait autrefois pour faire les teintures sont employés actuellement dans la fabrication des explosifs puissants. Cette croyance singulière peut aider à illustrer la différence qui existe entre la vraie humilité et cette qualité contrefaite qui passe souvent pour être vraie. L’humilité n’est pas un cosmétique, une teinture dont on se sert pour masquer la personnalité; c’est un explosif puissant. Lorsqu’on l’applique comme il convient de le faire, elle fait exploser le sens faux du moi et voici! celui qui a été réveillé ainsi commence de reconnaître la véritable individualité de l’homme, et de percevoir quelque peu ce qui se passe dans le domaine de l’Entendement. Or il est évident, que tant qu’un homme se rive à un sens erroné du moi personnel, il ne priera pas de tout son cœur pour avoir l’humilité, pas plus qu’un bûcheron ne coupera volontiers la branche sur laquelle il est assis. Il nous faut avoir une foi assez forte pour nous fier entièrement à Dieu avant que nous puissions nous décider à lancer notre barque sur les eaux inexplorées. Comme les équipages qui s’engagèrent pour faire avec Colomb le premier grand voyage de découverte, nous redoutons l’inconnu, et nous trouvons qu’il est plus facile de croire aux difficultés et aux dangers que de croire au bien qui n’a pas encore été découvert. Cependant, pourquoi avoir de la crainte? Nous craignons parce que nous ne comprenons pas suffisamment notre propre nature immortelle et la nature de l’Infinité. Dieu est Amour, Dieu est Tout, et il y a autour de nous le bien inimitable. C’est là la seule connaissance! Comme le psalmiste de jadis écrivit: “Ou irai-je loin de ton Esprit, Ou fuirai-je loin de ta face? ... Si je me couche au Sépulcre, [en enfer] t’y voilà.” L’Amour est toujours présent et le seul enfer qu’il y a ou qu’il y aura jamais résulte de l’ignorance concernant ce fait fondamental.
Toutes les peines qui oppriment l’homme se rivent à lui, soit par la croyance qu’il est un organisme physique ou animal, soit par la croyance qu’il est la créature des désirs, des croyances et des émotions. L’homme qui prie constamment pour avoir l’humilité et qui s’efforce de ne penser que du point de vue de Dieu, commence à séparer ou à enlever son individualité de la sphère dans laquelle le mal semble opérer, et par conséquent le mal ne saurait le trouver. L’erreur dérive son pouvoir de ce que l’homme se croie être mortel. Si Moïse avait cru qu’il était matériel, il serait mort de faim pendant les quarante jours’ qu’il passa sans manger ni boire sur la montagne; s’il avait cru qu’il était une personne, on n’eût pu dire de lui au bout de cent vingt ans que sa vue n’était pas affaiblie, ni sa vigueur passée.
Mrs. Eddy réunit dans quatre passages les paroles “douceur et puissance.” Efforçons-nous de nous élever sur les ailes puissantes de la douceur, jusqu’à ce que nous atteignions cette altitude de la sécurité dont job parla en ces termes: “L’oiseau de proie ne connaît pas le chemin de ces profondeurs; L’œil de l’épervier ne peut les découvrir.”