L’entendement humain accorde facilement ses suffrages à la dénégation scientifique de l’évidence des sens, s’il s’attend à ce que ceci fasse cesser ses souffrances. En ce qui concerne la souffrance, il reconnaît qu’il a besoin d’en être libéré plus vite qu’il ne reconnaît son besoin plus grand d’être racheté de tout ce que renferme le sens matériel de l’être. Ceci explique comment il se fait que celui dont le sens matériel a été pénétré de la lumière de la Vérité et qui a été guéri de maladie se plaigne parfois d’une façon assez inconsistante de ce que cette même lumière ait troublé le plaisir que la beauté du monde matériel fournissait à ses sens. Tout ce que l’entendement humain sait concernant son soi-disant monde matériel est l’image qu’il se fait de phénomènes qui ne sont eux-mêmes que les états subjectifs de l’entendement humain. C’est assurément là ce que Mrs. Eddy entendait lorsqu’elle dit à la page 310 de Science et Santé: “On comprendra et verra finalement la pensée dans toute forme, substance et couleur, mais sans accessoires matériels.”
Pour ceux qui voulaient bien écouter la Bible, ce livre a toujours contenu la donnée que la substance de toute réalité, de tout ce qui est bon et beau et par conséquent agréable, n’est pas percevable par les sens matériels. Paul, en citant les paroles d’Ésaïe, déclara: “Ce sont des choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille n’a pas entendues et qui ne sont pas montées au cœur de l’homme, mais que Dieu a préparées pour ceux qui l’aiment.” Les paroles de l’apôtre impliquent certainement que le cœur humain qui désire ardemment le bonheur et la liberté de jouir des beautés et des harmonies qu’il suppose à tort lui être enlevées par la Science Chrétienne, peut trouver la substance et la réalité de toutes ces choses, en aimant Dieu, ce qui revient à dire, en comprenant le Principe—et ce n’est que par ce moyen qu’il pourra trouver cette réalité. Ceci montre aussi, clairement, que ce que l’entendement matériel croyait être la jouissance avant que les vérités de l’être spirituel aient pénétré la croyance matérielle et aient commencé de la dissoudre, n’était tout au plus que la promesse de quelque chose de réel, et, sous ses formes les plus basses, n’était que l’attirance sensible d’une contrefaçon matérielle.
La substance de toute beauté et de toute bonté a toujours existé partout. La vision de bonté et de vérité de l’entendement humain a été limitée parce que cet entendement croit à la substance de la matière, croit que la matière peut produire et éprouver des sensations agréables. Mrs. Eddy dit à la page 247 de Science et Santé: “L’être possède ses qualités avant qu’elles soient perçues humainement. La beauté est une chose de vie, qui demeure pour toujours dans l’Entendement éternel, et reflète les charmes de Sa bonté en expression, en forme, en contour et en couleur.”
La déception qu’éprouve parfois l’entendement humain lorsqu’il commence de voir que la réalité de la Vie est forcément sans accessoires matériels, vient de la contradiction qui existe entre le sens mortel actuel de substance en tant que matière, et la réalisation que l’Esprit est la seule substance et le seul être. Cependant, c’est bien cette connaissance qui révèle que la base de toute beauté vraie est le Principe divin en qui gît l’infinie virtualité, toute loi, tout ordre, toute harmonie et action. Percevoir la beauté en tant que spirituelle, sans qu’il soit du tout question de l’attirance des sens, c’est libérer l’entendement humain de sa dépendance de la matière dans tous les autres domaines de la pensée.
Pendant que s’opère notre transition de la croyance matérielle à la grandeur de l’être dans l’Entendement, l’application de la règle de la perfection spirituelle fera qu’à chaque pas fait dans cette voie, tout objet de la pensée,—le ciel, les nuages, les montagnes, les arbres, les fleurs, la musique, les rapports entre amis, et toutes les activités,—deviendra plus beau pour la pensée progressive dans la mesure où le sens humain de ces choses est de moins en moins écrasé sous le fardeau de la matérialité. La pensée ascendante élèvera ses regards vers les collines, et verra en elles le symbole de la force et de la sérénité de la conscience spiritualisée. La croissance, les contours, la couleur, et le parfum des arbres et des fleurs seront reconnus et appréciés en tant que symboles de la beauté de la sainteté; et la musique marquera ses mesures par des cadences plus divines dans le silence d’harmonies spirituelles bien au delà de tout son matériel. On trouvera que les relations entre amis et les associations susceptibles de sentir l’attraction spirituelle sont plus douces et plus satisfaisantes que ne l’étaient les relations qui naquirent plus matériellement. On verra que toutes les activités qui sont bonnes, sont des reflets de la beauté, ou unité en variété, de la loi et de l’ordre spirituels. Petit à petit, et journellement, les accessoires matériels des concepts humains imparfaits seront de moins en moins considérés en tant que matière solide; car le sens subjectif purifié verra, comme les vit St. Jean, la lumière et la gloire du ciel nouveau et de la terre nouvelle. La terre paraîtra plus belle lorsqu’on la verra en tant que reflet de l’Entendement, non en tant que matière.
La spiritualisation de la pensée, grâce à laquelle on voit que les concepts humains ne sont que phénomène, non substance matérielle, est aujourd’hui la plus grande influence dans le monde. Elle s’accompagne forcément de la découverte et de la destruction du mal en tant qu’entendement. Elle montre que les manifestations matérielles de la pensée mauvaise, opérant sous forme d’engins de guerre, sont aussi irréelles que l’est le mauvais entendement qui les a projetées. Elle montre que la guerre sera finalement vaincue, non par des contre-manœuvres, qui ne sont que des expédients temporaires, mais par le pouvoir de l’intelligence spirituelle, qui déjà remplit la terre grâce à sa perception de la beauté et de la vérité de la sainteté, prouvant l’irréalité des anormalités matérielles de la pensée et de sa vilaine caricature du pouvoir et de l’action.
Lorsque notre Seigneur ressuscité parut au milieu de ses disciples, ce fut leur propre croyance à un entendement matériel et à sa manifestation qui les terrifia. Ils croyaient voir un esprit revêtu de chair. Jésus leur dit: “Un esprit n’a ni chair ni os, ce que j’ai, comme vous le voyez.” C’était leur propre pensée le concernant qu’ils voyaient comme ayant chair et os. Étant donné que leur pensée n’était pas encore assez spirituelle pour percevoir l’idée spirituelle ou le Christ, le Seigneur compatissant leur présenta ce qu’ils pouvaient comprendre afin de leur faire comprendre sa preuve de l’invincible Vie exempte de mort. Lorsqu’ils furent absolument convaincus de ce qu’il leur avait enseigné,—savoir, la réalité de l’Esprit et l’irréalité de la matière, ils le perdirent de vue en tant que matière et reçurent la Vérité en intelligence spirituelle. Ils ne pouvaient plus soupirer après la présence physique de Jésus alors qu’ils avaient goûté la présence immortelle du Christ. Ils le virent alors tel qu’il est en réalité et l’aimèrent mieux lorsque le Christ devint pour eux l’idée suprasensible de l’Amour.
La Science Chrétienne révèle l’absolue vérité de l’être. Cette révélation détruira finalement à la fois l’entendement mortel et ses phénomènes. Pourtant, on ne surmonte pas la matière en s’attristant parce qu’on ne jouit plus de la matière du même point de vue qu’on en jouissait avant que les vérités de la Science Chrétienne nous soient venues. L’être existe actuellement au point même de la bonté parfaite et de l’action harmonieuse. Le problème de l’être devra être résolu et élevé jusqu’à ce point. Cela ne se fera que grâce à un processus de discernement spirituel progressif et sélectif qui séparera le réel d’avec l’irréel dans la conception individuelle de toutes choses. Mrs. Eddy dit à la page 86 de “Miscellaneous Writings”: “Les sensations agréables de la croyance humaine, de la forme et de la couleur, devront se spiritualiser jusqu’à ce que nous acquérions le sens glorifié de la substance ainsi qu’elle est exprimée dans le nouveau ciel et la nouvelle terre, l’harmonie de corps et Entendement.”
A mesure que notre pensée se base loyalement sur le fait fondamental que toute substance, bonté, forme, couleur, expression, action,—en un mot “la beauté de la sainteté” (voir Bible anglaise),—existent en tant qu’idées spirituelles sans accessoires matériels, nous ressentons une gratitude plus éclairée toutes les fois qu’il y a progrès dans les idéaux humains, bien que, à présent, nous les voyions accompagnés de formes matérielles d’expression, car nous trouvons dans cette amélioration l’indice que les états humains et subjectifs et leurs phénomènes cèdent la place au divin, et que ce sens glorifié de l’être, tendant la main à l’humanité, l’attire irrésistiblement en l’élevant hors de la matière, avec ses promesses et ses faillites éphémères, pour lui faire gagner la réalité de la vision.