Il en est beaucoup qui semblent poursuivre leur vie sans guère avoir la moindre reconnaissance dans leurs cœurs. Regardez leur visage; vous y verrez à peine une lueur de joie,— sœur jumelle de la reconnaissance. Ils ont peut-être cru que leur sort a été jeté dans des lieux agités, qu'ils ont souffert de plus de la moyenne des maladies, qu'ils n'ont pas eu leur part des biens de ce monde, qu'ils ont eu peu d'amis et beaucoup d'ennemis, et, croyant ceci, ils ont senti qu'il n'y avait vraiment pas de quoi être reconnaissant, qu'il n'y avait pas lieu d'éprouver de la gratitude. Aussi ont-ils eu dans leur vie peu ou point de joie, peu ou point de bonheur.
Or, il est inutile de nier que, selon le sens mortel, on peut dire de la vie de bien des gens qu'elle ne leur est guère échue dans des “lieux agréables,” qu'ils ont supporté bien des souffrances, que leur destin leur a valu bien des chagrins, et que, par conséquent, il y a eu peu de raison pour être reconnaissant. Combien notre affectueuse sympathie s'en va vers tous ceux de la terre qui sont chagrins et harassés! Nous n'avons jamais que de la compassion pour eux. Cependant, même lorsque nous pensons à eux, nos pensées s'élèvent vers la Vérité, et sont pleines de gratitude de ce que nous sachions une fois de plus que notre Père, qui est leur Père, est le Dieu d'amour, et de ce qu'eux aussi puissent savoir cela et être reconnaissants.
Dans sa pratique de la Science Chrétienne, l'étudiant est bientôt convaincu de la valeur de la gratitude. Il ne tarde pas à savoir combien il est nécessaire qu'il soit lui-même reconnaissant lorsqu'il travaille à guérir les malades,— reconnaissant de la révélation de la Science Chrétienne, reconnaissant de tout ce qu'elle a fait pour lui. Bien souvent il se rappelle les paroles de Christ Jésus, ces paroles que le Maître proféra lorsqu'il “tressaillit de joie par le Saint-Esprit” en raison de la Vérité révélée, ainsi que le rapporte saint Luc: “Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux petits enfants!”
Et l'étudiant sait aussi combien il est nécessaire que celui qui est désireux de guérir soit également reconnaissant. Étant souffrant, ainsi qu'il le croit, la gratitude est souvent bien loin de sa pensée. Il devra donc acquérir une compréhension de la vérité par la Science Chrétienne, les idées de Dieu remplaceront nécessairement les illusions du sens matériel; alors la gratitude fera disparaître les ténèbres,— l'absence de joie,— qui sont en lui, sa santé se rétablira, et ses forces reviendront. La gratitude au cœur est pareille à la rosée sur l'herbe tendre; elle est ce qu'est, pour la fleur, le soleil après la pluie.
Il est possible d'être reconnaissant, même avant que la guérison ne se soit effectuée; en vérité, rien n'est plus général ni plus nécessaire dans la pratique de la Science Chrétienne. Comment la gratitude vient-elle? Elle vient spontanément à mesure que l'on comprend la vérité concernant la bonté et l'amour de Dieu. La Science Chrétienne révèle la vérité selon laquelle Dieu est le bien infini, l'Amour infini, elle révèle que l'homme est Son image et Sa ressemblance, parfaitement bien soigné à tout instant. Elle montre aussi que puisque Dieu est le bien infini, le soi-disant mal est irréel sous toutes ses formes. Quelle grande révélation! Elle montre que le bien seul est réel, qu'aucune espèce d'inharmonie n'a de réalité, soit maladie, péché, manque, malheur, chagrin ou souffrance! L'homme, l'homme réel de la création de Dieu,— de la connaissance de Dieu,— reçoit dès maintenant, dans la plus grande mesure, l'amour et la bonté illimités de Dieu.
Quiconque saisit, ne serait-ce qu'une lueur de la vérité que nous venons d'énoncer, pourrait-il manquer de sentir que la chaleur de la gratitude bienfaisante jaillit dans son cœur? Voici ce qu'on peut dire: Quiconque n'éprouve pas un sentiment de reconnaissance, de gratitude, après avoir entendu parler des grandes vérités de l'Étre éternel que révèle la Science Chrétienne, n'a, sans nul doute, pas compris ces vérités. Mais cela ne veut pas dire qu'il ne les comprendra pas un jour. Parfois, le praticien et le patient ont à faire bien des prières ferventes avant que le mur dense qu'est la croyance erronée soit abattu et que la vérité arrive à la conscience inquiète. Cependant, toutes les fois que cela se fera, il y aura la gratitude et la guérison.
Néanmoins, quelles que soient les années qu'il ait consacrées à l'étude de la Science Chrétienne, l'étudiant ne saurait jamais se permettre de négliger la gratitude. Il devrait sans cesse se poser la question que fait Mrs. Eddy à la page 3 de Science et Santé avec la Clef des Écritures: “Sommesnous réellement reconnaissants pour le bien déjà reçu?” Et jamais il ne devrait oublier les paroles qui suivent immédiatement: “Alors nous mettrons à profit les bienfaits que nous avons, et ainsi nous serons qualifiés pour en recevoir davantage.”
Soyons donc reconnaissants, profondément reconnaissants, de la bonté infinie de Dieu que la Science Chrétienne a révélée. Soyons reconnaissants, profondément reconnaissants, de la bonté déjà démontrée dans une mesure plus ou moins grande dans notre vie. Car nous nous mettrons ainsi mieux en état de recevoir en plus grande abondance la bonté de Dieu, qui se traduira par une meilleure santé et une vie plus pure et plus affectueuse.
