À la page 84 de Retrospection and Introspection, Mrs. Eddy écrit: “Celui qui a du discernement et qui éclaire le plus rapidement d'autres entendements, tient toujours sa lampe prête et la laisse brûler.” Plus d'un jeune étudiant de la Science Chrétienne, plein de reconnaissance d'avoir reçu la guérison, ou heureux d'avoir la nouvelle conception plus élevée de Dieu, enseignée par la Science Chrétienne, entreprend avec un zèle non tempéré par la sagesse à amener d'autres à une connaissance de la vérité qui lui apporte la santé et le bonheur; et il est souvent fortement blessé, et non moins étonné, de l'indifférence, du peu de tolérance ou de l'amer dédain, selon le cas, avec lesquels ses efforts bien intentionnés sont accueillis. Déçu et découragé, il oubliera peut-être le chemin qu'il a parcouru lui-même ainsi que la patience et la sagesse infaillibles du Père, qui l'a protégé et l'a conduit là où il en est arrivé. Il passera, peut-être, par bien des luttes avant de voir qu'il a besoin de démontrer un plus haut degré de compréhension du dessein de l'Amour divin et de l'omnipotence et de l'universalité du bien.
La croyance du mal tente toujours de se revêtir du manteau du bien, et de frustrer ainsi de leur travail ceux qui s'appliquent sérieusement à suivre le Christ. Elle peut venir sous forme de suggestion subtile disant que la croissance de la Science Chrétienne dans un certain endroit est très lente ou stationnaire, et que, à moins que les Scientistes Chrétiens ne courent çà et là, prêchant et enseignant, en temps et hors de temps, le travail y prendra bientôt fin! Cette suggestion est fréquemment confondue avec l'insistance de la Vérité, et, menés par elle, nous peinons inutilement et souvent vainement, ainsi que nous le montre une connaissance accrue de la loi éternelle et infaillible de Dieu.
Pour une cause générale, plutôt que pour aucune autre, l'humanité a recours à la Science Chrétienne dans l'espoir d'en recevoir la guérison de la maladie. Les possibilités de la Science Chrétienne ne se bornent pas, cependant, à cette branche de ses activités, non plus qu'on ne peut dire d'un seul rayon de soleil qu'il constitue l'éclat du soleil. En tant qu'interprétation de la vérité donnée à notre époque concernant Dieu et l'homme, interprétation qui a établi les œuvres de Christ Jésus, la Science Chrétienne a des rapports avec toute phase de la vie et tout genre d'activité; et aucune démonstration de la guérison physique n'a atteint son but le plus élevé si elle n'a pas, dans une mesure, révélé à celui qui a été guéri de la sorte, la vérité de l'être sur laquelle est basé le travail, et si elle n'a pas réveillé en lui le désir d'avoir une connaissance plus grande et plus élevée de cette vérité. Nous avons cette promesse: “Ils me connaîtront tous, les petits comme les grands;” et il nous faut prendre garde de ne permettre ni à l'impatience ni au zèle non tempéré de nous faire oublier cette promesse et de nous pousser à tenter de prendre la direction au lieu de suivre Dieu, le Principe divin, dans le déroulement inévitable de la puissance qu'Il a sur tous les hommes.
Il faut toujours nous rappeler que, afin de nous rendre le plus utile possible en guérissant et en montrant le chemin à autrui, nous devons surveiller notre propre pensée avec soin et continuité, pour veiller à ce qu'elle soit toujours dégagée de l'erreur. L'auteur de ces lignes habitait une fois une île donnant sur une merveilleuse chaîne de montagnes. Elle n'avait qu'à lever les yeux pour voir étalé à tout moment devant elle un magnifique paysage de montagnes d'une étendue de bien des kilomètres, avec des effets de lumière et d'ombres sans cesse variés, tandis qu'en bas, au tout premier plan, les eaux et les détroits s'étendaient à droite et à gauche jusqu'à la mer. Un soir, elle s'était plongée dans cette magnifique scène, puis baignée dans la lumière de la pleine lune, où il faisait presque aussi clair qu'en plein jour: c'était une vue inoubliable. Le lendemain matin, la scène se représenta mentalement, et, s'étant levée et ayant écarté les rideaux de la fenêtre, elle fut momentanément effarée de ne rien voir du tout. Il y avait un épais brouillard, et l'on ne pouvait rien voir au delà d'un rayon de quelques mètres; la mer et les montagnes avaient complètement disparu, comme s'ils n'avaient jamais existé. Mais pendant que l'observatrice attendait, les premiers rayons du soleil commencèrent à luire à travers le brouillard, très indistinctement et faiblement tout d'abord, si faiblement, en vérité, qu'il semblait peu probable que le brouillard leur cédât la place; mais à mesure qu'ils augmentèrent avec une plus grande mesure de pouvoir solaire, petit à petit, constamment et inévitablement, le brouillard glacial et morne disparut complètement à la chaleur ardente du soleil, et la magnifique vue se révélait de nouveau avec un brillant ciel bleu au-dessus. Un étranger qui, ce matin-là, eût regardé par la fenêtre pour la première fois, alors que l'épais brouillard dominait, eût trouvé difficile, sinon impossible, de se représenter ce que cachait cette vapeur; tandis que celui qui était habitué à cette scène, eût vainement lutté contre le brouillard à l'effet de le dissiper pour faire voir le paysage à l'étranger. Il suffisait d'attendre tranquillement un instant avec la certitude de l'instabilité du brouillard et du pouvoir du soleil.
Dans nos rapports avec nos semblables, l'assurance calme de la présence et du pouvoir de la Vérité en présence de l'erreur apparente, guérirait souvent là où l'argument ne ferait qu'irriter et, peut-être, contrarier pendant quelque temps. Notre Maître dit: “Moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi.” A titre de Scientistes Chrétiens nous avons le devoir et la joie de suivre ses traces, voire même à élever le Christ, grâce auquel le faux sens du moi est englouti dans le développement et la réalisation du vrai et de l'immortel. Selon les paroles de notre Leader, à la page 93 de Retrospection and Introspection: “Le meilleur genre spirituel de méthode chrétienne, capable d'élever la pensée humaine et de communiquer la Vérité divine, c'est le pouvoir stable, le calme et la force; et lorsque nous avons acquis cet idéal spirituel, il devient le modèle de l'action humaine.”