Celui qui vaincra héritera toutes choses.” Telle est l'assurance réconfortante que saint Jean, le disciple bien-aimé, donna aux hommes dans sa Révélation de Jésus-Christ. On pense si souvent que les hommes ne peuvent jouir de leur héritage du bien avant d'avoir passé de leurs expériences terrestres actuelles à un ciel très éloigné, où Dieu règne, et que pendant qu'ils demeurent ici ils ne doivent pas s'attendre à être délivrés du péché, de la peine et de la maladie, qui semblent tant faire partie de l'existence matérielle. Cependant, cette merveilleuse vision qui vint à saint Jean lui fut révélée alors qu'il était encore sur terre, prisonnier dans l'île de Patmos; et nous voyons que cette expérience lui donna l'occasion de réfléchir à toutes les paroles de son Maître bien-aimé, et de gagner ainsi l'inspiration qui amena la révélation de la vérité spirituelle qu'avait enseignée Jésus.
Bien qu'il fût prisonnier dans une île solitaire, saint Jean était néanmoins libre de réaliser son véritable héritage. Cette même liberté nous appartient aujourd'hui, même lorsque nous sommes apparemment dans l'esclavage des croyances charnelles ou mortelles. Comme nous sommes enfants de Dieu, nous sommes sûrs de notre héritage. Il ne constitue pas uniquement une expérience à venir; car c'est saint Jean qui dit encore: “Nous sommes dès à présent enfants de Dieu.” La Bible est riche en promesses, savoir, que Dieu est “un secours” lorsque nous nous tournons vers Lui; car Il est notre Père. Notre bien-aimée Leader, Mrs. Eddy, nous a aussi assurés dans la Science Chrétienne que nous pouvons tous connaître Dieu, depuis le plus petit jusqu'au plus grand, et Le connaître en tant que Dieu d'amour.
Un investigateur se plaignit un jour à une étudiante de la Science Chrétienne de ce que les Scientistes Chrétiens, bien qu'ils nient la réalité et affirment le néant du mal, semblent souvent passer par les mêmes ennuis et les mêmes difficultés que d'autres gens. La Scientiste Chrétienne montra que même Christ Jésus fut tenté comme d'autres, qu'il but lui-même sa coupe des peines terrestres; et pourtant rien ne l'empêcha de prouver la totalité de Dieu et de gagner la vie éternelle par sa victoire triomphante sur le péché et la mort. Le Scientiste Chrétien sait que lui aussi doit boire à la coupe; mais il peut néanmoins se réjouir, sachant que chaque fois qu'il y boit il a une nouvelle opportunité de prouver que Dieu est en vérité Tout-en-tout, et Le glorifier de la sorte. Mrs. Eddy nous dit, à la page 598 du Glossaire de Science et Santé avec la Clef des Écritures, que la signification spirituelle du mot “vin” est inspiration; compréhension.” Lorsqu'un étudiant de la Science Chrétienne boit à la coupe, il trouve que l'erreur n'y est pas, mais que la coupe est pleine du vin d'inspiration et de compréhension; et lorsqu'il participe à cette exaltation spirituelle, il gagne la guérison-Christ, car la vérité est révélée, et ses maux n'existent plus. Telle est la victoire qui donne à l'homme son véritable héritage.
Il est dit dans l'Évangile selon saint Luc, qu'avant la trahison, lorsque Jésus alla à la montagne des Oliviers pour prier: “Un ange lui apparut du ciel, qui le fortifiait,” et puis, “étant en agonie, il priait plus instamment.” Combien ceci nous encourage à aller de l'avant lorsque nous nous trouvons en face de ce qui semble être pour nous l'heure la plus sombre; car la souffrance la plus grande qu'endurât Jésus fut suivie de sa plus grande victoire! Il y a une grande tentation, celle de se laisser décourager lorsque, après avoir eu une merveilleuse inspiration et une force spirituelle, des problèmes difficiles paraissent quelquefois s'élever, et que notre fardeau semble être trop lourd. Mais assurément, c'est alors le moment de prier sérieusement. Ce sont là nos moments de développement et l'occasion qui nous est donnée de boire une plus grande mesure du vrai vin; car nous voyons comment les prières de notre Maître furent exaucées et comment sa fidélité fut récompensée par sa résurrection et son ascension au-dessus de toutes les croyances terrestres.
Jésus, le grand interprète de la Vérité, dit: “Celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais; il en fera même de plus grandes, parce que je vais auprès du Père.” Il savait qu'il était un avec le Père; sa conscience demeurait en toute confiance et en toute sécurité dans la totalité de la puissance de Dieu; il n'admettait que la loi de l'Esprit et ne permettait à aucune prétention de la loi matérielle de l'intimider ou d'obstruer sa grande œuvre de guérison. Le “moi” va vers le Père lorsque la conscience est remplie de la compréhension que l'homme est l'idée spirituelle parfaite; et alors les œuvres suivent et libèrent l'humanité de la crainte du péché, de la maladie et de la mort.
Il convient que nous remportions cette victoire dès à présent; car les plus grandes œuvres ne sont pas encore faites. Ceci ne veut pas dire que nous devions tenter de faire ces grandes œuvres avant que notre compréhension soit arrivée à leur hauteur; et, en vérité, les problèmes moindres de la vie sont d'une grande importance, et si on les négligeait ils obstrueraient et obscurciraient une révélation plus grande, puisque ce sont “ces petits renards qui ravagent nos vignes.” Travailler sincèrement à vaincre les petits ennuis et les petites difficultés de chaque jour, c'est se préparer sérieusement à recevoir les plus grandes connaissances du lendemain; et le secret de la vraie construction, c'est de se contenter de faire chaque pas à mesure qu'il se présente, et être tout à fait certain que le pas suivant est entre les mains de notre Père céleste. Il est inutile de nous détourner de notre entourage actuel pour accomplir notre travail, car il est avec nous partout où nous sommes; et tout ce qu'il nous reste à faire, c'est d'agir dans la vie présente avec la joyeuse certitude que l'Amour divin nous montre le chemin.
L'ennemi de la guérison effectuée par la Science Chrétienne est le sens personnel. Dès qu'on le laisse entrer, la limitation et la crainte sont introduites et la porte est fermée au Christ, à “la manifestation divine de Dieu, qui vient à la chair pour détruire l'erreur incarnée” (Science et Santé, p.583). Souvent, lorsqu'un étudiant de la Science Chrétienne est découragé parce qu'il a manqué de résoudre son propre problème, ne pourrait-il pas avec avantage s'assurer s'il obéit au commandement que donna Jésus: “Tu aimeras ton prochain comme toi-même”? S'il critique les soi-disant défauts de son voisin et qu'il en éprouve du ressentiment, et s'il se plaint de l'erreur qui semble être pour lui une telle réalité en son voisin, comment peut-il s'attendre à voir le néant de ses propres difficultés? Donner du pouvoir au mensonge qui se présente sous un déguisement différent dans l'expérience de son voisin, c'est nécessairement empêcher la réalisation du pouvoir et de l'amour de Dieu, qui se reflètent dans toute Sa création.
Nous devons remporter la victoire non seulement pour nous-mêmes, mais pour l'humanité entière; et le seul moyen d'accomplir cela, c'est d'avoir en nous le même Entendement, les mêmes sentiments, “que Jésus-Christ a eus.” Mrs. Eddy nous parle de cet Entendement lorsqu'elle dit aux pages 476 et 477 de Science et Santé: “Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels. Dans cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l'homme guérissait les malades. Ainsi Jésus enseignait que le royaume de Dieu est intact, universel, et que l'homme est pur et saint.” Tous les hommes peuvent tâcher de suivre ce grand exemple; et chacun trouvera son héritage du bien, dans la mesure où il fera sa part.
Dans son Apocalypse, saint Jean parle de la récompense du fidèle en ces termes: “Celui qui vaincra, je ferai de lui une colonne dans le temple de mon Dieu et il n'en sortira plus. J'écrirai sur lui le nom de mon Dieu et le nom de la cité de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem, qui descend du ciel, d'auprès de mon Dieu, ainsi que mon nouveau nom.”
